Le nouveau gisement a une capacité de production de «100 à 120 milliards de mètres cubes». Le groupe italien Edison a annoncé hier la découverte d'un «énorme gisement gazier», du tiers supérieur au grand gisement de gaz égyptien qui est l'un des plus importants du Bassin méditerranéen. Une option qui conforte considérablement la position de l'Algérie en tant que principal fournisseur en gaz d'Europe. Plus que cela, l'impact de l'accord gazier hautement stratégique qui est sur le point d'être signé entre la Russie (Gazprom) et l'Algérie (Sonatrach) contribuera à placer l'Algérie en position de véritable leader mondial en matière d'énergie. Cela d'autant que le nouveau gisement a une capacité de production de «100 à 120 milliards de mètres cubes», selon l'administrateur délégué du groupe, Umberto Quadrino. Outre qu'il permettra à l'Italie «la diversification recherchée de ses fournitures énergétiques et l'augmentation de ses capacités d'importation, en construisant de nouveaux gazoducs», soutient M.Quadrino. Le gisement en question rend incontournable la réalisation du gazoduc entre l'Algérie et la Sardaigne, en Italie. Une perspective qui va dans le sens souhaité par Alger qui, en plus des deux gazoducs déjà opérationnels, entend mettre en place deux autres Medgaz et Galsi en direction de l'Europe, via l'Espagne et l'Italie. Par ailleurs, l'axe gazier algéro-russe, que s'apprêtent à concrétiser les deux pays et que d'aucuns qualifient de nouvelle «arme économique», énergétique de surcroît, prévoit rappelons-le, la réalisation par les deux groupes de projets dans le domaine du GNL. Ces projets viendront s'ajouter aux opérations de prospection et de réalisation de gazoducs en cours. Ce contrat permettrait à la Russie de s'arrimer aux marchés sud-européens dominés pour l'heure par l'Algérie, d'une part, et à la Sonatrach d'avoir ses parts de marché chez les Américains d'autre part. Des sources proches du dossier affirmaient, lors de la visite du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, à Alger, le 10 mars dernier, que le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, se déplacerait à Moscou dans quelque temps, pour finaliser ce contrat alliant le géant russe Gazprom au fleuron industriel algérien Sonatrach. Ainsi, l'Algérie, deuxième producteur de gaz naturel en Afrique, avec des réserves prouvées s'élevant à quelque 4.550 milliards de mètres cubes, intéresse au plus haut point les nations industrialisées à la recherche d'une sécurité énergétique assurée. «L'épisode ukrainien» a fait trembler l'Europe qui se découvre une vulnérabilité avec toute la problématique de la sécurité des approvisionnements et des dépendances face aux événements géopolitiques. Dans son discours d'hier, le président de la République a tenu à souligner que l'Algérie compte saisir les opportunités qu'offre le marché européen pour diversifier ses exportations en énergie par le biais de la «valorisation du gaz naturel pour la production d'électricité». Bouteflika précisera que l'Algérie «a obtenu l'accord des autorités espagnoles pour le prochain démarrage des travaux de ce gazoduc (Medgaz) et de la fourniture d'un volume de 4 milliards de m3 de gaz naturel dès l'année 2007». Un discours qui confirme, si besoin est, une stratégie offensive qui donne à l'Algérie un poids non négligeable dans toute la région.