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Pourquoi se priver du privé?
EDUCATION ET ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Publié dans L'Expression le 11 - 03 - 2006


«La science est fille de l'étonnement» Platon
Dans une contribution parue dans un article du Quotidien d'Oran les 24 et 25 décembre 2005, j'avais, alors, pointé du doigt les problèmes de l'enseignement privé du Supérieur. Je reprends la réflexion pour témoigner sur les dernières rodomontades du ministère de l'Education nationale. L'impression générale est que nous sommes en pleine défaite de la pensée. Nous remplaçons le manque d'imagination par la force et la coercition. La façon déplorable dont la gestion du dossier des écoles privées a été faite, est une tache noire pour le système éducatif qui n'avait pas besoin de cela.
Il est regrettable que «les conseilleurs» du ministre qui ne sont pas les «payeurs» n'aient pas, -en tant qu'enseignants- évalué, avant tout, le traumatisme psychologique et la violence subis par les écoliers pour cette perturbation majeure dans leur cursus de formation. Sans vouloir faire le procès de cette affaire, il faut bien convenir que ce n'est pas avec des méthodes d'un autre âge que l'on peut ramener la sérénité dans le système éducatif.
Il faut bien le savoir, et les physiciens le savent, «la nature a horreur du vide». Pourquoi, peut-on s'interroger, les parents d'élèves s'adressent à des institutions privées? On peut répondre qu'ils veulent en avoir pour leur argent en se saignant aux quatre veines, on peut aussi dire qu'ils sont philanthropes ou qu'ils veulent aider le système éducatif en diminuant la surcharge des classes. En fait, rien de tout cela, les parents d'élèves veulent donner à leurs enfants, un enseignement de qualité qu'est loin de dispenser l'école républicaine, pour des raisons diverses. Ces parents veulent assurer une ceinture de sécurité à leurs enfants, pour la plupart ce sont des cadres moyens et pour beaucoup des enseignants. Ce ne sont sûrement pas des «baggaras» qui ont d'autres moyens d'assurer un avenir à leurs enfants, basé sur la «turbo réussite». Ce ne sont pas non plus les enfants de la classe dirigeante qui ont les moyens, ou les prennent pour assurer à leur progéniture un avenir.
De quoi s'agit-il en fait? des «chefs» d'établissements privés, certainement pas philanthropes, peut-être mus par la noblesse de l'acte d'éducation, profitant, ou ayant trouvé un vide juridique et de la tolérance du ministère ont cru, qu'ils pouvaient -pour certains, tout faire dans l'impunité la plus totale en ne se conformant pas à un cahier des charges dictant les conditions à remplir. On peut comprendre dans ces conditions l'ire du ministère de l'Education et sa volonté de mettre un coup d'arrêt à la débandade actuelle.
«Acte gratuit»
Cet acte de fermeture pour non-conformité, bien que nous n'ayons pas à le juger, est, de notre point de vue, si les faits reprochés étaient vérifiables, tout à fait recevable. Le problème qui est de taille est que sa gestion a été catastrophique.
Pourquoi avoir choisi le milieu de l'année scolaire, et de surcroît à la veille des compositions du deuxième trimestre, pour faire tomber le couperet sur les «contrevenants»? N'aurait-il pas été plus sage, dans un ministère de l'Education que l'on pense au traumatisme des parents, et surtout des enfants, et qui ne peuvent s'adapter d'un coup de baguette magique à un autre établissement, un autre lieu, d'autres maîtres, d'autres écoliers, une autre façon d'apprendre et d'appréhender le monde. Ces écoliers ne sont pas des martiens, «ce sont des enfants, Algériens tout de même! avec toute la fragilité et l'innocence de leur âge!» Le fait de leur donner leur feuille de route en leur demandant de se présenter à la caserne, pardon à l'école la plus proche, relève d'une vision des choses d'un autre âge. Il faut savoir que du point de vue psychologique, il faut un temps de latence et d'adaptation nécessaire à l'enfant pour qu'il trouve ou retrouve ses repères.
Pour le bien de notre bien le plus cher, qu'est l'éducation, il est indiqué d'en tirer les conséquences et voir comment on en est arrivé là après des mois, voire des années d'efforts sur le chemin du redressement. Cet «acte gratuit» remet en cause les acquis et on s'aperçoit en définitive que tout est «réversible» et qu'on peut rebasculer dans l'entropie.
Cela dit, on peut comprendre l'exaspération de la tutelle devant un certain nombre de chefs d'établissement - pas tous heureusement - qui se croient «intouchables». Cette admonestation est là pour leur rappeler la loi. «Dura lex seldex»: la loi est dure mais c'est la loi. Si les textes sont mal faits ou doivent évoluer, il faut prendre le temps de consulter tous les acteurs de la société dans le calme et la sérénité.
Ce ne sont pas les experts du FMI ou de la Banque mondiale qui militeront pour un système éducatif performant et généreux qui élève le niveau intellectuel de la nation. Dans la nouvelle division internationale, c'est une erreur tragique que les gouvernements qui se sont succédé pensent que l'université ne leur apporte rien, c'est une «maternelle pour adultes», qu'elle «fabrique des chômeurs de luxe» et que l'expertise n'est valable que si elle est étrangère.
La relative richesse, signe d'une manne céleste - qui ne va pas durer - n'est pas mise à profit pour former «l'homme nouveau tourné vers l'avenir qui n'abdique rien de son identité mais qui va à la conquête du monde du fait d'une formation solide qui n'est pas au rabais». Les enseignants de tout le système éducatif, au-delà du sort injuste qui leur est fait par les gouvernements successifs, se plaignent de voir leur université partir par pans entiers. Il est regrettable de le dire, nous ne formons pas, et pour cause, des diplômés qualifiés.
La loi sur l'enseignement supérieur de 1999 devrait expliciter l'apport bien compris des établissements qui sollicitent l'ouverture de la formation supérieure. Qu'on ne se le cache pas, si on n'y met pas bon ordre, ce sera la gabegie et la disparition, à terme, du service public de l'enseignement supérieur. La stratification sociale qui se fait d'une certaine façon sur la naissance sera encore plus accentuée puisque l'Etat se désengagera dans les faits de sa mission de service public, de son souci de cohésion sociale et prépare «l'avènement d'une société réellement à deux vitesses», où tout est permis pour ceux qui ont de l'argent, -même s'ils ne sont pas les meilleurs - l'éducation et la formation de qualité, la graduation, la post-graduation et naturellement un poste de travail ici ou «là-bas» comme promis par ces formations privées.
L'Etat se verra, alors, de plus en plus dépossédé de ses missions régaliennes, il ne lui restera que le monopole de la violence qu'il exercera pour -maintenir le nouvel ordre - Est-cela que nous voulons? A-t-on penser aux ravages induits par ces «écoles champignons » qui aspirent les deniers des contribuables. Ces derniers, soucieux, à juste titre, d'offrir les meilleures chances à leurs enfants et même n'acceptent pas pour certains le verdict sans appel de l'ordinateur dans la répartition froide des effectifs, se saignent aux quatre veines et confient leurs enfants à ces établissements (qui ne répondent souvent pas aux normes) et pour certains marchands de «rêves».
Ces établissements donnent l'impression de faire beaucoup mieux que l'université. Ils oublient de dire qu'à 20.000 DA/mois/ étudiant, on peut se permettre de débaucher des enseignants -nécessiteux - qui, naturellement ne travaillent pas dans la durée. Est-ce le but recherché par ces institutions que de participer à l'effort de l'Etat. Sans vouloir donner des leçons de nationalisme, et au-delà de la philanthropie, on peut s'interroger sur la finalité de ces établissements. Ne serait-il pas plus moral qu'ils participent au même titre que l'enseignement supérieur à un «grand dessein», celui d'élever le niveau scientifique et culturel de ce pays?
Naturellement, il n'est pas question de bloquer le train du progrès, comme se plaisent sous couvert de mondialisation inévitable à nous accuser de le faire les partisans de «l'Infitah». «Il faut raison garder». A-t-on besoin de l'enseignement supérieur? c'est oui, A-t-on besoin de permettre une école à deux vitesses, une université dite «du tout-venant», pendant que les 2 ou 3% frappent à la porte et demandent des autorisations, sans rien donner en échange d'autant «l'Etat donne l'impression de regarder ailleurs, pendant que son système éducatif s'effiloche». C'est assurément non! C'est à ce propos, le pensons-nous, où les départements prendraient des initiatives et ne subiraient pas la pression des événements pour aboutir à des solutions extrêmes d'autant plus regrettables qu'elles affaiblissent la tutelle puisqu'elles l'obligent à reculer pour des décisions mal mûries.
Il faut mettre de l'ordre
S'agissant de l'enseignement privé, dans l'éducation nationale il y a nécessité de mettre de l'ordre, c'est à l'Etat de fixer le programme en vigueur, naturellement la façon pédagogique de l'enseigner est de la compétence de l'école. A titre d'exemple, il faudra être très prudent sur l'habilitation des maîtres chargés d'enseigner, il s'agit, somme toute, d'enfants algériens et l'exigence en termes de rigueur doit être de mise. C'est au ministère de faire des appels d'offres en fonction de ses besoins prioritaires à couvrir. Naturellement la carte scolaire doit les intégrer et il y a des «minimas» à respecter pour ouvrir un établissement «au nom de la solidarité et de la cohésion sociale».
On peut envisager, par exemple, que l'Etat encourage l'ouverture d'établissements privés pour des couches sociales socialement défavorisées comme par exemple les enfants handicapés, et là nous verrons enfin à l'oeuvre l'importance d'un ministère de la cohésion sociale qui copiloterait le projet avec l'éducation.
Des opérations de ce type pourraient se faire avec des écoles qui s'occuperaient des élèves «en errance» pour les remettre dans le circuit de l'éducation. Dans ce cas-là c'est à l'Etat de financer ces actions. Naturellement, la philosophie d'ensemble devrait être limpide et les établissements privés devraient être partie prenante de la vision globale de l'éducation.
L'Algérie du XXIe siècle doit être fascinée par la science. La famille de l'éducation c'est 8 millions d'élèves, le quart de la population, c'est aussi 50.000 enseignants et administratifs. La famille universitaire c'est 850.000 étudiants et 25.000 enseignants qui veillent sur l'avenir scientifique. C'est aussi le million de diplômés du pays qui d'une façon ou d'une autre est mobilisable si on sait y faire.
C'est, enfin, tout le réservoir de la jeunesse, née bien après l'indépendance qui représente 75% de la population et à qui il va falloir bien présenter «un projet de société» auquel ils adhéreraient et partant, qu'ils pourraient mettre en oeuvre en étant les acteurs au lieu d'être spectateurs sur le bord de la route de mutations rapides qui leur sont imposées.
En définitive, il est important de se convaincre que nous avons besoin de toutes les énergies qui concourent à élever le niveau intellectuel et scientifique de la nation. L'enseignement privé a, de notre point de vue, toute sa place, encore faut-il qu'il résiste à la tentation primaire de l'argent et du travail approximatif, il n'a pas le droit à l'erreur pour prendre naturellement sa place dans le système d'éducation en Algérie.


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