Le déficit commercial de l'Algérie s'est dangereusement creusé en 2020. Durant les onze premiers mois du précédent exercice, le trou du commerce extérieur s'est aggravé de plus de 3 milliards de dollars par rapport à 2019, à 9,86 milliards de dollars. La rechute des cours du brut depuis le début de l'année 2020, atteignant un plancher de 17 dollars le baril en avril, a creusé encore un peu plus le trou qui était de seulement 6,11 milliards de dollars à l'issue de 2019 et de 5,36 milliards de dollars durant les onze premiers mois de la même année. Les effets de la chute des prix du pétrole sur la valeur des exportations — essentiellement en hydrocarbures — sont énormes. La dernière note de conjoncture publiée par l'administration douanière fait état d'une baisse de 34,82% des exportations algériennes durant les onze premiers mois de 2020, à 21,55 milliards de dollars seulement, contre une valeur de 35,82 milliards de dollars sur toute l'année 2019. Au troisième trimestre 2020, si les cours du brut ont remonté la pente sous l'effet des réductions de la production entamées par l'Opep+ dès le mois de mai 2020, ils n'ont pas pour autant réussi à enrayer le creusement du déficit commercial. L'organisme en charge de l'information statistique aux Douanes algériennes explique le creusement du déficit commercial par "l'effet combiné de la détérioration des exportations d'hydrocarbures (-11,16 milliards de dollars) et la diminution des exportations des demi-produits (341 millions de dollars)". Durant les onze premiers mois de 2020, les exportations n'ont pu couvrir les importations qu'à hauteur de 68,61% contre une couverture de 85,43% durant 2019. Au chapitre des importations, la courbe se caractérise par un mouvement à la baisse de l'ordre de 18,25%, liée probablement aux conséquences du choc pandémique sur les échanges commerciaux internationaux, ainsi qu'au ralentissement net de l'activité économique qui a marqué l'année 2020. Les importations de l'Algérie se sont chiffrées, en valeur, à 31,40 milliards de dollars durant les onze premiers mois de 2020, contre 38,41 milliards de dollars à la même période de 2019. Sur toute l'année 2019, les importations ont totalisé une valeur de 41,93 milliards de dollars. La baisse de la valeur globale des importations a limité les dégâts sur la balance commerciale qui auraient pu être plus désastreux. La panne de la demande intérieure en intrants et autres produits, en raison du déclin de l'activité économique sous l'effet des mesures de lutte contre la propagation de la pandémie, était à la source directe de la baisse des importations, en sus du ralentissement des échanges commerciaux internationaux dû aux fermetures des frontières. Quoi qu'il en soit, le creusement du déficit commercial en 2020 donnerait lieu à l'aggravation du déficit de la balance des paiements ; lequel a une incidence directe sur les réserves de changes, dont le solde était de seulement 62 milliards de dollars à fin janvier 2020. Le creusement du déficit de la balance des paiements en 2020, estimé à plus de 18 milliards de dollars par la loi de finances complémentaire du même exercice, devrait amputer les réserves de changes d'environ un tiers de leur stock. Dans sa dernière note de conjoncture, la Banque d'Algérie a souligné la nécessité d'efforts d'ajustement soutenus, notamment budgétaires, pour rétablir la viabilité de la balance des paiements et limiter l'érosion des réserves officielles de change.