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«On ne laissera pas le tourisme s'effondrer»
Hacène Mermouri, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 30 - 04 - 2020

C'est ce que nous explique le ministre Hacène Mermouri dans cet entretien. Une manière pour lui d'exprimer d'abord son soutien moral aux professionnels de son secteur, de les rassurer et de dissiper la peur qui les ronge depuis le début de ce sombre feuilleton. Il s'agit également pour le ministre de lever d'éventuels malentendus qui risquent d'enrayer la machine touristique désormais placée au coeur de la stratégie du gouvernement, comme facteur de création de richesses et vecteur de soutien à la croissance économique hors hydrocarbures.
L'Expression: Comme tous les autres secteurs, le tourisme subit les conséquences de la crise sanitaire de la pandémie du coronavirus. Avez-vous établi un premier bilan de cet impact?
Hacène Mermouri: Effectivement, le tourisme national et à l'instar du tourisme dans le monde, est impacté par la crise sanitaire actuelle. La baisse de l'activité touristique, s'explique par le reflux de la mobilité et des déplacements des personnes, conséquemment à cette période difficile et inédite que traverse l'humanité. Aussi, faudra-t-il le rappeler, la préservation de la santé de nos concitoyens est aujourd'hui, la priorité des priorités. Les opérateurs et professionnels du tourisme sont très conscients de cette situation et partant de là, ils adhèrent et s'associent totalement, à l'élan de solidarité nationale pour combattre ce fléau. Quant à la problématique de l'impact sur le secteur du tourisme, nous suivons de très près en concertation avec les corporations représentatives des opérateurs touristiques et hôteliers, l'évolution de la situation.
Le premier bilan dressé ce jour, fait ressortir globalement, une baisse du chiffre d'affaires, la mise au chômage technique d'une partie des personnels, et une dégradation de la trésorerie de la plupart des opérateurs.
Quelles mesures sont envisagées pour soutenir les établissements hôteliers publics et privés touchés par cette crise?
Il y a lieu d'abord de souligner, le soutien moral indéfectible de la part des pouvoirs publics à l'égard des opérateurs, afin qu'ils ne se sentent pas abandonnés d'une part et d'autre part pour qu'ils ne baissent pas les bras tout en se projetant dans une perspective de relance de l'activité, rapide et porteuse d'espoir. En ce qui concerne les mesures envisagées pour soutenir les établissements hôteliers, il nous paraît nécessaire de signaler que, sur la base des recommandations de l'Organisation mondiale du tourisme et en concertation étroite avec les professionnels du tourisme, nous avons soumis au gouvernement, une série de dispositifs pratiques à même d'aider les hôteliers à redresser la situation et préparer convenablement la reprise de l'activité. Les mesures de soutien proposées sont d'ordre fiscal, comme à titre indicatif, le report des échéances de remboursement des crédits déjà contractés et la revue à la baisse des taux d'intérêt pour les nouveaux crédits ou également le report et ou l'exonération de certaines taxes et impositions.
Les agences de voyages et les artisans sont également affectés par cette pandémie. Y a-t-il un programme spécifique pour les soutenir dans cette épreuve?
Effectivement, les organisateurs de voyages sont, à l'issue de la cascade d'annulations des réservations, frappés de plein fouet par les effets de cette crise.
Dalleurs, je profite de cette occasion pour les remercier, du niveau de responsabilité dont ils ont fait preuve à l'égard de leurs clientèles, puisqu'ils ont proposé à ces dernières, malgré les pertes occasionnées, soit de leur rembourser les billets d'avion, soit de différer leur utilisation sans aucun frais supplémentaire.
L'accompagnement des agences de voyages s'inscrit au même titre que les hôteliers, c'est-à-dire, à travers des mesures fiscales et financières adaptées à la spécificité de l'activité. Quant aux artisans, qu'il faut à leur tour, saluer et féliciter au passage pour leur implication totale dans l'élan de solidarité nationale pour lutter contre ce fléau, il reste bien entendu qu'ils ne seront en aucune manière, exclus des mesures de soutien préconisées pour la relance de l'activité.
Qu'en est-il de la saison estivale? Est-ce que malgré la pandémie actuelle, des programmes sont en cours de préparation pour la prochaine saison estivale?
Le gouvernement déploie actuellement tous les efforts nécessaires à l'endiguement de la pandémie dans les meilleurs délais possibles, afin de permettre à nos concitoyens, qui ont consenti beaucoup de sacrifices, de souffler d'une part et d'autre part de se projeter dans une perspective de relance économique et sociale durable. Le tourisme secteur économique par excellence, se prépare d'ores et déjà à l'après-pandémie aussi bien en ce qui concerne la relance de la saison estivale, que de la préparation de la saison touristique hiver-printemps. Notre département ministériel est en contact permanent avec les opérateurs et les professionnels, pour préparer solidairement, sereinement et activement sur des bases solides, la relance de l'activité.
Dans son programme d'action, le gouvernement place le secteur du tourisme au coeur de sa stratégie. Il va jusqu'à en faire une alternative au tout- pétrole. Or, le budget alloué à ce secteur reste l'un des moins conséquents?
Vous avez raison de souligner la place prépondérante qu'occupe désormais le tourisme dans la stratégie du gouvernement, comme facteur de création de richesses et vecteur de soutien à la croissance économique hors hydrocarbures. Quant à la modestie des ressources financières allouées au secteur, permettez-moi de préciser que le processus de développement touristique dépend beaucoup plus de l'importance et de l'ampleur des mesures de soutien, de facilitations et d'accompagnement consentis par les pouvoirs publics, que des ressources financières allouées. Les investisseurs et porteurs de projets, les opérateurs et les professionnels, sont beaucoup plus demandeurs de mesures de soutien et d'accompagnement fortes, qu'autre chose.
Le gouvernement a bien entendu ce message et s'attelle à y répondre. D'ailleurs, la première réponse apportée à cette revendication, consiste en la relance des activités de Conseil national du tourisme (CNT), qui aura pour principale tâche de prendre des mesures concrètes, pour assurer la mise en tourisme de l'Algérie,à travers l'émergence d'une industrie touristique nationale performante, portée par les professionnels eux-mêmes.
Des voix s'élèvent contre la promulgation en 2017 du décret régissant l'activité des agences de voyages. Les professionnels de la filière voyages considèrent qu'il a largement favorisé la déprofessionnalisation du métier. De quoi s'agit-il exactement, quelle réponse donnez-vous à cette problématique?
Vous savez, il est d'usage de constater que la promulgation d'un texte qui encadre une quelconque activité, ne fait presque jamais l'unanimité dans la profession. Chaque partie veut que le texte serve ses propres intérêts au détriment de l'intérêt général. Le texte que vous mentionnez a trait aux critères d'éligibilité à la fonction de gérant de l'agence de voyages.
Certains étaient pour le durcissement des critères, d'autres pour leur assouplissement.
En tout état de cause, le programme du gouvernement pour le soutien à l'émergence d'une industrie touristique nationale préconise dans ce domaine précisément; la mise à plat de tout l'arsenal juridique et réglementaire régissant l'activité touristique et hôtelière, pour le faire adapter aux profondes mutations que connaît le tourisme international d'une part et d'autre part améliorer les perfor-
mances de notre tourisme, grâce notamment à la professionnalisation de toutes les valeurs de la chaîne touristique.
Cette action, qui est inscrite comme une priorité du programme d'action de notre département ministériel, se fera bien entendu en concertation avec les professionnels et les experts du secteur


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