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Les enjeux de la sécurité collective en Afrique
Ressources hydriques, pauvreté et épidémie
Publié dans L'Expression le 30 - 07 - 2020

Les nouveaux défis collectifs, sont une autre source de menace: ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l'environnement. Ils sont d'ordre local, régional et global. Interpellée et sollicitée, l'Afrique s'interroge légitimement sur le rôle, la place ou l'intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu'il s'agisse notamment du dialogue et de la coopération entre les grandes puissances, Chine/Afrique, USA/Afrique, Russie/Afrique, du partenariat euro-méditerranéen sans compter bon nombre d'autres pays, dans sa dimension tant économique, sociale, culturelle que sécuritaire.
L'Afrique couvre 30,353 millions de km2. La population est passée de 966 millions d'habitants en 2009 à 1075 millions,
1,26 milliard d'habitants en 2019, mais sept pays regroupent 51% de la population. En 2020, la population africaine devrait passer à
1,3 milliard et à 2 milliards en 2040. Il existe non pas une Afrique, mais des Afriques. Certains pays, notamment le Nigeria, le Gabon, le Tchad, la République démocratique du Congo, l'Algérie, la Libye sont spécialisés dans le pétrole, le gaz et les matières premières, qui connaissent une forte demande et un prix élevé sur le marché mondial leur permettant une relative aisance financière, mais artificielle en fonction des cours mondiaux et donc de la croissance de l'économie mondiale, notamment des pays développés et émergents. À l'inverse, des pays comme le Bénin, le Malawi, l'Ile Maurice, le Swaziland, l'Ethiopie, le Togo, le Mali, qui sont pénalisés dans des produits qui connaissent souvent une détérioration en termes d'échange, la misère, la famine et souvent des conflits internes et externes où le budget des dépenses militaires en Afrique dépasse l'entendement humain au détriment de l'allocation des ressources à des fins de développement.
Selon l'institut stratégique Ires de Paris, l'Afrique représente seulement 1,5% du PIB mondial, 2% du commerce mondial et 2% à 3% des investissements directs étrangers et selon un rapport de la Banque africaine de développement, le commerce interafricain n'est que de 15% sur tout le continent, les échanges intermaghrébins représentant environ 3%. Selon un rapport de la Cnuced publié en 2019, la part du commerce interafricain est encore faible, 15,4% du total des échanges de marchandises de l'Afrique (exportations plus exportations) en 2016, soit $129 milliards, surtout au regard des grandes zones économiques mondiales comme l'Union européenne (61,7%) ou celle de l'Accord de libre-échange nord-américain (Nafta, 40,3%). Il est toutefois supérieur au commerce intra-régional du Marché commun du Sud (Mercosur, 14,5%), mais surtout il a fortement progressé entre 2000 et 2016 avec un taux de croissance moyen de 12,5% par an. Seul le commerce avec l'Asie fait mieux avec un taux de croissance moyen de 15,2% par an. L'Asie, deuxième partenaire commercial de l'Afrique (35,8%) est suivie par l'Europe (37%), mais dont la part s'érode au fil des années, le taux de croissance étant de 8%.
L'Afrique a amélioré sa gouvernance et a été, ces dernières années, parmi les régions du monde qui connaissent la croissance la plus rapide au monde. Mais avec les frontières désormais fermées pour empêcher la propagation de la maladie et des compagnies aériennes entières clouées au sol, le secteur a été presque entièrement fermé. Les gouvernements africains pourraient perdre jusqu‘à 20 à 30% de leurs recettes fiscales, estimées à 500 milliards de dollars en 2019, selon l'analyse émanant d'un rapport de l'Union africaine. Les exportations et les importations devraient quant à elles chuter d'au moins 35% par rapport aux niveaux de 2019, ce qui entraînerait une perte de valeur des échanges d'environ 270 milliards de dollars. La propagation du virus entraînera une augmentation des dépenses publiques d'au moins 130 milliards de dollars. Les producteurs africains de pétrole comme l'Angola, le Nigeria, l'Algérie africains, seront parmi les plus touchés et devraient voir leurs déficits budgétaires doubler en 2020 avec une contraction du PIB supérieure à 3%. Le secteur du tourisme et des voyages en Afrique pourrait perdre au moins 50 milliards de dollars en raison de la pandémie de Covid-19 et au moins 2 millions d'emplois directs et indirects, toujours selon l'étude de l'UA et 20 millions d'emplois sont menacés en Afrique en raison de l'impact de la pandémie de coronavirus. Rappelons que pour le développement de l'Afrique le 23 octobre 2001, au sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) qui s'est tenu à Abuja, trois pays africains, constatant l'échec de tous les efforts fournis en matière de développement, ont pris l'initiative de proposer une nouvelle approche dans le traitement des problèmes que vit le continent. Cette initiative a été une synthèse entre deux plans: celui de l'Algérie et de l'Afrique du Sud appelé «Millenium African Plan» (MAP) et celui du Sénégal dénommé plan Omega. Ces deux plans sont fusionnés pour donner la «Nouvelle initiative africaine» (NIA). La NIA prendra plus tard le nom de «Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique» ou Nepad (de l'anglais «New Partnership for African Development»). Le Nepad avait été conçu pour faire face aux difficultés que connaît le continent africain actuellement. L'objectif au départ du Nepad était par exemple de traduire en actes concrets, notamment le problème de l'eau et de l'énergie. L'enjeu du développement de l'agriculture qui devait reposer plus sur les cultures vivrières est un enjeu majeur du continent. Force est de constater que le bilan du Nepad est mitigé.
Pour analyser les blocages en Afrique, on ne peut isoler les facteurs économiques des facteurs politiques. Le rapport conjoint BAD-GFI a mis en relief le fait que l'Afrique a pâti de sorties nettes de fonds dépassant les 1500 milliards de dollars après ajustement des transferts nets enregistrés pour les flux financiers sortants frauduleux, et que la fuite des ressources hors de l'Afrique au cours des
30 dernières années - l'équivalent du PIB actuel de l'Afrique - freine le décollage du continent. Ainsi, les dirigeants africains portent une lourde responsabilité devant leurs populations et doivent favoriser l'Etat de droit, la bonne gouvernance, donc, la lutte contre la corruption, les mentalités tribales, la protection des droits de l'homme et s'engager résolument dans la réforme globale, donc la démocratisation de leur société tenant compte de l'anthropologie culturelle évitant de plaquer des schémas déconnectés des réalités sociales locales. Le développement de l'Afrique sera profitable à l'ensemble des autres espaces économiques évitant cette migration clandestine avec des milliers de morts. Dans le cas contraire, il est à craindre des crises politiques à répétition. Bon nombre de citoyens africains traversent une crise morale du fait du manque de valeurs au niveau du leadership avec le danger d'une polarisation de la société.
Le fossé entre les riches et les pauvres devient de plus en plus grand. L'écart de revenus renforce les inégalités en matière de richesse, d'éducation, de santé et de mobilité sociale. Je mets en garde contre les conséquences pernicieuses du chômage. Cependant, évitons la sinistrose, malgré des conflits, nous enregistrons récemment une prise de conscience des citoyens africains et de certains dirigeants de l'urgence d'une nouvelle gouvernance. C'est ce qui explique que parallèlement au sommet des chefs d'Etat, se sont tenus entre 2009 et 2019 plusieurs forums économiques regroupant plusieurs centaines de personnalités africaines et des deux rives de la Méditerranée, afin de dynamiser le développement de l'Afrique dans le cadre de copartenariats et des colocalisations. L'Algérie représentant 48% du PIB du Maghreb, doit s'insérer dans ce cadre car les avantages comparatifs futurs de ses entreprises publiques et privées en Afrique. Mais pour être réalistes nous devrons tenir compte de la rivalité du couple Etats-Unis/Europe -Chine pour le contrôle économique de ce continent vital. L'erreur fatale serait d'opposer en ce XXIe siècle les Etats-Unis et l'Europe qui ont le même objectif stratégique, bien qu'existent certaines rivalités tactiques de court terme, la stratégie des firmes transnationales tendant à atténuer les divergences et uniformiser les relations internationales. Ainsi, l'Afrique, pour peu que les dirigeants dépassent leurs visions étroites d'une autre époque, a toutes les potentialités pour devenir un grand continent avec une influence économique dans la mesure où en ce XXIe siècle l'ère des micro-Etats est révolue et que la puissance militaire est déterminée par la puissance économique. Pour cela, des stratégies d'adaptation au nouveau monde sont nécessaires pour l'Afrique, étant multiples, nationales, régionales ou globales, mettant en compétition/confrontation des acteurs de dimensions et de puissances différentes et inégales. Or, le continent Afrique est un enjeu géostratégique majeur au XXIe siècle avec d'importantes ressources non exploitées, sous réserve d'une meilleure gouvernance et d'intégrations sous-régionales. Les responsabilités de son sous-développement sont liées à sa mauvaise gouvernance devant lever les obstacles à la mise en oeuvre d'affaires communes, notamment la lutte contre la bureaucratie qui engendre le fléau de la corruption et l'adaptation du système socio-éducatif, la ressource humaine étant le pilier de tout processus de développement. Or, une enquête menée par l'UA/Nepad la majorité des pays africains consacre moins de 1% de son PIB dans la recherche-développement (R-D), et l'Unesco souligne que l'Afrique ne consacre que 0,3% du PIB en moyenne à la R-D. C'est sept fois moins que l'investissement réalisé dans les pays industrialisés. Les facteurs fondamentaux renvoient à l'urgence d'une autre gouvernance tant mondiale que locale. La situation géopolitique actuelle impose d'analyser les grandes questions stratégiques donc du devenir de l'Afrique du Nord au sein duquel s'insère le Maghreb, surtout après les événements du Monde arabe, notamment en Tunisie, Libye, Egypte sans oublier les tensions au niveau du Sahel, au Moyen-Orient, notamment la situation en Palestine, en Syrie et en Iran. La mondialisation est un bienfait pour l'humanité à condition d'intégrer les rapports sociaux et ne pas la circonscrire uniquement aux rapports marchands en synchronisant la sphère réelle et la sphère monétaire, la dynamique économique et la dynamique sociale.
Les Africains doivent être conscients que dans les relations internationales actuelles n'existent plus de micro-Etats, de relations d'Etat à Etat, mais doivent s'appuyer sur des réseaux décentralisés en dynamisant leurs élites à travers la société civile.. Leurs intérêts sont de favoriser des copartenariats au sein d'intégrations sous régionales, pour une prospérité partagée, loin des anciens préjugés de domination. Face aux bouleversements géostratégiques, l'Afrique est appelée à se déterminer par rapport à des questions cruciales et de relever des défis dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils dépassent en importance et en ampleur les défis qu'elle a eu à relever jusqu'à présent. Mais avant tout, l'Afrique sera ce que les Africains voudront qu'elle soit.


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