Des vols et des agressions à l'intérieur des facultés, des conditions de vie déplorables font réagir les étudiants. A peine les enseignants ont-ils gelé leur mouvement de grève que les étudiants prennent le relais. En effet, après le mouvement de débrayage déclenché par le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) du 25 février au 2 mars, c'est au tour des étudiants de la faculté des sciences économiques et des sciences de gestion de Dély Ibrahim, à Alger , de monter au créneau. Ladite faculté a été bloquée hier. Les étudiants, qui ont entamé une grève illimitée, ont observé à cet effet un sit-in de protestation. Ils étaient plus d'une centaine à se rassembler à l'intérieur de la faculté. L'administration a exigé qui l'on maintienne, à l'aide d'une soudure, le grand portail vert ouvert. «Nous exigeons que les conditions sociopédagogiques soient améliorées» crient presque à tue-tête les étudiants présents au rassemblement. A se fier à leurs déclarations, rien ne va plus au sein de leur faculté. «Le plafond de la bibliothèque menace de s'effondrer à tout instant. Les amphithéâtres, par absence de fenêtres, sont ouverts à tout vent...» affirment les étudiants rencontrés sur les lieux. Mais, cette kyrielle de problèmes n'est malheureusement pas exhaustive. Des casse-tête plus graves encore sont rencontrés au quotidien. A entendre les plaintes des étudiants, l'université n'est plus ce lieu réservé exclusivement à la science...mais un grand marché. Le mot n'est peut-être pas approprié, mais lorsqu'on apprend que des vols et des agressions physiques ont été perpétrés à l'intérieur même de l'université, on se rend compte alors qu'aucun qualificatif n'est adéquat pour décrire la situation. A la faculté des sciences économiques et des sciences de gestion de Dely Ibrahim, on ne cesse également d'évoquer l'affaire de cet étudiant agressé par un agent de sécurité à l'entrée de l'université. «Et l'ironie du sort veut que l'étudiant est attaqué en justice. Il comparaîtra le 15 avril prochain devant le tribunal de Bir Mourad Rais», lit-on dans le communiqué rendu public par l'Organisation nationale de solidarité estudiantine (Onse). Cette organisation interpelle la tutelle afin de mettre fin à ce genre d'agissements. Le doyen de cette faculté qu'on a tenté de contacter hier était inscrit sur la liste des abonnés absents. Il faut le dire, en dépit des efforts consentis par les autorités, l'université algérienne ne cesse de tomber dans le trente-sixième dessous. «A chaque rentrée, on nous promet que l'année ne sera que meilleure par rapport aux précédentes, mais ce que l'on constate est tout à fait le contraire. Les choses vont de mal en pis», déplorent les étudiants de la fac de Dély Ibrahim qui disent compter aller loin dans leur mouvement de revendication. «Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, ce n'est pas de dialoguer avec le ministère de tutelle mais de mettre en place une commission d'enquête pour faire la lumière sur la situation déplorable de notre faculté», déclarent les étudiants. Y aura-t-il une oreille attentive pour les écouter?