Hjar El Ghoula, un site où devait être réalisé un projet de logements urbains au profit d'une soixantaine de familles. Sur une colline à El Hamma, dont le terrain est instable, ce site suscite toutes les interrogations. La première question qui est posée: où est ce site? Des maisons de fortune aux travaux inachevés depuis 2012. Beaucoup sont inondées puisque le site choisi s'avère être celui d'une nappe d'eau. À notre arrivée, on sent déjà que l'endroit était lugubre, quelques enfants en bas-âge jouaient dans la boue. Surpris par notre visite, le sourire ne quittait plus leurs petits visages angéliques, marqués par la misère. Des enfants qui manquent de tout. Leurs regards ne nous ont pas quittés au moment où leurs parents se plaignaient de leur situation où les mots manquent pour la décrire. Abandonnées à leur triste sort, ces familles sont sans gaz ni électricité. Pas d'école pour les enfants qui doivent parcourir un long chemin pour arriver a leurs établissements scolaires. C'est à bord d'une motocyclette que ce papa accompagne ses deux enfants à l'école. D'autres se débrouillent avec les moyens du bord. Pour se soigner, c'est encore un autre problème, puisque un centre de soins est inexistant. Il faut descendre la colline très difficile d'accès par véhicule, jusqu'au village où, même ici, le manque de commodités est flagrant. L'un des habitants de ce site nous a déclaré «On n'a droit à rien, comme si on est coupé du monde. On a froid, on a faim et on a besoin de lumière, mais hélas, aucun responsable n'a eu le temps de venir constater de lui-même la misère dans laquelle on vit car on a oublié ce qu'est la vie.» Un autre estime que «ce n'est pas une zone d'ombre, mais une zone noire». Petit à petit, les habitants de ce site se lâchent pour dénoncer l'arbitraire des autorités qui n'ont pas donné suite à leurs doléances dont des copies nous ont été remises. Ils déclarent: «À chaque installation d'un nouveau wali on fait part de notre situation, mais aucun n'a senti le besoin de venir, on vient de solliciter le nouveau wali et on espère que ce dernier réagira contrairement aux autres.» Ils poursuivent: «Certains d'entre nous n'ont même pas encore leurs actes de propriété; depuis 2012, ils vivent comme des clandestins.» Sur le site que nous avons visité au complet, on constate les dégâts énormes causés par les chutes de pluie. Des maisons fissurées, d'autres décalées, risquant de s'effondrer à n'importe quel moment. Les habitants se débrouillent pour consolider leurs «abris» et l'argent qui leur a été fourni par l'Etat, soit 700 000 DA, n'aura servi à rien. Le contexte a provoqué même des maladies chez les enfants en bas âge et les plus âgés comme l'asthme qui est une maladie respiratoire chronique. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a été le premier à mettre en lumière ces zones à travers le film documentaire traitant, pour la première fois, sous tous les angles la souffrance des populations de ces zones, réalisé à sa demande et projeté devant les walis de la République. Qu'est-ce qui a été fait depuis ce temps? Combien de zones d'ombre compte le pays? Pourquoi jusqu'à présent des Algériens appellent au secours? Pourquoi cette absence de suivi? Qui bloque la voix de ces misérables citoyens? Pourtant, ils ont tous le droit aux soins, à l'école, au gaz et à l'électricité, subventionnés par l'Etat. En juin dernier, le ministre, conseiller à la Communication, porte-parole officiel de la présidence de la République, Belaïd Mohand Oussaïd, avait indiqué que le dossier des zones d'ombre faisait l'objet d'un suivi quotidien sur le terrain au plus haut niveau de l'Etat et que le devenir des responsables locaux était lié à celui de ces régions. Il a rétorqué que «c'est là une affaire très sérieuse qui ne supporte aucune démagogie ou manipulation de sentiments, et l'ère de ceux qui y ont excellé est révolue». Néanmoins les choses vont à contresens.