Il semble que les démarches politiques qui s'inscrivent dans le «processus» de transition ont été reléguées aux calendes grecques. C'est le moins que l'on puisse dire de la démarche de la plate-forme de l'alternative démocratique (PAD). La mouvance démocratique est en train de connaître un émiettement saillant, les éléments qui constituaient le PAD ne sont plus au rendez-vous. La cassure est manifeste, surtout depuis que le Mouvement populaire du 22 février 2019 s'est mis à verser dans les antagonismes et les tiraillements idéologiques ainsi que la bataille de leadership et de l'hégémonie. Mais la situation qui affecte les composantes du PAD est d'ordre politique par excellence, aucun courant n'est en mesure de mobiliser les forces sur le terrain des luttes et de la mobilisation populaire. C'est le paradoxe qui s'exprime avec acuité pour une mouvance qui se disloque dramatiquement sur l'autel des divisions d'ordre idéologique et de calculs politiciens sordides. Plusieurs partis et mouvement qui se reconnaissaient dans le conglomérat du PAD ont déserté cet espace qui se voulait un cadre de réorganisation des forces démocratiques et de renforcement des liens pour faire face aux enjeux en cours depuis l'émergence de l'élan populaire du 22 février 2019. Le Front des forces socialistes (FFS), a exprimé son approche quant à la démarche politique à entreprendre. La dernière des réactions de ce parti est celle de sa rencontre avec un parti islamiste. C'est dire que la mouvance dite démocratique est minée par des lectures et des appréhensions qui frisent le paradoxe et l'éclectisme. Cette rencontre entre le FFS et le MSP enfonce davantage le PAD en tant que force qui cherche à rassembler les partis démocratiques dans un cadre censé enclencher une alternative sociétales face à la déferlante islamo-conservatrice. Le PAD qui était signataire d'une plate-forme où la nébuleuse islamiste de Rachad est incluse est en train de payer les frais de sa myopie politique et de son amateurisme saillant. La mauvaise lecture des enjeux et des contradictions d'une conjoncture politique mènent inéluctablement vers une impasse. La voie empruntée par le PAD était d'avance une voie qui allait mener vers une issue faite d'effritement et de division. On ne peut pas réclamer une transition et une constituante dans un contexte où la démarche elle-même se retournera contre ses promoteurs idéalistes et utopistes. Une transition est un piège politique et stratégique, il va permettre aux forces rétrogrades constituées de l'alliance islamo-conservatrice d'envahir la scène politique nationale avec comme conséquence une crise sociétale majeure ouverte sur les possibilités de la dislocation de l'Etat national et la mise en oeuvre d'un processus chaotique. L'erreur du PAD est le fait d'avoir cru en sa force qu'il a assimilée à celle d'un Mouvement populaire qui charrie tous les spectres et les tendances sans pour autant qu'il soit harmonieux et homogène. Cette erreur était fatale pour un PAD qui a été livré à des querelles et des approches hétéroclites qui s'inscrivent en porte-à-faux par rapport aux principes fondamentaux d'une mouvance démocratique et ses préalables. C'est ce qui explique le désert et le vide qui frappe de plein fouet le conglomérat du PAD dont les forces sont complètement éparpillées et divisées. L'enjeu démocratique reste posé, mais la naïveté politique d'un PAD sans objectifs bien réfléchis et pensés ont fait capoter l'idéal d'un projet démocratique en mesure de se proposer comme alternative crédible en assumant son projet de société sans faire recours à un discours opportuniste pour faire rallier, y compris des forces dont le fondement démocratique en tant que doctrine et démarche est dépourvu de sens, voire antidémocratique même. Le PAD est victime de son ego surdimensionné, à telle enseigne qu'il s'est permis de parler et s'autoproclamer représentant du Mouvement populaire. Il a reproduit la même démarche hégémonique et rétrograde de la nébuleuse islamiste qui s'est infiltrée au sein du Mouvement populaire pour le squatter et le dévier de sa trajectoire initiale.