Près de 95% des secousses telluriques sont localisées au nord du pays. Toutes les régions menacées par les séismes ne disposent pas de lieux où les gens peuvent se réfugier. C'est le constat établi hier par des spécialistes et professionnels de l'urbanisme invités au Forum d'El Moudjahid autour du thème «aménagement du territoire et urbanisme». Le professeur Chelghoum de l'université de Bab Ezzouar, a estimé qu'il faut penser dès à présent à installer des aires de refuge qui serviront en cas de séisme, sachant que le pays est menacé à tout instant. Près de 95% des secousses sont localisées au Nord, révélera pour sa part le directeur de recherche au Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (Craag), M.Ayadi. Une situation qui nécessite de se redéployer sur le plan urbanistique. Les spécialistes présents à cette rencontre ont soutenu que l'arsenal juridique existe dans ce sens, mais l'application des lois reste très limitée. «Il ne faut pas attendre à ce qu'il y ait une autre catastrophe et déplorer ensuite les morts», ajoutera M.Chelghoum. Il sous-entend que toutes les décisions des pouvoirs publics dans le domaine de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme doivent s'appliquer dans la durée. Les invités du forum ont proposé également d'être plus rigoureux en matière de délivrance de permis d'ouverture du chantier pour être sûr qu'il est conforme aux normes parasismiques. Notons que le Parlement, par ses deux chambres réunies, a agréé dernièrement par un vote à l'unanimité la première loi d'orientation de la ville dans l'histoire du pays. Une loi-cadre qui consacre l'avènement d'une nouvelle politique de la gestion urbaine. M.Boudaoud, président du collège national des experts architectes, a estimé, pour sa part, qu'il faut donner le pouvoir aux architectes, aux ingénieurs, les faire travailler et les associer dans les décisions en matière d'urbanisme. Pour M.Bendaoud, il est nécessaire aussi que nos APC apprennent à sous-traiter avec les architectes, avec les bureaux d'études comme cela se fait en France ou en Italie. L'Etat dépense des milliers de milliards dans les constructions, mais la petite administration des APC et autres OPGI évite, selon lui, de sous-traiter avec les bureaux d'études pour le suivi et le contrôle des travaux. Dans le même ordre d'idées, M.Ayadi du Craag proposera de remuscler les collectivités locales en leur donnant plus de pouvoir pour agir. La pathologie urbaine mérite donc un remède plus intense et un diagnostic encore plus précis. Force est de constater malheureusement qu'une atmosphère de désordre règne autour des métiers de la construction et de l'aménagement du territoire, à laquelle s'ajoute l'absence avérée de civisme. Les instruments d'urbanisme et tout l'arsenal de plans et schémas exhibés comme mécanique incontournable à la réparation de la ville mis en place depuis des lustres, n'ont été d'aucun secours quant à la préservation du foncier urbain et agricole, à l'intégration d'équipements socio-éducatifs, et encore moins à la protection du patrimoine culturel et cultuel en particulier.