Président du comité d'organisation du concours national de la meilleure huile d'olive vierge extra «Apulée2020» Samir Gani nous parle dans cet entretien des conditions particulières dans lesquelles s'est déroulé le concours et évoque la situation de la production oléicole dans notre pays avec ses difficultés et ses perspectives. l'expression:Parlez-nous un peu des conditions particulières dans lesquelles s'est déroulé le concours cette année. samir gani: Effectivement, les conditions dans lesquelles c'est déroulée cette 3eme édition ont été bien particulières à cause du Covid-19. D'abord on nous a empêchés de réunir les 10 mem- bres du jury ici en Algérie vu que les experts qu'on à désignés pour cette édition sont issus de cinq nationalités (Algérie-Tunisie-Maroc-France-Espagne) ce qui nous a contraints d'opter pour le plan B, en envoyant les échantillons pour chaque membre du jury dans son pays par la voie DHL et en mains propres pour les nationaux. Aussi, on a réussi à évaluer tout les échantillons à distance tout en étant en contact par visioconférence avec nos interlocuteurs. Aussi, il y a eu beaucoup d'opérateurs issus des wilayas lointaines qui n'ont pas pu ramener leurs échantillons toujours à cause du Covid-19 et les mesures de confinement. Toutefois, on a quand même eu plus de 30 participants, un nombre qu'on estime important au vu de la situation dans laquelle on est. Cette année, l'huile d'olive algérienne s'est distinguée dans de nom-breux concours à l'international. Est-ce un signe que la production nationale en huile d'olive est en train de s'améliorer? Sans aucun doute, puisque en allant se mesurer aux meilleurs producteurs d'huile d'olive du monde et décrocher des médailles d'or, argent et en bronze dans différentes catégories, cela prouve que la production nationale d'huile d'olive est en train de s'améliorer vraiment en termes de qualité. Nous avons aussi constaté ces quatre dernières années que des opérateurs étaient en train d'émerger en améliorant chaque année la qualité de leurs produits, d'autres sont en train de suivre et le cercle des producteurs d'huile d'olive vierge extra, de qualité, s'agrandit d'année en année. Cela nous laisse optimistes pour voir dans quelques années à venir la plus grande partie de notre production de qualité supérieure, au grand bonheur d'abord du consommateur algérien et à l'économie nationale pour l'excédent qu'on aura à exporter sans complexe. Est-ce qu'on peut espérer voir notre produit dans les toutes prochaines années sur les places internationales? Oui, sans aucun doute, pourvu qu'il y ait un accompagnement réel des producteurs, augmenter la superficie de notre verger oléicole, instaurer une politique de production orientée vers la qualité en imposant la certification du produit, créer et s'organiser en consortiums pour faire face aux grandes opérations d'exports, aider les laboratoires d'analyses à se conformer aux normes internationales en optant pour l'accréditation..., Tout ça c'est faisable et c'est jouable, il suffit de tracer une feuille de route à laquelle adhèrent les pouvoirs publics d'une part, en impliquant plusieurs ministères, tels que l'Agriculture, l'Industrie, le Commerce, l'Environnement. Et d'autre part les opérateurs économiques, traceron ensemble cette feuille de route et veilleront à son exécution et aboutissement... Sans ça, nous resterons toujours au stade des exportateurs de niches. Parlez-nous des perspectives et des contraintes rencontrées par les producteurs? Comme la plupart des secteurs d'activités dans notre pays, le secteur oléicole n'est pas épargné par les contraintes et je dirai même que c'est un secteur qui a été longtemps marginalisé et géré sans aucune visibilité, pour ne pas dire autre chose. Le secteur oléicole n'est pas et n'arrive pas à s'organiser à cause d'une poignée de personnes, enfantés et mises en place par l'ancien régime, qui, non seulement ne font rien pour développer le secteur oléicole, mais font tout pour freiner et donner des coups bas à toute initiative qui va dans le sens du développement de cette filière et ce jusqu'à ce jour. Les producteurs ont besoin d'assurance, de confiance et de garantie de la part des pouvoirs publics dans l'accompagnement, la régulation du marché, la lutte contre la concurrence déloyale, l'octroi «sans bureaucratie» de crédits de campagne, la mise en place de laboratoires accrédités, la création d'une plateforme d'export et d'office de l'huile s'il le faut...La liste pourrait être plus longue, mais je résumerai en disant que l'Etat doit prendre en charge sérieusement le secteur oléicole, et les producteurs doivent aussi de leur côté s'organiser. De notre côté, nous continuons à sensibiliser et accompagner les opérateurs dans l'amélioration de la qualité de leurs produits. Nous nous sommes fixés comme objectif, de gagner pas moins de 10 médailles dans les plus grands concours au monde pour l'année 2021. Un groupe de réflexion dont je fais partie est en train de travailler pour apporter une touche au développement et la promotion du secteur oléicole... Un peu tôt pour en parler, mais on y reviendra sûrement très prochainement.