Abdelmadjid Tebboune a toujours revendiqué son statut de président de tous les Algériens. Il a, dès l'annonce des résultats du scrutin du 12 décembre 2019, tenu à tendre la main aux jeunes et à la société civile qu'il considère comme «premier allié» pour concrétiser «l'édification de l'Etat». «Je me suis porté candidat à la présidence du pays au nom de la société civile et des jeunes. Je ne me suis pas porté candidat à ce poste ni par les hommes d'affaires ou autres ni au nom du parti auquel j'appartiens», a souvent rappelé le président Tebboune. Mais s'il est vrai que la société civile doit reprendre les choses en main et insuffler le dynamisme nécessaire à un déclic qui permettra à l'Algérie d'aller en avant et de dépasser les turbulences de la crise politique qu'elle a connue, il est vrai aussi que tout président de la République se crée une base politique pour soutenir ses décisions et son programme. Quelle sera celle de Abdelmadjid Tebboune? La dernière fois qu'un parti politique s'est aventuré à revendiquer l'affiliation organiquement du chef de l'Etat à sa formation politique, il avait été sévèrement rappelé à l'ordre. Il s'agit bien évidemment du FLN dont un communiqué avait annoncé le soutien du parti au président de la République «membre du comité central du parti». La Présidence avait alors fermement rappelé que Abdelmadjid Tebboune est le président de tous les Algériens et qu'il «n'a de lien organique avec aucun parti politique agréé». Mieux, «ces personnes doivent cesser d'impliquer la Présidence dans leurs manoeuvres malsaines», avait alors averti Belaïd Mohand-Oussaïd, le porte-parole officiel du chef de l'Etat, non sans dire qu'il s'agissait là de «résidu de pratiques qui n'ont plus leur place actuellement». La réaction de la Présidence signifie-t-elle que le chef de l'Etat refuse catégoriquement de s'appuyer sur une ou des formations politiques afin d'éviter de retomber dans les pratiques de l'ancien régime où les partis politiques s'étaient transformés en simples appendices du pouvoir? Pas nécessairement. Car, la mise au point avait été adressée à un parti fortement rejeté par le Hirak tout autant que toute la composante de l'ancienne alliance présidentielle. Car que ce soit le FLN, le RND ou encore TAJ et le MPA, ces formations, demeurent dans l'inconscient collectif, des appareils de propagande. Leurs tentatives de se faire un lifting politique et prendre des habits neufs dans l'espoir de retrouver une place sur la scène, restent vaines. Mais cela n'empêche pas le président Tebboune d'accepter une offre de service émanant d'un nouveau front politique, qui le soutiendrait dans ses démarches futures, dont les toutes premières, sont cette nouvelle Constitution et les réformes économiques et sociales indispensables. Il ne s'agira pas pour Tebboune de se construire une assise électorale ou des caisses de résonance à ses discours, mais juste d'ouvrir grande la porte à des relais politiques qui épousent sa vision pour expliquer le chemin à prendre pour aboutir à l'Algérie nouvelle. Ce rôle incombera peut-être aux Forces nationales de la réforme dont des représentants ont été reçus, samedi dernier par Abdelmadjid Tebboune. Ce collectif, lancé le 11 août dernier et composé de représentants de partis politiques, d'associations, de syndicats nationaux, d'organisations économiques et de personnalités, vise à «concrétiser des réformes profondes réelles traduisant la volonté populaire pour le changement», selon ses initiateurs. Et c'est exactement le but du chef de l'Etat.