La propagation du nouveau coronavirus n'a pas causé qu'une hausse des contaminations, mais a aussi amplifié «l'épidémie» du chômage. 1,25 milliard de travailleurs courent un risque de licenciement ou de réduction de salaire, estime l'Organisation internationale du travail (OIT). En Algérie, la situation économique était déjà très difficile, mais avec la pandémie, elle s'est compliquée encore plus. Aucune étude n'a révélé, pour le moment, l'ampleur des pertes d'emplois causées par la crise sanitaire, mais les chiffres avancés par l'Office national des statistiques révélant que 63% de la population active travaillent dans le secteur privé, donne une idée sur l'ampleur de la catastrophe qui guette les familles algériennes. Du total des 11,04 millions de travailleurs que compte la masse salariale algérienne; ce sont 6,95 millions à avoir un employeur privé. Et ces employeurs, dans tous les secteurs, ont déjà un genou à terre et risquent de ne pas se relever de sitôt en raison des difficultés engendrées par la pandémie. Certains d'entre eux ont carrément mis la clé sous le paillasson, d'autres ont recouru aux licenciements pour alléger les dépenses. En fait, tout le secteur économique, déjà fragile, a subi des ondes de choc violentes. Les PME et PMI, notamment celles liées par des contrats de sous-traitance avec les grandes sociétés, ont été les plus impactées. Hier, l'Etat a annoncé sa décision d'apporter son aide aux entreprises «productives et compétitives qui oeuvrent au développement du pays et à la création de la richesse et d'emplois» car, comme l'a déclaré le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, au cours de sa rencontre avec les partenaires sociaux et les opérateurs économiques, «le redressement et la relance socio-économiques ne sauraient se concrétiser sans des entreprises équilibrées». Il a annoncé, par la même occasion, l'engagement du gouvernement à protéger les postes d'emploi et les capacités de production nationale. Une initiative louable et très attendue depuis des mois par les opérateurs économiques, mais est-ce qu'une telle opération va préserver l'ensemble des postes d'emplois perdus durant le coronavirus? Non, bien évidemment, car en Algérie, la quote-part de l'informel est beaucoup plus importante que l'économie visible et légale. Ces «zones d'ombre» de l'économie nationale ont été les plus touchées par la crise sanitaire. Au cours du confinement et en raison des autres mesures prises pour endiguer le coronavirus comme la fermeture des marchés clandestins, auparavant tolérés, des centaines de milliers de pères de familles se sont retrouvés sans aucune ressource. C'est tout aussi le cas pour d'autres travailleurs précaires. Dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire décrété face à la pandémie, les marchands de rue ont disparu, les petits commerces ont tiré le rideau...Employés au noir ou dans le secteur informel, de nombreux artisans, journaliers, vendeurs ambulants, coursiers, gardiens, femmes de ménage, serveurs dans des cafés ou gargotes s'inquiètent pour leur survie et celle de leurs familles. Beaucoup n'arrivent plus à supporter un jour sans travail car ils n'ont ni salaire ni économie. Et même ceux qui ont réussi à se faire une épargne, combien de temps suffira-t-elle? Dernièrement, l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca) a appelé à la réouverture de plus de 50 000 cafétérias et restaurants fermés depuis plus de quatre mois. Si on compte quatre employés uniquement par commerce, cela représente 200 000 emplois! Les dommages économiques subis par ces commerçants, notamment l'interruption de leurs sources de revenus, les dettes locatives, les frais d'impôts...font que ces derniers, mêmes s'ils le voulaient, ne pourraient pas soutenir leurs tâcherons. C'est là la face cachée de l'économie algérienne qui a été frappée de plein fouet par la pandémie. Les milliers de familles qui vivaient de ce secteur prohibé ont également besoin d'aide et de soutien. Abdelaziz Djerad a réitéré hier «l'engagement du président de la République à garantir l'équité totale dans le soutien aux entreprises et aux travailleurs en difficulté, que ce soit entreprises publiques ou privées». Mais une solution pourrait-elle être trouvée pour soutenir ces «oubliés» du Covid-19?