Quatre heures d'intervention. 940 personnes interpellées. Quatre cent cinquante officiers et agents de police, 30 voitures de police et 6 bus pour plus de 20 lieux, les plus sensibles de la wilaya d'Annaba. Quatre heures d'intervention. 940 personnes interpellées. Une équipe de journalistes pour suivre l'événement d'un jeudi noir pour la délinquance. Ce sont là les principaux ingrédients, non pas d'un scénario de «thriller», mais d'une véritable opération coup de poing menée jusqu'à minuit par les éléments de la Sûreté de wilaya d'Annaba. Une vingtaine de descentes qui ont surpris plus d'un dans une ville que l'on classe sur le podium des villes touchées par le grand banditisme et le crime organisé. Annaba n'échappe pas au fléau des grandes métropoles qui prend des proportions inquiétantes, jour après jour. Pour preuve, les statistiques de la Dgsn la classent dans le rang des villes menacées du pays après Alger, Oran et Constantine. Pour preuve aussi, les bilans hebdomadaires établis par les services de Sûreté de wilaya. Ainsi, la lutte contre la criminalité organisée, dont l'exemple a été donné ce jeudi à Annaba, est significative d'une entreprise continue et un travail de longue haleine qui ne donne pas droit au répit. Et ceci dans le seul but d'assainir la ville d'un phénomène qui empoisonne le quotidien des citoyens. Pour cela, 450 officiers et policiers étaient mobilisés jeudi soir pour un scénario joué pour de vrai. Les quartiers les plus sensibles ont été ciblés, Sidi Salem, la cité Seybousse, Safsaf, Sidi Achour, la Colonne, le centre-ville et autres. Le convoi prend la direction du parc d'attraction de Sidi Achour. Comme chaque jeudi, beaucoup de familles, des proies faciles, s'y trouvent à la recherche d'un moment de détente. Le parc est pour cela une cible facile pour les délinquants de tout genre, allant de l'agresseur à la bombe lacrymogène jusqu'au voleur à la tire. Pour cette fois, le parc n'est pas la cible, c'est plutôt La Nouvelle étoile, une boîte loin d'accueillir la crème de la société. Malheureusement, et à la grande surprise de tous, la présence de certains ex-cadres de la wilaya qui, dans un passé non lointain, faisaient trembler une certaine frange de la société. La fouille fait état d'interpellations de jeunes sans pièces d'identité ou portant des armes blanches. Ils iront s'en expliquer au poste de police. Sidi Salem, l'étape suivante, une banlieue distante de 2 km du chef-lieu de wilaya, semi-urbaine et où le quotidien des jeunes est fait de chômage et d'oisiveté. Des ingrédients de choix pour les déviations vers la délinquance. Quand le convoi débarque sur cette autre facette d'Annaba, le constat est effarant. Des buvettes éparpillées çà et là. Ces mahchachates grouillaient de femmes et hommes qui s'adonnaient à différents vices, allant de la consommation de boissons alcoolisées à la drogue, en passant par la prostitution. Même constat et même décor désolant pour la cité Seybousse, qui pullule de bidonvilles des sombres années soixante-dix, et où un grand nombre de délinquants y trouvent refuge après avoir commis leurs forfaits. El Sarouel, une autre étape ciblée par les descentes. Une bourgade semi-rurale, totalement démunie et déshéritée. 50% des habitations sont précaires ou illicites. Il fait noir. Le chemin qui y mène par El Bouni est lugubre et donne des frissons. Les interpellations effectuées sont soit, pour port d'armes prohibées, soit pour consommation de boissons alcoolisées sur la voie publique, soit pour les deux. A la cité Safsaf, la Colonne et les quartiers des Lauriers roses, le 8-Mai-45, ainsi que le centre-ville, pour les Annabis, ces «villes dans la ville», sont réputées pour le nombre impressionnant de cambriolages commis de jour comme de nuit, sans pour autant oublier les agressions sous toutes leurs formes et avec tous les moyens, armes blanches, bombes lacrymogènes et même l'électrochoc. S'ajoutent à cela le trafic de drogue et autres forfaits. Bien que d'autres lieux aussi sensibles que ceux raflés ce jeudi-là, ont été programmés pour la semaine prochaine, telles les boîtes longeant tout le littoral d'Annaba, et connues sous la fameuse appellation de «Malahi». Quatre heures de temps auront été suffisantes pour ainsi interpeller 940 individus dont 9 étaient recherchés pour divers délits et crimes. Neuf ont été arrêtés en possession d'armes blanches et bombes lacrymogènes, totalisant ainsi une saisie de quelque 100 grammes de kif traité et environ une centaine d'armes blanches et une cinquantaine de bouteilles de boissons alcoolisées. Quant aux bars et autres mahchachattes, la descente a permis aux éléments de la Sûreté de wilaya de procéder à la fermeture de 4 d'entre elles dans les localités de Sidi Salem et Seybouse, ainsi que la fermeture de 3 bars situés en plein centre-ville d'Annaba, à savoir le Maxe-ville, El Kahina et Kaous-kouzah. Quant au plus vieux métier du monde, le bilan est tout de même satisfaisant, puisqu'il fait état de l'arrestation de 11 jeunes filles, dont l'âge varie entre 16 et 20 ans, venues notamment d'Oran, Souk Ahras, Alger, Tébessa et autres wilayas limitrophes. La descente s'est soldée par la surprise en flagrant délit d'un attentat à la pudeur sur la voie publique aggravé par le délit de conduite en état d'ivresse d'un couple d'homosexuels. A ce sujet, il faut rappeler qu'Annaba voit le nombre des homosexuels en constante augmentation, d'où leur exhibition se fait de plus en plus normale et sans la moindre gêne, ce qui a permis aux travestis d'envahir les grandes artères de la ville.