L'Algérie ne réussira pas sa mutation économique à travers des déclarations tonitruantes. Il faut des actes. Du concret. La feuille de route tracée par le président de la République qui a été contrariée par la pandémie de Covid-19 et les insuffisances de certains ministères, doit connaître un coup d'accélérateur. Des défis d'une extrême importance doivent être relevés en 2021 dans le sillage d'une campagne de vaccination qui doit être une réussite, une condition sine qua non pour relancer la machine économique. Un sujet abordé par le chef de l'Etat dans son discours adressé à la nation, jeudi soir. Abdelmadjid Tebboune a annoncé que le vaccin russe, Spoutnik V, contre le coronavirus, sera fabriqué en Algérie dans les 6 à 7 mois à venir. Un challenge majeur que le nouveau gouvernement doit absolument relever et se consacrer à la concrétisation du nouveau modèle économique qui doit réduire la dépendance du pays à son or noir. Mettre un trait définitif sur la rente pétrolière à laquelle il s'est adossé depuis l'accession à son indépendance. La volonté politique est ferme et réelle. Le constat fait par le président de la République est implacable. La dépendance quasi totale de l'économie nationale à la rente pétrolière «est fatale pour l'intelligence et l'esprit d'initiative», avait lancé le chef de l'Etat. À partir des deux prochaines années, la dépendance aux hydrocarbures devra être réduite d'au moins 80%, a souligné Abdelmadjid Tebboune. Les exportations hors hydrocarbures doivent exploser. Le président de la République fixe la cible. Il est impératif d'augmenter les «exportations hors hydrocarbures à 5 milliards de dollars, d'ici fin 2021», contre les 2 milliards de dollars actuels, avait déclaré, le 18 août 2020, le premier magistrat du pays à l'ouverture de la Conférence nationale sur le Plan de relance d'une économie nouvelle. Parmi les urgences il y a bien sûr celle de la réduction de la facture des importations qui saigne l'économie nationale. Une facture salée qui oscillera autour des 60 milliards de dollars en 2014! Le président de la République a donné des instructions afin de réduire cette saignée. De réduire le niveau des importations, notamment les services et le transport maritime de marchandises pour préserver les réserves de change. De récupérer l'argent disponible dans le marché informel et intégrer ce dernier dans le circuit officiel. De récupérer également dans les réserves d'or du pays, les fonds gelés depuis des décennies au niveau des douanes et des saisies au niveau des ports et des aéroports, pour les intégrer aux réserves nationales, indiquait le communiqué de la présidence de la République, qui avait sanctionné le Conseil des ministres du 12 juillet 2020. La problématique de la relance de la dynamique pour l'émergence d'une énergie verte durable, celle de l'économie de la connaissance et de l'innovation, constitueront le pivot de la stratégie économique du prochain Exécutif. L'objectif est de faire la part belle aux investissements directs étrangers, avec comme bras armé une nouvelle loi sur les hydrocarbures, dont les textes d'application sont attendus d'ici la fin du mois de mars, qui doit permettre à Sonatrach, poumon de l'économie nationale de garder ses partenaires traditionnels et en gagner d'autres. Les jalons d'un nouveau modèle de croissance économique ont été jetés à travers la création d'un ministère de l'Economie de la connaissance qui constitue un des engagements phares du président de la République. Un chantier déjà en marche. L'économie nationale est en pleine restructuration. Deux rencontres phares lui ont été consacrées. Un Plan de relance en août dernier et une Conférence nationale sur la start-up au début du mois d'octobre. Avant que ne se tiennent ces deux événements, il y a eu l'adoption d'une nouvelle loi sur les hydrocarbures, la suppression du 51-49 pour les secteurs qui ne touchent pas à la souveraineté du pays et un Code des investissements qui ne devrait pas tarder à voir le jour. Il y a aussi la gestion du dossier des zones d'ombre dont le chef de l'Etat a fait une de ses priorités. Lors de la rencontre gouvernement-walis, tenue en février dernier, Abdelmadjid Tebboune avait ordonné la réalisation de leur recensement. «On ne saurait parler de nouvelle Algérie sans le développement de ces régions» avait-il prévenu. Le ton est donné et le temps presse...