La pratique des cultes étrangers en Algérie, pour les non-musulmans notamment, est désormais strictement réglementée. Chrétiens et juifs, notamment, vont devoir observer un certain nombre de règles édictées par les autorités pour l'exercice « légal » de leurs fois. Le Conseil des ministres a, en effet, examiné et adopté un projet d'ordonnance fixant les règles d'exercice des cultes autre que musulman. L'exposé des motifs souligne le souci du gouvernement algérien de combler « un vide juridique quant au cadre d'exercice des activités ou manifestations religieuses autres que musulmanes ». Comprendre que, jusque-là, l'activité religieuse sous toutes ses formes n'était soumise à aucun dispositif légal. Cela a donc ouvert la voie à des pratiques illégales, comme le prosélytisme. Ce texte réglementaire adopté par le Conseil des ministres vient ainsi mettre le holà dans un secteur qui, pour être extrêmement sensible, déchaîne les passions et entretient les doutes sur les actions des représentants des cultes non musulmans. Bien que le gouvernement ait adossé son ordonnance sur un substrat juridique lié aux « dispositions constitutionnelles du pays et conventions internationales ratifiées par l'Algérie », il est difficile de ne pas y voir un rapport de causalité entre cette loi et ce qui est convenu d'appeler les « campagnes d'évangélisation » auxquelles se livreraient des missionnaires chrétiens en Algérie. Cette polémique s'est déclenchée l'année dernière quand un journal avait rapporté que des personnes sous couvert d'activités caritatives et humanitaires se livraient en Kabylie à du prosélytisme. Des chiffres effarants de convertis avaient même été annoncés pour convaincre qu'il y avait véritablement péril en la demeure islamique en Algérie. C'est ainsi que le ministre des Affaires religieuses a décidé de donner un coup de pied dans la « fourmilière religieuse » pour séparer la vérité de ses faux-semblants. Cette ordonnance clarifie ainsi les conditions d'exercice du christianisme et du judaïsme notamment pour éviter d'éventuels dérapages. Le législateur précise que ce dispositif prend en ligne de compte le fait qu'en Algérie « l'Islam est religion de l'Etat ». A cet effet, le texte gouvernemental énonce que la pratique des cultes autre que musulman s'exerce dans le « cadre d'associations à caractère religieux constituées conformément aux lois et aux règlements régissant ce domaine ». En revanche, l'Etat assure ces associations religieuses dûment agréées de sa « protection et de son soutien », souligne l'ordonnance adoptée par le Conseil des ministres. L'objectif déclaré étant de « mettre un terme aux activités anarchiques d'associations et de personnes dans ce domaine ainsi qu'aux entreprises de prosélytisme menées à l'endroit de musulmans en Algérie ». Et pour dissiper tout malentendu avec les représentants des communautés religieuses en Algérie, le président de la République a estimé que ce texte vise, en fait, à « perpétuer cette tradition de convivialité et de respect mutuels entre les fidèles des religions du Livre, mais aussi sa détermination à protéger l'Islam, religion de l'Etat, de pratiques étrangères aux traditions de l'Eglise chrétienne en Algérie ». Il ne manquera pas également de souligner que le peuple algérien est « fidèle à ses traditions et attaché au dialogue fécond entre les religions et les civilisations ». Ceci ne l'empêchera pas, cependant, de « mettre un terme à des pratiques anarchiques et parfois même mercantilistes, qui agressent ses citoyens musulmans dans leur foi ».