Inquiétante, la situation sanitaire en Algérie l'est. C'est ce qu'a déclaré, le ministre de la Santé. Intervenant, vendredi soir, sur le plateau de l'Entv, le professeur Benbouzid n'a pas caché sa crainte de voir la courbe de contamination reprendre sa folle tendance haussière car, comme il l'expliquera, le relâchement constaté sur le terrain est total. «J'ai effectué plusieurs visites de terrain, dans plusieurs wilayas du pays et je peux vous dire qu'en dehors de l'équipe qui m'accompagnait, aucun citoyen ne portait un masque.» Pour le ministre, ce laisser-aller s'explique par la stabilité qu'a enregistrée le pays dans l'évolution de la pandémie, depuis plusieurs semaines. «Les gens pensent que parce que l'Algérie a réussi à maîtriser la propagation, le risque a disparu» dit le ministre avant de renchérir «ce n'est pas vrai. Le danger est là et il est très sérieux ! Le virus circule toujours et il n'y a pas à ce jour de vaccin ». Tout en rappelant les dégâts que cause la deuxième vague de la pandémie dans plusieurs pays du monde, le professeur Benbouzid continue d'alerter : «Certes nous sommes toujours à moins de 300 cas et les décès ne dépassent pas la dizaine quotidiennement, mais c'est l'avenir qui fait peur. Si nous n'appliquons pas avec rigueur les mesures barrières, nous risquons de revenir à une situation pire que celle enregistrée en juillet dernier.» L'apparition de deux nouveaux clusters à M'sila et Jijel doit donner l'alerte, insiste le ministre qui annonce l'entame des enquêtes épidémiologiques sur le terrain pour identifier les raisons de la propagation du coronavirus dans certaines wilayas. Il annonce également, la tenue d'une réunion (hier, ndlr) avec les directeurs des établissements hospitaliers pour débattre de l'évolution des contaminations, mais aussi pour se préparer à toute éventualité. Le professeur Benbouzid qui fait état d'un taux d'occupation de lits de 19%, souligne que cette période de répit dans la lutte contre la pandémie sera consacrée à une préparation sans faille pour faire face à toute évolution de la situation. Le ministre qui a reconnu l'épuisement des professionnels de la santé après des mois de lutte sans répit, a tenu à leur rendre un grand hommage, notamment aux victimes du Covid-19 dont le nombre a atteint 103 alors que le nombre du personnel contaminé a dépassé les 7000 cas. Revenant sur l'acquisition du vaccin contre ce virus, Benbouzid a indiqué que l'Algérie achètera le vaccin dès sa mise sur le marché mondial, à condition que son efficacité soit prouvée. Le ministre fera savoir que l'Algérie a déjà pris contact avec de nombreux laboratoires mondiaux (chinois, américains, britanniques) dans cette optique. Il précisera aussi que le pays a signé, aux côtés de 171 autres pays et territoires, une convention avec l'Alliance Gavi pour adhérer au mécanisme Covax qui lui garantira un accès juste et équitable aux vaccins grâce à un cadre d'allocation que l'OMS est en train d'élaborer. Le Mécanisme Covax utilisera pour ce faire le pouvoir d'achat collectif des pays et territoires participants et fournira des garanties de volume pour une gamme de vaccins candidats prometteurs. Le professeur Benbouzid évoque également un rapprochement avec l'Unicef qui prévoit de livrer environ un milliard de seringues pour soutenir les efforts de vaccination contre le Covid-19. C'est dire que rien n'est laissé au hasard et que le ministère de la Santé veille à se faire servir en premier dès qu'un vaccin contre le nouveau virus est homologué. Concernant la grippe saisonnière et les reproches qui ont été faits au ministère sur le retard de l'acquisition d'un vaccin, Abderrahmane Benbouzid a apporté tous les éclaircissements à ce sujet assurant que ses services ont commencé la procédure en début d'année, mais que les laboratoires n'honoraient pas leurs engagements en raison de la crise sanitaire mondiale. Tout en faisant remarquer que l'Algérie n'enregistre aucun retard pour l'entame de la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière, le professeur Benbouzid annonce son lancement pour le 3 novembre prochain non sans préciser que les quantités acquises ont été scrupuleusement étudiées afin d'éviter des situations semblables à celle du vaccin contre la grippe H1N1 où l'Algérie avait importé 5 millions de vaccins, mais avait utilisé moins de 7000 doses. En fait, le professeur Benbouzid révèlera qu'actuellement il y a des études contradictoires mettant en cause le vaccin contre la grippe saisonnière. «Il y a une étude belge qui soutient que 36% des personnes qui se sont fait vacciner contre la grippe saisonnière s'avèrent plus exposés au Covid-19. Mais il y a d'autres études qui affirment que le vaccin de la grippe donne plus d'immunité. Et comme l'Algérien suit toutes les actualités via l'Internet, certains peuvent décider de ne pas se faire vacciner», a conclu le ministre.