Conférences autour du concept de la «colonisabilité» dans la pensée de Malek Bennabi. La série de conférences dédiées à la pensée de Malek Bennabi a débuté avec deux thématiques autour du concept de la «colonisabilité» chez cet illustre penseur, animées par Hichem Cherrad et Wahid Benbouaziz, tous deux professeurs universitaires. Cette conférence, accueillie dans la salle Malek-Bennabi de la Bibliothèque nationale d'El Hamma, rebaptisée dans la matinée par le Premier ministre Abdelaziz Djerad, accompagné par la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, s'est tenue après de courts témoignages livrés par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs Youcef Belmehdi, l'ancien ambassadeur Abderrahmane Gherieb et l'ancienne ministre de la Protection sociale Z'hor Ounissi. Les trois intervenants ont brièvement rappelé la clairvoyance et le génie du penseur, «en avance sur son temps», soulignant son sens élevé de l'«anticipation» sur les différents phénomènes sociaux qui traversent le temps. L'universitaire Hichem Cherrad a présenté une communication sur les «Concepts de colonisabilité et la problématique de la société civile chez Malek Bennabi», revenant d'abord sur les définitions de ces deux notions et l'absence d'une explication claire, quant au sens exact à donner à la «colonisabilité» avec le champ sémantique que pouvait couvrir ce vocable. La notion «imprécise» de ce «nouveau concept», explique le conférencier, avait conduit à l'«incompréhension» des intellectuels algériens qui avaient alors pointé du doigt l'illustre penseur, l'accusant de «justifier le colonialisme» à travers une vision tendancieuse, perçue comme une «agression» sur le sentiment national et une manière de «dénaturer les réalités historiques», avec, de surcroît, l'intention malsaine de vouloir «nourrir chez les Algériens un sentiment de culpabilité envers leur histoire». En revanche, poursuit l'intervenant, le concept de «société civile» n'a pas été utilisé «de manière directe» par Malek Bennabi, se contentant juste de faire allusion à ses contenus dans ses deux ouvrages, Mémoires d'un témoin du siècle et Les conditions de la renaissance. L'objet de cette conférence, selon Hichem Cherrad, est de cerner, expliquer et préciser le sens «du concept de «colonisabilité» en abordant deux de ses plus importants aspects, la «détérioration des relations sociales» et l'«absence de société civile» dans l'espace public, des «signes pathologiques claires» qui expliquent la «chute de la société dans la colonisabilité». Le professeur universitaire Wahid Benbouaziz a ensuite présenté une communication titrée «La colonisabilité, adage postcolonial ?», un questionnement à la thématique visant à ouvrir l'esprit de Malek Bennabi sur les études «coloniales et post coloniales». Or, met-il en garde, la «différence paradigmatique des connaissances» entre la «pensée bennabienne et les études culturelles» rendait vaine et truffée de difficultés toute «tentative de rapprochement» entre une «pensée née de conditions sociales et culturelles relativement différentes» et une autre «post-coloniale répondant aux normes de la globalisation». L'objectif d'une telle intervention, poursuit le conférencier, serait donc de «poser de nouvelles questions» à une pensée établie qui «foisonne d'adages culturels, actuels et vivants».