Certes, les revenus énergétiques sont une source majeure de financement du budget, du paiement d'une lourde facture d'importation, mais l'absence de diversification des sources de revenus, rend l'Algérie vulnérable aux chocs financiers chaque fois que les prix du pétrole perturbent le monde. En effet, une grave crise financière guette l'Algérie au moment où l'économie nationale, accablée par les répercussions de la pandémie de Covid-19 et les mesures de fermeture annoncées dans le cadre des dispositifs visant à arrêter la propagation de l'épidémie, risque de connaître une récession. En effet, la pandémie de coronavirus continue de s'aggraver à travers le monde où certains pays reconfinent leurs populations. Une pandémie dont la résurgence régionale actuelle va continuer à affecter négativement le marché pétrolier, victime collatérale du coronavirus. Les prévisions de l'Opep pour 2021 sont revues à la baisse de 0,08 mb/j. Et la dernière déclaration du ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, est, à plus d'un titre, alarmante. «Les recettes d'exportations d'hydrocarbures de l'Algérie pour l'année 2020 devraient atteindre 23,5 milliards de dollars si les cours du baril de brut se maintenaient autour de 40 dollars. Elles s'étaient établies à 34 milliards de dollars, en 2019. Ce qui représente un recul de 10,5 milliards de dollars», a révélé le ministre de l'Energie. Une perte due à la baisse des prix mondiaux et de la consommation intérieure croissante. En effet, de nouvelles restrictions aux déplacements auraient inévitablement un impact sur l'économie mondiale et la demande de pétrole D'ailleurs, les prix du pétrole accentuaient leur chute, alors que le Covid-19 continue de se propager en Europe et aux Etats-Unis semant le doute chez les investisseurs sur la demande à venir d'or noir. Une situation dont les répercussions sur les finances nationales ne sont plus à quantifier. D'autant que le projet de loi de finances 2021 prévoit la baisse des réserves de change sous la barre de 47 MDS/USD (46,84) à fin 2021, soit 16 mois d'importation. Alors que la facture des importations, dans le meilleur des cas, ne pourrait être en dessous de 40 milliards de dollars, au moment où le dinar algérien devrait perdre jusqu'à 21% de sa valeur face au dollar sur les trois prochaines années, quant à elle l'inflation atteindra les 5,84% sur la même période. Ce qui va placer le pays, dès les prochains mois, dans une situation financière inconfortable et obligera les autorités à faire face à des arbitrages difficiles, notamment en ce qui concerne les projets inscrits dans le plan du gouvernement. Une conséquence des précédentes politiques. Les anciens gouvernements, en dépit des effets d'annonce, n'ont pas jugé nécessaire, voire impératif d'investir les revenus énergétiques excédentaires, pendant la flambée des prix du pétrole et du gaz, dans d'autres créneaux à même de diversifier les sources de revenus. Une stratégie ayant rendu l'Algérie vulnérable à de graves chocs économiques à chaque perturbation dans le monde des prix du pétrole. Ce qui se répercutait sur l'équilibre des finances publiques du fait qu'à elle seule, Sonatrach représente, via sa production de pétrole et de gaz 96% des recettes d'exportations et 60% de ses recettes budgétaires. Aussi, dire que l'économie nationale repose sur une seule entreprise est un euphémisme. Aussi, faire figurer Sonatrach dans le top 5 des Majors du secteur pétrolier comme souhaité dans la stratégie SH 2030, relève de l'utopie. Aussi, il n'est pas exclu de voir l'Algérie contrainte de frapper aux portes du FMI pour faire face à la crise financière ou même de revoir sa politique de subventions. Ce qui risque d'enflammer le front social qui considère les subventions comme une ligne rouge à ne pas franchir.