Après les diverses péripéties qui ont caractérisé l'évolution de la crise libyenne, ces dernières semaines, la Ligue arabe a annoncé, hier, qu'elle tiendra une prochaine réunion ministérielle sur le conflit entre les forces rivales du pays membre de l'organisation. Le secrétaire général adjoint de l'institution panarabe, Hossam Zaki, a ainsi précisé que la rencontre «devrait avoir lieu la semaine prochaine», la date exacte faisant l'objet de discussions à l'heure actuelle. On sait que la convocation de cette réunion résulte d'une demande formulée par l'Egypte qui, avec les Emirats et l'Arabie saoudite, entre autres pays, soutient le maréchal Khalifa Haftar dont les forces ont multiplié les revers au cours des semaines précédentes, face aux forces loyales du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU, basé à Tripoli et soutenu, quant à lui, par la Turquie tant en matériels qu'en combattants venus du front syrien. Au lendemain de la perte de la ville stratégique de Tarhouna par Haftar qui en avait fait sa base logistique, le président égyptien Abdelfattah al Sissi avait lancé, en présence du maréchal Haftar et du président du Parlement basé à Tobrouk, Salah Aguila, une «initiative» proclamant unilatéralement un cessez-le-feu que Tripoli et le GNA ont aussitôt écarté, la Turquie n'hésitant pas à prévenir que Haftar ne fait plus partie du scénario quel qu'il soit. Un des points de cette trêve égyptienne concerne le «départ des mercenaires étrangers» et le démantèlement ainsi que le désarmement des milices. Une exigence que le GNA et la Turquie ont vite fait de balayer, reprochant aux troupes de Khalifa Haftar de receler un grand nombre de mercenaires et de chercher, à travers cette démarche, à gagner du temps après les nombreux revers concédés par Haftar et ses soutiens. La crise a également donné lieu à un échange aigre-doux entre la France et la Turquie, Paris se disant outrée par les manoeuvres «inacceptables» des forces armées d'Ankara qui ont effectué, la semaine dernière, une «démonstration de force» en Méditerranée orientale. Faisant suite à cette déclaration du président français Emmanuel Macron, l'Union européenne a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête par l'Otan sur l' «agressivité» de la Turquie qui s'est opposée déjà aux contrôles de navires soupçonnés de violer l'embargo sur les armes imposé par l'ONU en vue de résorber la crise libyenne. Le 10 juin dernier, il y a eu deux incidents lors d'une tentative de contrôle d'un navire turc «suspect», escorté par des bâtiments de guerre turcs qui se sont interposés. L'un des navires de contrôle était français et, devant son insistance en tant que bâtiment de l'Otan, il s'est vu menacé par les corvettes turques prêtes «à ouvrir le feu». La ministre française de la Défense a alors porté l'incident devant le Conseil ministériel de la Défense atlantiste dont la Turquie est membre. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a bien essayé de minimiser l'incident, arguant qu'il s'agit d'un «désaccord entre alliés», mais plusieurs ministres européens sont revenus à la charge pour exiger que soit «faite toute la lumière» sur ces péripéties. Les projecteurs sont donc braqués sur les allées et venues des navires turcs près des côtes libyennes tandis que la Manul s'efforce, vaille que vaille, de tenir le pari de la reprise des négociations 6+6 entre militaires des camps rivaux libyens, à Genève.