Plusieurs interventions ont marqué les deux journées des 27 et 28 octobre dernier, dédiées à la célébration de la pensée de Malek Bennabi. En effet, la salle de la Bibliothèque nationale d'El Hamma, rebaptisée dans la matinée, par le Premier ministre Abdelaziz Djerad, du nom de Malek Bennabi, avait accueilli en matinée deux thématiques ayant traité du concept de la «colonisabilité» chez cet illustre penseur, animées par Hichem Cherrad et Wahid Benbouaziz, tous deux professeurs universitaires, en présence d'un public restreint. Des conférences qui se sont tenues après les mots livrés par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs Youcef Belmehdi, l'ancien ambassadeur, Abderrahmane Gherieb et l'ancienne ministre des Affaires sociales, Z'hor Ounissi. Tout les trois ont évoqué le génie du penseur, «en avance sur son temps». Aussi, le «nouveau concept», souligné plus haut, dira Cherad, aura acculé le penseur, à «justifier le colonialisme» à travers une vision tendancieuse, perçue comme une «agression» sur le sentiment national et une manière de «dénaturer les réalités historiques», avec de surcroît, l'intention malsaine de vouloir «nourrir chez les Algériens, un sentiment de culpabilité envers leur histoire». En avance sur son temps Pour expliquer le sens du concept de «colonisabilité», Hichem Cherrad abordera deux importants aspects, la «détérioration des relations sociales» et l' «absence de société civile» dans l'espace public, des «signes pathologiques clairs» qui expliquent la «chute de la société dans la colonisabilité». Pour sa part, le professeur universitaire Wahid Benbouaziz a ensuite présenté une communication baptisée, «La colonisabilité, adage postcolonial?». Celle-ci à pour but, dira t-il: de «poser de nouvelles questions à une pensée établie qui foisonne d'adages culturels, actuels et vivants». le président du Haut Conseil de la langue arabe (HCLA), le linguiste Salah Belaid, a indiqué quant à lui que Malek Bennabi était un philosophe profond, en avance sur son temps et méconnu chez les siens.» Et d'estimer: «Malek Bennabi s'est distingué des savants occidentaux et musulmans de par son traitement inédit de la question de la civilisation», tout en rappelant les premiers ouvrages du penseur, notamment «Le Phénomène coranique», «Les conditions de la renaissance», «Vocation de l'islam» et «L'Afroasiatisme». «Il faut s'intéresser davantage aux savants algériens pour remédier aux défaillances et se référer à l'élite nationale pour vaincre l'anxiété et les contrariétés», a-t-il martelé. Dans son intervention sous le thème «Missions de l'élite dans le changement civilisationnel post- indépendance», le professeur Rachid Mimouni, spécialiste en sociologie religieuse et cognitive a précisé que Malek Bennabi a beaucoup insisté sur le rôle des élites des sociétés musulmanes dans la mutation civilisationnelle, ajoutant que Bennabi a oeuvré à orienter les élites de la pensée vers la concrétisation des objectifs, tout en les mettant en garde contre les risques du conflit intellectuel. Pour sa part, l'enseignant à la faculté des sciences humaines et sociales à l'université de Tiaret, Fayçal Lakhal a indiqué dans sa communication intitulée «Rapport de Malek Bennabi et l'état de la culture en Algérie», que «le retour à la pensée de Bennabi n'exige par forcément de se limiter à ses propos et analyses, mais il importe d'opérer un sursaut dans la pensée vers une autre réalité culturelle et civilisationnelle qui répond à de nouvelles variantes sociopolitiques». Fayçal Lakhal s'est interrogé sur la possibilité d'opérer un changement civilisationnel et culturel dans les pays du Monde arabo-musulman, à partir de la pensée et des ouvrages de Malek Bennabi. Méconnu par les siens Le cycle de conférences dédiées à la célébration de Malek Bennabi, s'est poursuivi mercredi à Alger, avec quatre interventions autour des thématiques de l'Homme et de la Culture chez cet illustre penseur, présentées par les professeurs universitaires, Zaïr Aboudihadj, Mohammed Chaouki Zine, Lamouri Alliche et Mouloud Aouimer, devant une faible assistance. Présentant une communication intitulée, «Philosophie de l'Homme chez Malek Bennabi», le premier intervenant a dégagé quatre orientations dans la pensée de Malek Bennabi: «la morale», «l'esthétique», «la logique pratique» et «l'orientation artistique et industrielle», soulignant, par ailleurs, la «valeur du travail» chez cet illustre penseur, qui met en avant, l'aspect multidimensionnel d'une pensée en perpétuelle relation avec les sciences sociales et expérimentales et en interaction permanente avec les grands courants de la pensée universelle. Pour Mohammed Chaouki Zine qui a parlé de «La question culturelle chez Malek Bennabi, entre esprit d'inspiration et nécessité d'interrogation»: «l'homme doit contribuer à la construction d'une société saine et équilibrée tout en jouissant de sa liberté de penser et d'agir». Les deux dernières conférences ayant clôturé ce colloque ont été animées, notamment par le docteur Lamouri Alliche qui a traité de la question des «concepts et de la terminologie» utilisés par Malek Bennabi et enfin, Mouloud Aouimer qui évoquera quant à lui les «prémices du renouveau» dans la pensée de l'illustre intellectuel. Notons que cet événement littéraire intitulé «A l'écoute d'un témoin du siècle», se poursuit dans les autres wilayas d'Algérie jusqu'à aujourd'hui.