Le refus de présenter des excuses aux musulmans n'est pas justifié. Le Haut conseil islamique (HCI) a organisé hier une conférence sur l'affaire des caricatures danoises. Son président, Cheikh Ouamrane, a indiqué que son institution a pris en charge le suivi de cette affaire depuis le mois de janvier dernier. Il a pris des initiatives à la mesure des prérogatives que lui confère la Constitution ; c'est-à-dire à la hauteur de son rôle exclusivement consultatif. Son président a rencontré l'ambassadeur du Danemark à Alger, en compagnie de son collègue italien. Ouamrane trouve que l'ambassadeur italien a été plus diplomate que l'autre qui prétend que le journal qui a publié les caricatures «est un petit journal» et qu'il «a présenté ses excuses», etc. «Or, il se trouve que ses déclarations étaient fausses. Je lui ai posé la question : pourquoi son gouvernement ne présente pas d'excuses aux musulmans. Il m'a répondu que la liberté d'expression est sacrée au Danemark. Je lui ai répliqué : nous n'avons que les livres divins qui sont sacrés». «L'ambassadeur du Danemark a ensuite déclaré que les musulmans danois, environ 200.000, étaient derrière cette polémique. Il a dit qu'il ont fait bouger le monde musulman et qu'ils jouissent de leurs droits au Danemark. Nous nous sommes rendus compte par la suite que cette déclaration était également fausse. La polémique a pris quand d'autres journaux ont republié les caricatures. Nous nous sommes rendu compte que les musulmans du Danemark n'ont pas les droits auxquels il fait allusion. Ils ne peuvent même pas se marier; ils doivent se déplacer dans les pays voisins pour conclure des contrats de mariage». L'ambassadeur du Danemark à Alger a fait état du terrorisme. Ouamrane lui a rappelé que lors de la présentation de La dernière tentation du Christ, «ce ne sont pas les musulmans qui ont occupé la salle de cinéma pour interdire la présentation du film à Paris. Puisque vous dites que le monde musulman est violent, je vous rappelle que c'est l'Occident qui a envahi l'Irak et la Palestine». Le président du HCI lui a en outre rappelé que « lors de l'Inquisition, les Juifs et les musulmans se sont repliés vers des pays musulmans, là où il y a la tolérance, ils n'étaient pas allés vers le Nord». Comme il lui a rappelé la position de l'Emir Abdelkader dans l'affaire des chrétiens et des musulmans à Damas. Par ailleurs, un membre du Congress est venu s'entretenir avec Ouamrane et lui posé la question suivante: «Pourquoi les musulmans haïssent l'Amérique?» L'orateur l'a invité à chercher les réponses dans la politique américaine. «Les musulmans sont plus tolérants. L'histoire le confirme.» L'ambassadeur italien a été plus serein puisqu'il a justifié les propos d'un ministre de l'extrême droite par son appartenance politique et qui a dû présenter sa démission par la suite. Le cas du Danemark reste latent. Tant que son gouvernement n'aura pas présenté des excuses officielles comme il l'aurait fait avec et envers d'autres, le monde musulman ne changera pas son avis sur le Danemark.