L'Algérie tient sa nouvelle Constitution. Le «oui» l'a emporté à plus de 66, 80%. Pari gagné pour le président de la République qui en a fait le chantier majeur de son début de quinquennat. Le coup de starter avait été donné dans le sillage de son investiture. «Je me suis engagé clairement à mettre en place une nouvelle Constitution, qui prémunira le pays contre toute forme d'autocratie...», avait écrit Abdelmadjid Tebboune dans une lettre adressée au début du mois de janvier 2020 à Ahmed Laraba, président du Comité d'experts chargé de formuler des propositions pour une révision constitutionnelle. Une entreprise de longue haleine qui a connu son épilogue le 1er novembre. Une date hautement symbolique qui doit signer le départ d'une Algérie «nouvelle», qui doit la remettre sur le chemin que lui ont tracé les femmes et les hommes qui l'ont conduite à l'indépendance. Les foyers de contamination augmentent Ce qui ne sera pas une simple partie de plaisir. Le plus dur est, en effet, à venir. Il y aura notamment à faire face à cette terrible crise sanitaire, mettre en place un nouveau modèle de croissance économique, assurer la sécurité aux frontières... L'actuel décompte quotidien fourni par le porte-parole du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus, Djamel Fourar, fait état d'une hausse exponentielle des cas de contamination. Le nombre de wilayas concernées par les mesures de confinement partiel à domicile, dans le cadre de la prévention contre la pandémie de Covid-19, est passé de 11 à 20, alors que les horaires de confinement ont été adaptés, de 23h00 à 5h 00 au lieu de 6h00. Une seconde vague est plus que jamais évoquée par les spécialistes qui craignent une saturation des structures hospitalières et un épuisement du personnel de la santé qui n'a pratiquement pas connu de répit depuis le début du mois de mars. La restructuration du système de santé est d'ailleurs au programme de l'Exécutif. Les pouvoirs publics sont en ce sens plus que jamais interpellés pour sensibiliser ou alors obliger les citoyens à respecter les mesures barrières, les mesures d'hygiène, le port du masque pour éviter une propagation du Covid-19 dévastatrice autant sur le plan humain qu'économique. Cette crise sanitaire mondiale a, en effet, eu des conséquences désastreuses sur l'économie nationale, à travers la dégringolade des prix du pétrole dont les exportations représentent l'essentiel des revenus du pays. Le baril en chute libre Les recettes pour 2020 sont estimées à 23,5 milliards de dollars contre quelque 34 milliards en 2019. Soit 10 milliards de moins dans le cas où le baril se maintiendrait autour des 40 dollars. Ce qui est loin d'être le cas. Hier vers 15h15, le baril de Brent s'échangeait à 37,50 dollars. Ce qui exacerbe la question de la mise en place d'une économie créatrice de richesses qui réduirait la dépendance à l'or noir. Les jalons d'un nouveau modèle de croissance économique ont été jetés à travers la création d'un ministère de l'Economie de la connaissance qui constitue un des engagements phares du président de la République. Lors de sa campagne électorale, Abdelmadjid Tebboune avait promis d'engager une nouvelle politique de développement, qui s'appuierait sur un «nouveau modèle économique basé sur la diversification de la croissance et l'économie de la connaissance». La bataille est engagée. Elle a toutes les chances d'être rude. L'augmentation des exportations hors hydrocarbures à 5 milliards de dollars d'ici 2021 figure aussi parmi les objectifs fixés au gouvernement. Autant de cibles à atteindre dans un contexte de rigueur budgétaire. L'Etat et la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, épine dorsale de l'économie, ont dû réduire respectivement budget et investissements de 50% alors que les réserves de change qui étaient de plus de 193 milliards de dollars en 1993 doivent se retrouver autour des 40 milliards de dollars fin 2020. Sur le plan sécuritaire l'heure est plus que jamais à la vigilance. Une situation dictée par un contexte géopolitique explosif à nos frontières. Sur le flanc Est la Libye plongée dans un chaos politique depuis la chute, le 20 octobre 2011, de l'ex-guide de la Jamahiriya, Mouâmmar El Gueddafi, s'apprête à affronter une étape incertaine après que le chef du gouvernement d'accord national (GAN) libyen, Fayez al-Serraj, reconnu par les instances internationales a annoncé sa démission fin octobre. Un contexte géopolitique explosif Une situation qui laisse augurer l'espoir de la tenue d'élections libres, étape essentielle qui doit mener vers la paix. Un processus soutenu ardemment par l'Algérie qui a en partage avec ce pays voisin une frontière de près de 1000 km. Sur le flanc Sud, du pays, le Mali qui vient de désigner un successeur à l'ex- président Ibrahim Boubacar Keïta déposé par un coup d'Etat dans le sillage d'un mouvement de contestation populaire, ne repose pas encore sur des institutions assez solides qui puissent garantir de façon pérenne son unité pour répondre aux menaces terroristes des groupes islamiques armés, d'une éventuelle sécession de sa partie Nord revendiquée par la rébellion touarègue ainsi qu'aux prises d'otages et des trafics en tous genres (armes, drogues, cigarettes...) sources de financement de la branche maghrébine d'Al Qaîda qui, rappelons-le, s'est dotée d'un matériel militaire ultrasophistiqué après s'être servie dans les arsenaux de l' ancien président, El Gueddafi. Des terrains minés qui n'entraveront pas la trajectoire de l'Algérie en marche.