Les intervenants ont abordé les problèmes inhérents non seulement à l'exercice de leur profession mais aussi au secteur de la justice en général. Ils étaient pas moins de 1200 avocats à participer à la conférence nationale des avocats, organisée ce week-end au Palais des nations, à Alger. tenue sous le thème «De la défense des principes de la Révolution à la défense de l'Etat de droit», la conférence était une occasion propice aux avocats algériens de débattre aussi bien de la réforme de la justice que du statut des robes noires en Algérie. «Cette conférence vous permettra, sans nul doute, d'examiner les questions d'ordre professionnel, juridique et organisationnel à même de promouvoir la profession et consolider les droits de la défense. Ces questions sont, en effet, intimement liées aux concepts de droit, de liberté, d'égalité et de justice », a souligné le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, à l'ouverture de cette conférence. Ainsi, les intervenants qui se sont succédé à la tribune, ont abordé les problématiques inhérentes non seulement à l'exercice de leur profession mais aussi au secteur de la justice en général. Pour Me Issad, «aujourd'hui et plus que jamais, il faut revoir la formation des avocats». Justement ce qui manque à la corporation actuellement c'est la formation. Ce volet revêt d'ailleurs une importance capitale sur laquelle les autorités - à leur tête le ministère de la Justice - devraient impérativement se pencher. Cette problématique n'a pas été relevée seulement par Me Isaad, mais par plusieurs autres intervenants. Elle a même été évoquée lors des débats qui ont eu lieu au courant des deux journées qu'a duré la conférence nationale des avocats. Il est à noter que le président de la République a, dans son allocution d'ouverture, appelé à la création d'un centre pour la formation des avocats. Cette décision a été saluée par l'ensemble des bâtonniers présents. «L'amélioration et le perfectionnement de la formation des avocats est l'une des conditions sine qua non si on veut relever le niveau de notre profession», a insisté le bâtonnier Ahmed Sey. Ce dernier a également appelé à faire bénéficier l'avocat de stages à l'étranger, relevant par la même occasion «le manque» de documents et d'ouvrages de référence utiles pour la défense. Il convient de souligner que, jusqu'à présent, la majorité des stages de formation organisés, soit ici en Algérie ou à l'étranger, sont destinés au profit des magistrats. Ceci est le cas également des colloques et journées d'étude organisés en Algérie par des délégations américaines ou françaises, en collaboration avec le ministère de la Justice. De son côté, le bâtonnier Ahmed Reda Boudiaf a abordé, dans une communication, «les perspectives de la profession d'avocat» les textes régissant la profession. Il a souligné, dans cette optique, que «l'intégrité et la compétence doivent distinguer tout avocat dans l'exercice de sa profession», relevant la nécessité d'établir un code de déontologie pour l'avocat. Aussi, durant les débats, les membres du barreau issus de différentes wilayas du pays ont surtout soulevé la «non-application de la loi qui octroie des droits à la défense». Ils ont ainsi, appelé à la création d'une structure de «haut niveau» dont la mission serait de veiller à clarifier les rapports entre la défense et le corps de la magistrature. Par ailleurs, loin de cette réalité qui est celle du secteur de la justice en Algérie, le représentant du Collectif du Front de libération nationale (FLN), M.Mohamed Hadj Hamou, a, dans son intervention, rappelé «la formidable solidarité dont ont fait preuve les avocats belges et français lors de la guerre d'indépendance». Dans ce contexte, il a rappelé l'assassinat, après la torture par la police coloniale, il y a 49 ans, du chahid Ali Boumedjel, avocat au barreau, soulignant qu'»aussitôt après, dix avocats algériens étaient arrêtés et emprisonnés dans les camps d'internement». Le président de la République a, dans ce sens, souligné que «un tel sacrifice n'est nullement étrange aux membres de la famille de la défense qui fut, de tout temps, à l'avant-garde de la lutte des sociétés pour la concrétisation de la liberté, de la justice et de la paix». Il ne va pas sans ajouter que c'est «ce qui explique le soutien, avec courage et abnégation, d'honorables avocats étrangers» qui ont embrassé «la cause algérienne, pendant la guerre de libération. Certains payèrent de leur vie ces nobles positions humaines, d'autres sont encore vivants».