C'est que la Libye, porte de l'Europe et de l'Afrique, situation géographique stratégique, avec 42 milliards de barils de pétrole et entre 1500-2000 milliards de mètres cubes gazeux et d'autres richesses colossales, pour une population ne dépassant pas 7millions d'habitants, suscite des convoitises et explique les tensions où s'affrontent par groupes interposés les grandes puissances. Globalement, aujourd'hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs nouveaux, sont une autre source de menaces: ils concernent la domination par l'économique, les nouvelles technologies, les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies et l'environnement. Ils sont d'ordre local, régional et global. Ces enjeux sont intimement liés aux nouvelles mutations mondiales qui devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques, mais également sécuritaires. Nous assistons dans la région à de profondes mutations de la géopolitique au niveau de l'Afrique du Nord après l'effondrement du régime libyen, avec des conséquences pour la région. Déjà, les rapports entre le Sahel et la Libye de Kadhafi étaient complexes. Bien avant et surtout depuis la chute du régime de Kadhafi, le Sahel est l'un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés groupes armés et contrebandiers. Kadhafi disparu, des armes, dont 15000 missiles sol-air, étaient dans les entrepôts de l'armée libyenne dont une partie a été accaparée par de différents groupes qui opèrent au Sahel. Les implications intermédiaires Selon différents experts, trois facteurs permettent de comprendre les liens entre trafic et terrorisme: - premièrement, l'existence de mouvements communautaires, ethniques et religieux, qui permettent une collaboration entre terroristes et criminels, sur la base de valeurs partagées et de confiance mutuelle; -deuxièmement, la survenance d'un conflit armé; -troisièmement, les contraintes qui jouent lors d'échanges transnationaux complexes de marchandises illégales; des échanges qui impliquent souvent d'autres parties intermédiaires et de certains segments de l'administration corruptibles. Ce qui complique davantage la situation c'est la non-reconnaissance par les tribus libyennes du gouvernement qui n'est pas en mesure d'assurer la protection des frontières, devant impliquer les tribus dans les négociations, d'autant plus que ces dernières détiennent un lot d'armement important puisé dans les casernes de la défunte armée libyenne. La Libye n'est plus la seule menace potentielle, il y a le Mali qui est traversé par une grave crise politique. Ces nouvelles donnes impliquent une nouvelle stratégie sur le plan sécuritaire, mais aussi diplomatique. Au Sahel, les groupes armés ont proliféré, ont accru leur capacité de nuisance, se sont diversifiés en terroristes, insurgés, criminels et milices. Désormais, existent une coopération et une convergence qui rassemblent ces groupes avec le narco-terrorisme.. Pour lutter contre le terrorisme et trafiquants en tous genres, il y a lieu de mettre l'accent avant tout sur l'échange de renseignements qui doit se faire de manière instantanée, pratiquement en temps réel, harmoniser des politiques de lutte contre le terrorisme et de patrouilles communes le long de ces frontières difficiles à contrôler. Le Sahel est également une zone de transit pour les passeurs. 50 à 60% de ceux qui traversent la Libye vers l'Europe passent par la région. Les événements récents ont souligné que la traversée de la Méditerranée peut se transformer en drame et qu'il est urgent que tout le monde coopère pour arrêter les flux migratoires: créer des centres d'accueil, donner des moyens à la police pour contrôler ces flux migratoires et créer les conditions pour le retour. C'est pourquoi il y a lieu d'accorder une attention particulière aux tensions au niveau de la ceinture sahélienne, recouvre, entièrement ou en partie, les pays suivants: l'Algérie (à l'extrême Sud) -le Sénégal, la Mauritanie (au sud); le Mali; le Burkina Faso (au Nord); le Niger, le Nigeria (à l'extrême Nord); le Tchad (au Centre). Le Sahel est un espace sous-administré et souffrant d'une mauvaise gouvernance chronique. La vulnérabilité du Sahel découle d'une profonde vulnérabilité des Etats, accentuée par la pression démographique. Caractérisé par une forte croissance démographique (environ 3,1%), le Sahel devrait doubler sa population d'ici 25 ans, et comptera vraisemblablement plus de 100 millions d'habitants en 2020. Cette croissance affectera certainement la sécurité humaine et notamment alimentaire de la région dans son ensemble. La radicalisation s'intensifie À cela se greffent d'importantes inégalités qui accentuent l'intensification de la radicalisation qui est le fruit d'une conjonction de facteurs liés à l'individu, ses relations, sa communauté et son rapport à la société, avec des ingérences étrangères manipulant différents acteurs afin de se positionner au sein de ce couloir stratégique et de prendre le contrôle des richesses qui sont nombreuses, l'arc sahélien étant riche en ressources: après le sel et l'or, pétrole et gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium qui nourrissent les convoitises de puissances désirant s'en assurer le contrôle. Face aux tensions géostratégiques, la sécurité de l'Algérie est posée à ses frontières. La frontière Algérie-Mali est de 1376 km, la frontière entre l'Algérie et la Libye de 982 km, la frontière Algérie- Niger de 956 km, la frontière Algérie- Tunisie est de 965 km à surveiller. Selon les experts militaires, la stratégie algérienne se déploie sur trois niveaux:- premièrement, la mise en place d'un dispositif de sécurité aux frontières et la restructuration des forces armées et de sécurité; -deuxièmement, l'amorce de processus bilatéraux de coopération avec les pays voisins; -troisièmement, le développement d'un processus multilatéral à travers l'initiative des pays de Champ. Cette stratégie est guidée par trois principes fondamentaux: - non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats; non- intervention de l'armée algérienne hors du territoire et prise en charge endogène de la sécurité régionale et la proposition de la nouvelle Constitution d'intervention à l'extérieur du pays ne peut se faire que si la sécurité nationale l'exige mais dans le cadre d'organisations internationales et doit avoir l'aval des trois quarts du Parlement. Dans cette perspective, le commandement militaire algérien a adopté un plan de sécurité concernant les zones frontalières portant plus précisément sur quatre axes: rencontres bilatérales entre structures en charge de la protection de la frontière commune; -coordination des actions sur le terrain et la mise en place d'une coopération opérationnelle pour lutter contre le terrorisme, la contrebande et la criminalité transfrontalière; - instauration d'un partenariat en matière d'échange de renseignements; -échange des expériences dans les domaines de la sécurité des frontières, de la lutte contre la criminalité et la formation spécialisée au profit des cadres militaires afin d'accroître leurs compétences. Pour l'Algérie, il y a l'urgence d'une coopération tant régionale que mondiale dans la lutte contre la criminalité transnationale nécessitant une coopération en réseaux passant par l'amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques, notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. La porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. Comment neutraliser l'informel Mais, la lutte contre le terrorisme implique de mettre fin à cette inégalité tant planétaire qu'au sein des Etats où une minorité accapare une fraction croissante du revenu national enfantant la misère et donc le terrorisme, renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la cité. L'énergie, peut être un puissant facteur de coopération et d'intégration entre les deux rives de la Méditerranée via l'Afrique et fournir le lien structurant qui permettra la réalisation d'une suite de projets concrets, mais aussi de préparer l'élaboration d'un concept stratégique euro-africain. Il y a trois théâtres d'opérations en Méditerranée dans le domaine énergétique selon mon ami,le polytechnicien Jean-Pierre Hauet de KP Intelligence (France). Le premier théâtre est celui des énergies renouvelables (éolien, solaire à concentration, photovoltaïque) qui s'est caractérisé par le lancement de grandes initiatives fondées sur l'idée que le progrès technique dans les lignes de transport à courant continu permettrait de tirer parti de la complémentarité entre les besoins en électricité des pays du Nord et les disponibilités en espace et en soleil des pays du Sud. Aujourd'hui, le projet Desertec est plutôt en berne, du fait, notamment du retrait de grands acteurs industriels, Siemens et Bosch, et du désaccord consommé entre la fondation Desertec et son bras armé industriel la Desertec Industrial Initiatitive (Dii). La Dii poursuit ses ambitions d'intégration des réseaux européens, nord-africains et moyen-orientaux, cependant que la Fondation Desertec semble à présent privilégier les initiatives bilatérales au Cameroun, au Sénégal et en Arabie saoudite. Le deuxième théâtre d'opérations est plus récent: il a trait à la découverte à partir de 2009, de ressources pétrolières et gazières en off-shore profond, dans le bassin levantin en Méditerranée Est.. Le troisième théâtre d'opérations a trait à la prospection et à la mise en valeur éventuelle des gaz de schiste dont le premier producteur sont les Etats-Unis d'Amérique. Pour l'Algérie, l'objectif stratégique est la transformation profonde de ses institutions et de son économie, et sa projection dans un avenir que les grandes nations préparent aujourd'hui avec la plus grande rigueur: un partenariat de choix avec les puissants de ce monde et une position «pivotale» dans l'espace géopolitique africain et dans l'environnement géopolitique euro-méditerranéen et africain.