La dernière tripartite tenue les 2 et 3 décembre 2009 a décidé d'actualiser les conventions de branches. Des conventions censées apporter un plus aux travailleurs, notamment en matière d'amélioration de leurs revenus. Le processus étant désormais entamé, il reste que des entreprises, même si elles s'engagent à respecter les termes des futurs accords seront dans l'impossibilité de les mettre en application. Et pour preuve ! Elles se débattent dans des problèmes quasi inextricables. Voire s'interrogent sur la manière de survivre. Pourtant, le gouvernement s'était engagé à assainir les entreprises économiques fiables et qui peuvent avoir des parts de marché. C'est le cas de Tarsi (Entreprise de montage et de maintenance industriels), créée en 1968. Issue de la restructuration de la SN Métal, Tarsi a dans son escarcelle de nombreuses réalisations avec une main-d'œuvre algérienne et, de surcroît, qualifiée. Ainsi, à titre d'exemple, c'est elle qui a réalisé le montage de l'unité de production des huiles d'une capacité de production de 75 000 barils/jour pour le compte de Brown & Root condor à Hassi Berkine et une centrale électrique de trois turbines à gaz dans la même région pour le compte d'une entreprise italienne. Tarsi a également réhabilité la cimenterie de Chlef à travers la rénovation du four de cuisson et de la cheminée. Elle a également réalisé les centrales thermoélectriques de Mers El Hadjadj, Cap Djenet et Jijel au profit de Sonelgaz. Pour Naftal, elle a réalisé le montage de bacs de stockage. Plus que cela. Elle a pris part au GNL1 et le GNL2. Pourtant, elle sera dans l'incapacité de soumissionner pour le GNL 3, dont le marché a été octroyé à deux entreprises, japonaise et italienne, qui vont importer 3 000 travailleurs étrangers, alors que l'avenir de 1 400 employés de l'entreprise de montage et maintenance industriels est compromis. Un plan de sauvetage s'impose D'ici au mois de juin prochain, c'est-à-dire dans trois mois, elle risque de mettre la clé sous le paillasson, si elle ne s'acquitte pas de sa dette envers la banque. Une dette qui pourrait être prise en charge par le Trésor public comme il le fait avec d'autres entreprises autrement plus endettées. Tarsi agonise alors qu'elle peut utiliser ses ouvriers, main-d'œuvre qualifiée et savoir-faire, en sous-traitance. Seul son assainissement est à même de la sauver. «Nous n'avons pas de marchés. Parce qu'en tant que sous-traitant, on impose des conditions draconiennes. En termes de qualité et de respect de délais. Ce qu'on faisait avant que la concurrence déloyale n'entre en scène sur le marché algérien», nous dira Soum Salah, membre de la Fédération nationale des industries métalliques et électroniques qui nous a fait visiter l'entreprise en compagnie des cadres syndicaux de Tarsi. Notre interlocuteur nous a indiqué que la direction de Tarsi a introduit deux dossiers d'assainissement (l'un en 2005 et l'autre en 2007), transmis via la SGP Construmet, au Conseil national des participations de l'Etat, présidé par le Premier ministre Ahmed Ouyahia et dont le secrétaire général est le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. Depuis, employés, cadres et dirigeants sont en attente d'une réponse, favorable au demeurant, qui les sortirait de cette crise. A la question de savoir pourquoi la banque ne leur accorderait pas un échéancier, nos interlocuteurs nous ont affirmé que Tarsi a bénéficié d'un crédit à court terme. Aussi, il est impossible d'aller plus loin dans les délais. M. Soum, qui se veut très optimiste, ne cache pourtant pas sa crainte que, faute d'assainissement et de prise en charge, les licenciements seraient massifs. «Ils coûteront d'ailleurs plus cher si la dette était épongée.» Patriotisme économique à sens unique Revenant sur l'avenir de l'entreprise, notre interlocuteur s'interrogera sur les raisons qui ont poussé les pouvoirs publics à ne pas avoir octroyé de marchés à son entreprise dans le cadre de ce qu'on appelle communément aujourd'hui le patriotisme économique. «Est-il à sens unique ?», s'est demandé Salah Soum. Comme il s'est demandé pourquoi Chaudral (du même secteur) est l'unique entreprise a avoir été mise sur la liste des entreprises à assainir. L'assainissement, martèle encore ce cadre syndical, permettra à l'entreprise de se redynamiser et même d'investir pour renouveler le matériel aujourd'hui obsolète. «Nous n'avons rien à envier aux groupes étrangers. Nous faisons le même travail qu'eux. Nous avons le droit d'être inscrits pour les marchés dans le cadre des grands projets lancés par le président de la République, nous sommes capables de relever les défis. Tous ce que nous demandons, c'est la répartition équitable des richesses en termes d'octroi de marchés». Et d'ajouter : «Le gouvernement parle de réduction de chômage et de création d'emplois. N'est-il pas plus important justement de préserver déjà ceux qui existent et éviter les drames des licenciements, avec tout ce que cela impliquerait comme conséquence ?» La Centrale syndicale a déjà été saisie du dossier. Mais, pour le moment, rien ne semble pointer à l'horizon. Mais une chose est sûre : si la dette n'est pas prise en charge, Tarsi ne pourra pas assurer le paiement des salaires, ce d'autant qu'elle paie au titre de la dette, 5 à 6 milliards d'intérêts à la banque. Cela sans compter que l'entreprise a eu maille à partir avec la CNAS à laquelle elle ne paie plus les charges de l'unité d'Oran. F. A.