L'écriture de l'histoire exige une volonté politique. «Cette rencontre rassemble trois générations. Vous avez en face de vous un membre des 22, ceux qui ont fait la guerre et ceux qui sont nés après l'indépendance. C'est comme cela que nous assurons la continuité entre les générations». Ainsi entame le colonel Hassan sa rencontre avec la presse après son élection à la tête du Mémorial de la fondation de la wilaya IV historique. «L'objectif principal de la fondation est l'écriture de l'histoire», rappelle-t-il, «nous travaillons à rassembler les témoignages tant que les acteurs sont encore vivants; une fois les informations récoltées nous les réunirons pour les transmettre aux générations. C'est le serment que nous avons fait aux martyrs de la Révolution». Mais les moyens manquent. L'initiative de la wilaya IV est venue après les échecs successifs, depuis l'annonce faite par Chadli Bendjedid en son temps, mais rien n'a été fait. «Il faut une volonté politique pour la prise en charge de l'écriture de l'histoire», lâche-t-il, «car quelle que soit la nature de l'initiative, elle a besoin de soutien conséquent». Les réticences sont connues. Certaines vérités ne peuvent être dites. Khattib répond: «Il faut que la vérité soit dite. Et que chacun apporte son témoignage». Dans son discours de clôture des travaux du congrès, il avertit: «A partir de cet instant nous ne pardonnerons plus à celui qui portera atteinte à notre histoire ou fera obstruction à notre initiative». Le communiqué final annonce la création d'une commission qui regroupera des spécialistes en la matière et qui se chargera d'élaborer une méthode de travail pour finaliser l'opération d'enregistrement des témoignages des moudjahidine. Les congressistes insistent également sur la coordination avec le ministère de l'Education nationale dans le but de sensibiliser les nouvelles générations sur leur histoire et les préparer à mieux appréhender l'avenir. Comme ils demandent aux autorités de classer leur fondation dans le cadre «utilité publique» afin de lui permettre d'achever sa mission. Ils lancent enfin un message à l'ONM pour l'associer à leur ouvrage et aux jeunes pour s'intéresser à leur histoire. Mais qui est le président? Le docteur Youcef Khattib, alias colonel Hassan, originaire d'El Asnam (Chlef), était un sacré joueur de football. Il a commencé junior dans les Lions d'El Asnam (ASO actuellement) pour devenir titulaire en première division. Etudiant en médecine, il rejoint le maquis suite à l'appel de la grève des étudiants. Il ne quittera le maquis qu'après l'indépendance. Il a côtoyé Bougara, Bounaâma, Si Salah et tous les héros de la Révolution morts au champ d'honneur. Il a gravi les échelons jusqu'au grade de colonel de l'ALN et est devenu le dernier chef de la wilaya IV historique. Après l'indépendance, il a terminé ses études de médecine. Il exerce aujourd'hui dans son cabinet privé. Il a présidé la Commission du dialogue national en 1993 puis obtenu un poste de conseiller du président Zeroual qu'il quittera pour se consacrer à l'écriture de l'histoire. «Nous avons fait un serment aux martyrs, il faut le respecter», dit-il.