Le marché pétrolier était déjà mal en point. Il croulait sous une offre surabondante. La pandémie de coronavirus est venue s'y greffer pour amplifier sa dégradation, qui a nécessité une baisse historique de la production des pays de l'Opep et de leurs partenaires, de près de 10 millions de barils par jour pour éviter l'hécatombe. Les conséquences sur l'Algérie, dont l'économie repose sur son industrie pétro-gazière dont les exportations lui assurent l'essentiel de ses revenus en devises, seront indéniablement désastreuses. Ses exportations ne devraient lui rapporter, cette année, selon les estimations, que 17,7 milliards de dollars, contre 35,2 milliards de dollars prévus dans la loi de finances 2020. Les exportations totales des hydrocarbures ont baissé, en valeur, de 29,07%, passant de 8,85 milliards de dollars au premier trimestre de 2019, à 6,277 milliards de dollars au premier trimestre 2020, avait indiqué un communiqué publié, le 9 juin, par la Banque d'Algérie, sur la situation économique et les perspectives d'évolution durant le premier trimestre 2020. Les réserves officielles de change se sont, quant à elles, contractées de 3,830 milliards de dollars à la fin du premier trimestre par rapport à fin décembre 2019. La crise financière s'annonce redoutable. L'Algérie ne disposera que de 44 milliards de dollars de réserves de change, d'ici la fin de l'année. Le gouvernement a tranché. La loi de finances complémentaire 2020 a été confectionnée sur la base d'un baril à 30 dollars au lieu des 50 prévus à l'origine. Pour faire face à ce manque à gagner l'Etat a décidé de réduire son budget de fonctionnement de moitié alors que la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, poumon de l'économie nationale a elle aussi procédé à la réduction de son plan d'investissement et de ses dépenses, de 50%. Des mesures qui répondront en partie aux décisions prises par le chef de l'Etat pour faire face aux ravages de la pandémie de coronavirus. Abdelmadjid Tebboune a lancé une opération tous azimuts, inédite, pour en circonscrire les ravages. Parmi les urgences, il y a celle de la réduction de la facture des importations, qui saigne l'économie nationale. Pour satisfaire les besoins de sa population, le pays a eu recours, ces dernières années, à des importations sans limites. Elles provoqueront une facture salée et historiquement élevée, qui oscillera autour des 60 milliards de dollars en 2014, année qui a signé le début de l'effondrement des prix du pétrole. Le président de la République entend y mettre le holà. Il a donné des instructions à l'effet de réduire cette saignée. Les services et le transport maritime de marchandises, pour préserver les réserves de change, - de récupérer l'argent disponible dans le marché informel et intégrer ce dernier dans le circuit officiel, - de récupérer également dans les réserves d'or du pays, les fonds gelés depuis des décennies au niveau des douanes et des saisies au niveau des ports et des aéroports, pour les intégrer aux réserves nationales, constituent les niches principalement ciblées, ce qui devrait contribuer à alléger le fardeau et permettre au gouvernement de peaufiner son plan de relance économique post-Covid-19, qui s'annonce comme une épreuve redoutable. Il faut souligner que l'effondrement des prix du pétrole a non seulement ravagé un Fonds de régulation des recettes de 70 milliards de dollars, mais fait fondre un fabuleux bas de laine qui avoisinait les 200 milliards de dollars fin 2013. Une saignée pour l'Algérie!