Les décantations se font de plus en plus manifester sur la scène politique nationale. La conjoncture que traverse le pays est en train de dégager des situations politiques disparates et antagoniques en même temps. Le PAD a opté pour un rassemblement à la fin de la semaine dernière passée à Béjaïa dont le bien-fondé de l'initiative consistait en la libération des détenus et la solidarité avec les travailleurs de Numilog licenciés par le patron de Cevital, Isaad Rebrab. Mais le hic dans l'affaire de rassemblement du PAD qui n'a pas pu glaner des manifestants pour la circonstance, c'est que les «animateurs» de ce rassemblement ont vite annulé leur «rassemblement», et pour raison, c'est que le procès des détenus en question a été reporté pour une date ultérieure. Mais cette attitude n'est pas passée sans qu'elle ne laisse des réactions de la part de ceux qui ont pris acte de soutenir les travailleurs de Numilog et afficher leur solidarité à leur égard. Les représentants du PAD ont préféré abandonner la démarche de rassemblement, c'est ce qui a suscité le courroux de nombreux travailleurs qui sont venus pour exprimer leur soutien indéfectible au profit des travailleurs licenciés. Cette attitude a dénudé les animateurs du PAD qui se sont démarqués de la question des travailleurs licenciés et voulaient juste l'inclure dans leur plate-forme de revendication, d'une manière formelle. C'est-à-dire faire de cette revendication une sorte de démarcation symbolique pour les éléments du PAD, lesquels ne seront pas taxés de proches de la ligne politique néolibérale. Mais le rassemblement raté de Béjaïa a fait le reste en les désavouant auprès des travailleurs et les classes sociales défavorisées. Autrement, pourquoi le rassemblement n'a pas connu son chemin comme cela a été conçu dès le début? À moins que tout cela n'ait été fondé sur l'idée de soutien aux détenus et que l'affaire des travailleurs licenciés ne soit qu'un épiphénomène? Cette décantation a montré que les 196 travailleurs licenciés de Numilog n'ont pas d'importance et qu'ils ne méritent pas que leur cause soit plaidée et défendue, y compris à travers un rassemblement pour dénoncer la décision abusive du patron de Cevital. Cela était prévisible de par les prises de position qui se sont exprimées depuis la mise en place de ce microcosme se voulant le représentant de la mouvance démocratique. Le processus en cours vient de démontrer que ce semblant de mouvement est complètement frappé de contradictions et d'approches hétéroclites. Beaucoup de formations qui le composent sont en train de faire dans un «oppositionnisme» béat et burlesque, pour preuve, c'est que avant l'irruption de l'élan populaire du 22 février elles étaient dans une logique de soutien sans ambages de l'ancien régime en allant jusqu'à défendre le programme mordicus dudit régime moyennant une contrepartie de la rente politique. Le PAD est voué aux gémonies à cause de son approche disparate et négationniste sur les questions cruciales de la crise politique que vit le pays et les voies et moyens pour une issue salvatrice de ladite crise. La transition défendue par ce microcosme hétéroclite est celle qui déroulera le tapis aux forces obscurantistes de l'islamisme et ses alliés pour mettre le pays dans une spirale infernale, alors que certaines forces politiques de ce microcosme défendaient bec et ongles le système honni et pestiféré par la majorité du peuple algérien, qui s'est soulevée contre lui et contre ses pratiques. La problématique des éléments qui constituent le microcosme du PAD, c'est celle de l'absence d'ancrage populaire et de présence politique réelle sur le terrain. Mais ils se donnent l'image d'un mouvement qui fait du bruit dans des rassemblements et des manifestations spontanées du peuple algérien lors de ses sorties dans la rue; or le PAD reste au demeurant un mouvement nombriliste, sans force populaire, ni présence réelle dans les structures de la société. D'ailleurs, cette faille est pour beaucoup dans ses choix qui ne riment pas avec la réalité du terrain et les enjeux qui s'imposent sur la scène politique nationale. La mouvance démocratique doit s'inspirer des contradictions de la société sur la base de la mobilisation réelle et non pas en se dissimulant derrière des dynamiques populaires et spontanées et en versant dans le populisme le plus piètre pour se donner une image d'un mouvement réel qui pénètre la société.