Des employés de sites pétroliers dans le Sahara tunisien se sont mis en grève ouverte, hier, à l'appel du puissant syndicat UGTT pour appuyer les demandes des habitants de la région réclamant des emplois, ont indiqué le ministère de l'Energie et le syndicat. La production de pétrole est «partiellement affectée», a indiqué Hamed Elmatri, conseiller chargé des hydrocarbures au ministère de l'Energie, tout en soulignant que des négociations étaient en cours. Cette grève intervient après des troubles sociaux fin juin à Tataouine (sud), aux portes du désert, lorsque la police avait tenté de disperser par la force des sit-in de chômeurs réclamant les emplois promis par le gouvernement en 2017. Cette année-là, après plusieurs semaines de blocage de la production pétrolière sur le site d'El Kamour, le gouvernement avait signé un accord sous la médiation de l'UGTT, prévoyant d'importants investissements dans cette région marginalisée et des milliers de recrutements dans des structures publiques. Mais en trois ans, moins de la moitié de cet accord a été concrétisé, selon l'ONG anti-corruption I Watch. À l'issue de deux Conseils ministériels spéciaux, le gouvernement a annoncé mercredi la concrétisation de 500 embauches d'ici 2020. Le Premier ministre Elyes Fakhfakh, fragilisé par des luttes de pouvoir, a assuré jeudi que «l'Etat tiendra ses engagements envers la région de Tataouine», tout en s'excusant «pour les excès et les injures» commis par les policiers à Tataouine. Face à ces annonces jugées insuffisantes, la plupart des services publics se sont mis en grève vendredi à Tataouine, à l'appel de la puissante centrale syndicale UGTT. La production de pétrole tunisienne est de 38 à 40.000 barils par jours en moyenne, dont 55% environ est produit dans la région de Tataouine, où sont implantés l'Autrichien OMV, l'Italien ENI et l'Anglais Atog, selon le ministère de l'Energie. Par ailleurs, les recettes touristiques de la Tunisie ont chuté de 47%, à la fin du premier semestre 2020, par rapport à juin 2019, selon les indicateurs financiers et monétaires de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Cette chute est due, évidemment, à la pandémie de coronavirus, puisque les premières mesures prises pour la circonscrire ont consisté en la fermeture des frontières de la Tunisie, à l'instar de la plupart des pays du monde. La BCT a fait état, aussi, d'une légère baisse des revenus du travail cumulés de 5%, à la même date, pour se situer au niveau de 2,1 milliards de dinars tunisien (1 DT= 0,33 euro). Pour ce qui est des services de la dette extérieure cumulés, le montant a atteint, durant la première moitié de l'année, plus de 4,7 milliards DT, soit en hausse de 6%. Les indicateurs de la BCT ont fait ressortir, également, une baisse au niveau du volume global de refinancement de 33%, à la date du 3 juillet courant, par rapport à juin 2019, pour ne pas dépasser les 10,4 milliards DT. En revanche, le total des transactions interbancaires a augmenté de 33%, à un peu plus de 1 milliard DT. Quant au taux du marché monétaire (TMM), il s'est stabilisé à 6,84%, ces derniers mois, alors qu'il était à hauteur de 7,83%, en juillet 2019. Cette régression a été favorisée par la baisse, en mars 2020, du taux d'intérêt directeur de 100 points de base, pour s'établir à 6,75%. Une mesure qui a été prise par la BCT, dans le cadre des outils déployés pour faire face aux répercussions économiques du coronavirus.