Les travailleurs licenciés de Numilog sont en train d'écrire une page glorieuse dans les luttes syndicales. C'est une page certes, douloureuse, écrite par la souffrance des travailleurs sans argent pour nourrir leurs familles. Mais ils ont de l'audace et du courage qui leur permettent de résister et de faire face à la tyrannie de patrons qui ont cru que les attitudes scélérates sont en mesure de faire taire la voix juste des travailleurs qui ne lésinent pas pour maintenir leur mobilisation contre la décision abusive de leur licenciement, mais aussi leur attachement à mettre en place une nouvelle tradition de lutte syndicale qui doit être le produit de l'organisation horizontale en synergie avec le monde réel qui a trait à la démarcation claire et nette par rapport à leurs intérêts matériels et socioprofessionnels. Les 196 travailleurs de Numilog ont défrayé la chronique en maintenant la mobilisation intacte et sans relâche. Ils ne décolèrent pas malgré des attaques émanant de certaines forces hostiles au combat syndical authentique et la mobilisation sociale porteuse d'un contenu nuancé sur le plan de classe. La revendication de droit syndical dans une société privée ce n'est pas une sinécure, c'est un parcours du combattant en Algérie. L'exemple de Numilog est un cas d'école, ces travailleurs persistent dans leur combat légitime en donnant ainsi une leçon aux autres syndicats qui se disent autonomes alors que le corporatisme bat son plein. Militer pour un syndicat fort et combatif dans un secteur économique et de surcroît privé, ce n'est pas une chose reluisante. Le début de l'élan populaire du 22 février avait donné l'image d'une Algérie unie et soudée, mais avec la mobilisation continuelle, les choses commençaient à s'esquisser avec clarté quant au combat des travailleurs et leur quête pour une organisation digne de leur idéal, à savoir l'amélioration de leurs droits socio-économiques et la reconnaissance de l'autonomie de leur combat syndical. Mais cette réalité, qui a émergé avec l'élan populaire, a permis aux travailleurs, à travers le mouvement connu par le nom des «travailleurs de Numilog», de faire son bonhomme de chemin avec opiniâtreté et persévérance pour arracher leurs droits légitimes et se doter d'une section syndicale telle qu'exigée par les lois de la République. Certes, ces travailleurs militent seuls avec leurs camarades éparpillés ici et là, mais leur combat montre déjà la voie et se démarque des solutions visant à dénaturer la nature des luttes sociales et syndicales, mais au demeurant, ce sont des luttes politiques par excellence. Nous assistons à une nouvelle forme de luttes syndicales, c'est une démarche qui correspond à un contexte politique et économique et social dont le recul devient une sorte de hara-kiri et une sorte d'écrasement de ce qui reste comme force réelle dans la société, à savoir les travailleurs et leur force agissante.