Cette expérience pilote sera étendue par l'Europe au poste consulaire d'Annaba. «L'Algérie pilotera une expérience de sécurisation qui consistera à introduire des procédés biométriques, non pas uniquement au niveau des passeports, mais surtout sur les vignettes des visas», nous révèle une source sûre au niveau de la Direction générale de la sûreté nationale (Dgsn). En collaboration avec les services des pays de l'Union européenne, chargés d'améliorer le système de contrôle et de sécurité dans les aéroports européens, une première expérience sera menée avec quatre pays pilotes, dont les Etats-Unis et l'Algérie, «notamment au niveau du consulat français en poste à Annaba». Ce vaste programme de sécurité, mené par l'Union européenne, cherche à améliorer le niveau de contrôle des documents de voyage des ressortissants européens, dans le cadre de la double lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine, mais aussi pour ôter toute validité aux 50.000 vols annuels de documents de voyage, dont sont victimes les citoyens européens. Très bientôt, l'équipement des passeports français d'une puce électronique comprenant un élément biométrique sera finalisé, et à partir d'octobre 2006, des dispositions de même type vont concerner les visas français pour les étrangers. Des expériences pilotes sont menées au Mali, en Algérie et en Biélorussie, mais c'est en Algérie, un des plus grands demandeurs de visas d'entrée pour la France, que l'expérience sera menée avec la plus grande rigueur. Avec quelque 150.000 visas d'entrée accordés en 2005 aux Algériens, l'entrée en vigueur d'une puce électronique qui comprendrait, pour un premier temps, un seul élément biométrique, se fera graduellement pour arriver à être totalement généralisée à l'horizon 2007-2008. Ce sont les Etats-Unis d'Amérique qui avaient, les premiers, décidé de se lancer dans un vaste programme de sécurisation et de contrôle des frontières, au lendemain des attaques du 11 septembre 2001. Washington avait alors demandé aux pays de l'Union européenne de doter leurs ressortissants d'un passeport biométrique intégrant photo et empreintes digitales numérisées. L'échéance a été fixée à décembre 2004, avant d'être retardée à fin 2005 sur demande de la Commission européenne, puis finalement au mois d'octobre 2006. Mais il semble bien que d'autres retards seront enregistrés, tous les pays de l'UE ne possédant pas les mêmes moyens et n'atteindront, donc, pas en même temps le stade de finalisation. Dans une seconde étape de ce programme de sécurité des documents de voyage, les pays de l'Union européenne ont estimé que ces procédés seront sans effets notables s'ils n'étaient pas élargis aux pays du Nord et de l'Est, gros demandeurs de visas d'entrée en Europe occidentale. La hantise de terroristes venant des pays du Nord, le flux des candidats à l'immigration clandestine et le taux de vols très élevé concernant les documents de voyage semblent être à l'origine de cette intégration de pays comme l'Algérie, le Mali et la Biélorussie au programme européen de sécurité. En moins de quatre ans, l'exigence américaine pour les Européens est devenue une exigence européenne pour Arabes et Africains, et si aujourd'hui, le Quai d'Orsay conseille aux ressortissants français qui voyagent vers les Etats-Unis, d'être détenteurs, avant fin octobre 2006, d'un passeport dit «Delphine», à lecture optique, pour pouvoir avoir accès au sol américain, il est très probable que la France, l'Italie ou l'Espagne feront de même pour les Maghrébins, les Arabes et les Africains très bientôt, toujours suivant la «vitesse d'exigence américaine». La biométrie permet d'identifier une personne en scannant, comme un ordinateur, une caractéristique physique propre à cette personne, comme par exemple l'iris, la rétine, la forme de la main ou du visage, et apporte un degré de sécurité de très haut niveau. Une puce dont sera doté un passeport ou un visa permet d'identifier immédiatement la personne et de déceler le moindre ajout ou falsification introduit sur le document de voyage.