Ahmed Ouyahia a défendu bec et ongles le bilan économique de son staff. Le chef du gouvernement a assuré qu'il ne reculera pas sur des décisions stratégiques déjà prises. Lors d'une conférence de presse tenue, hier à Djenane El Mithaq, M.Ahmed Ouyahia a défendu bec et ongles le bilan économique de son staff. L'enjeu est de taille: «La crise qui a fait basculer le pays dans un bain de sang, tire son origine aussi dans la situation économique très fragile durant la fin des années 80», a-t-il souligné. Ouyahia a reconnu que « la paix dérange ceux qui pêchent dans les eaux sales», en abordant le dossier de la corruption. Ce dernier a commencé par les scandales financiers, pour assurer de prime abord que «l'Etat n'a pas l'intention de liquider toutes les banques», mais il sera très rigoureux en cas de fraude. «J'ai été même obligé de déposer une plainte contre un directeur de banque publique pour dépassement», a-t-il souligné. Le chef du gouvernement a assuré qu'il ne va pas reculer sur des décisions prises, concernant l'interdiction de l'importation des véhicules de moins de trois ans ou encore l'augmentation du capital des sociétés d'importation à 20 millions de DA ou le dépôt des avoirs des sociétés publiques dans des banques du secteur, même si, a-t-il avoué, cela va nous coûter notre accession à l'OMC. Révélant pour la première fois que les négociations avec l'OMC butent sur ces trois points. Le développement économique constitue donc un élément essentiel pour l'Exécutif dans le processus de rétablissement de la paix et la sécurité dans le pays. «Nous avons lancé des chantiers, d'autres s'ensuivront. Les batailles d'arrière-garde et les débats secondaires n'intéressent pas le gouvernement». Dans son exposé, M.Ouyahia a parlé de cadre macroéconomique positif caractérisé essentiellement par une situation financière stable, une croissance qui stagne dans un taux très appréciable depuis près d'une décennie. L'inflation est maîtrisée pour la huitième année successive au seuil de 1,6%. La liste des réalisations est longue. Elle comporte aussi, le montant global des enveloppes allouées au programme quinquennal de soutien à la croissance et aux programmes de développement des régions du Sud et des Hauts-Plateaux qui atteint les 100 milliards de dollars. Il y a aussi les 1200 milliards de DA, soit plus de 16 milliards de dollars alloués à l'investissement. Par ailleurs, le chef du gouvernement a souligné que l'Etat respectera ses engagements dans le domaine du logement et de l'emploi. Rappelant pour le dernier point que le taux de chômage en Algérie qui se situait à 15,3% à la fin 2005, sera réduit à moins de 10% d'ici l'année 2009. Plus de 1,4 million d'emplois ont été créés entre 2005 et 2006, dont 684.000 uniquement pour l'année précédente. Autant de postes seront créés durant les prochains mois. En matière d'habitat, le projet de 1 million de logements ayant suscité beaucoup d'appréhensions se confirme sur le terrain. «132.400 logements ont été livrés en 2005 et 600.000 autres sont en chantier». Mais le véritable «exploit» a été réalisé dans le remboursement de la dette. La dette globale de l'Algérie qui était de 21,4 milliards de dollars à la fin 2004 se situe actuellement, à 15,6 milliards de dollars. Ouyahia a annoncé que l'Algérie a décidé de payer par anticipation toute sa dette publique échelonnée à 8 milliards de dollars au Club de Paris. «On a fait une demande en ce sens au Club de Paris», a-t-il précisé. Faisant savoir que la dette contractée par l'Algérie auprès de la Russie, estimée à 4,7 milliards de dollars et qui vient d'être annulée par Moscou, n' «était pas comptabilisée dans la dette globale car, a-t-il expliqué, elle était évaluée en roubles et datait depuis longtemps». «Il nous a fallu de longues discussions » avec la partie russe pour établir son évaluation en dollars. C'est le règlement du problème de la dette russe qui a permis d'ouvrir les portes du Club de Paris pour payer par anticipation la dette algérienne. La même procédure sera suivie auprès du Club de Londres pour la dette commerciale avoisinant 1 milliard de dollars. Mais cette embellie financière du pays doit être prise avec rigueur et prudence. «Il ne faut pas sombrer dans des politiques populistes. Notre économie dépend, et d'une manière entière, des hydrocarbures», a affirmé le conférencier en réponse à une question sur la réévaluation des salaires. Sur ce dossier, le gouvernement Ouyahia, soutenu par le président de la République n'a nullement l'intention de reculer, réitérant que la révision est dépendante de trois paramètres essentiels à savoir, «l'inflation, la productivité et la croissance», anticipant ainsi sur les résultats de la tripartite dont la date n'a pas été fixée. Le chef du gouvernement a été incapable, hier, de nous fournir un échéancier. « Nous avons un grand plan de charge dans lequel sont inscrits les salaires et le pacte social. Il sera indélicat de ma part d'avancer une date». «L'essentiel, a-t-il ajouté, est que nous avons réussi à retirer le dossier des salaires du marché de la surenchère politique». Le projet de loi sur la Fonction publique sera soumis aux instances législatives avant la fin du mois en cours. Selon le conférencier, aucun poste de travail n'a été perdu à la suite de la privatisation selon ses statistiques, 250 opérations de privatisation ont été réalisées durant les 30 derniers mois, dont 142 en 2005 et 37 partenariats. 124 sociétés ont été récupérées par des Algériens et 81 ont été vendues aux travailleurs.