L'armée américaine, appuyée par des forces irakiennes, a entrepris jeudi de «nettoyer» la région de Samarra. Une opération militaire d'envergure a été déclenchée jeudi matin par l'armée américaine appuyée par des forces irakiennes, dans la région de Samarra - au nord de Baghdad - fief supposé d'Abou Moussab Al Zarkaoui, chef de la section irakienne d'Al Qaîda. Cette offensive intervient trois ans, presque jour pour jour, après l'invasion américano-britannique du 20 mars 2003. Selon ses concepteurs, cette offensive est la plus importante déclenchée en Irak depuis trois ans et implique une soixantaine d'hélicoptères de combat et de soutien, selon des sources militaires américaines. Outre les moyens aériens, plus de 200 véhicules militaires ont été mobilisés alors que 1500 soldats américains prennent part à cette offensive, selon un communiqué de l'armée américaine. Cette source indique que l'opération baptisée, du nom de code ‘'Swarmer'' doit durer plusieurs jours avec l'objectif avoué de nettoyer la zone incriminée qui constitue, selon les uns un foyer de résistance, de rébellion affirment les autres. De fait, cette opération, qui n'est guère la première, fait suite à une série d'offensives menées depuis le début de l'année tant dans la région de Samarra que dans la province d'Al-Anbar -qui s'est fait une solide réputation de résistance à l'occupation étrangère- et en février dans les gouvernorats de Salaheddine et de Taâmim à la recherche d'Abou Moussab Al Zarkoui, qui se serait réfugié dans les régions montagneuses de Hamrin après avoir perdu le soutien des chefs tribaux, excédés par la violence des miliciens d'Al Qaîda. «Notre objectif est d'éliminer toutes les poches de rébellion. Les opérations continueront le mois prochain pour trouver leurs bases», a indiqué aux agences de presse le général irakien Anouar Hama Amine, à la tête de la division de l'armée irakienne basée à Kirkouk. «Ces opérations sont menées d'après des renseignements que nous avons reçus», a-t-il ajouté. De son côté, l'armée américaine a annoncé hier avoir procédé à l'arrestation de dizaines de personnes et saisi d'importants lots d'armes et de munitions. Ainsi, le commandant américain John Calahan a indiqué que la 101e division aéroportée a arrêté plusieurs personnes indiquant: «Ils ont arrêté 48 personnes», mais 17 d'entre elles avaient été libérées peu après, a-t-il ajouté. «Il n'y a pas eu de contact avec les rebelles», a souligné l'officier américain, précisant cependant que l'objectif de l'opération était «d'empêcher les forces anti-irakiennes (les rebelles) d'établir un sanctuaire» dans la zone située au nord-est de Samarra, ville se trouvant au nord de Baghdad. Selon cet officier, 60 hélicoptères sont engagés dans l'opération estimée par ses initiateurs comme l'opération aérienne la plus importante conçue par les Américains en Irak depuis l'invasion du 20 mars 2003. Par ailleurs, toujours à propos de cette offensive, le chef du commandement central américain (Centcom), le général John Abizaïd, a déclaré que l'opération en cause lancée jeudi en Irak vise Al Qaîda et des groupes rebelles mais pas spécifiquement des leaders comme Abou Moussab Al Zarkaoui, tempérant quelque peu des déclarations faites par d'autres officiers américains. «Cette offensive, a déclaré le général Abizaïd, est liée au fait que dans cette région il y a quelques noyaux durs d'Al Qaîda et des noyaux durs de groupes rebelles». Prié de préciser si Al Zarkaoui était concerné par cette offensive, le général Abizaïd a indiqué qu'il n'y avait «pas de personnalité spécifique visée». De son côté, le général irakien Abdel Jabbar a souligné que la zone des opérations ne couvrait que «25 km²» et que l'attaque a été décidée après des «informations recueillies par les services de renseignement des ministères de l'Intérieur et de la Défense». L'officier irakien a ainsi fait état de la participation à l'offensive de commandos du ministère de l'Intérieur venus de Samarra pour renforcer les forces américaines déjà sur place. Cependant, selon le général Abdel Jabbar, les forces irakiennes avaient regagné ensuite leur quartier général de Samarra. La démonstration de force américaine à trois jours du troisième anniversaire de l'invasion de l'Irak par la coalition américano-britannique veut en fait montrer que les forces de la coalition -appuyée par les nouvelles forces irakiennes - tiennent les choses bien en main et ont la capacité d'intervenir à tout moment et en tout lieu pour contenir la rébellion. Certes, mais celle-ci n'en poursuit pas moins ses carnages parmi la population irakienne et c'est cela qui fait la différence, les Irakiens continuant à mourir sans savoir pourquoi alors que les forces d'occupation affirment que le pays est en voie de «pacification».