Cela fait à peine 15 jours que, ravis, les enfants ont repris le chemin de l'école après 7 longs mois de vacances forcées en raison de la crise sanitaire mondiale. Mais la joie des petits risque de s'interrompre et une dizaine de millions d'élèves pourraient, au vu de la hausse vertigineuse des cas de contamination au Covid-19 en Algérie, se retrouver, à nouveau, privés d'enseignement. Quelle en sera la conséquence? Il est clair que la fermeture, même temporaire, des établissements scolaires, entraîne des coûts sociaux et économiques élevés. Les perturbations qu'elle induit affectent toutes les communautés, mais les conséquences sont particulièrement graves pour les enfants défavorisés et leurs familles. C'est la raison pour laquelle la décision de refermer les écoles doit être mûrement réfléchie. La sous-directrice générale de l'Unesco pour l'éducation, Stefania Giannini, a averti que «la pandémie de Covid-19 pourrait miner des décennies de progrès, exacerber les inégalités ancrées et se transformer en catastrophe générationnelle». En effet, avec l'interruption de l'apprentissage, les enfants sont privés de possibilités de développement et de perfectionnement. Car combien sont-ils ces enfants qui peuvent accéder à une possibilité éducative en dehors du cadre scolaire? En Algérie, l'expérience de l'école on line a bien été tentée, mais ses résultats n'ont pas été probants. Avec 10 millions de citoyens habitant des zones d'ombre, il est facile de deviner que les désavantages ont été majeurs pour les élèves défavorisés. Ces derniers n'avaient pas l'outil informatique et encore moins l'accès à Internet. Cette inégalité d'accès aux portails d'apprentissage numérique a été le premier obstacle à la continuité de l'apprentissage. Il y a encore une autre réalité pour cette frange défavorisée, celle de se voir privée des repas fournis gratuitement ou à moindre coût à l'école. Mais pour tous les enfants en général, rester enfermés entre quatre murs en raison du confinement, aura d'importantes conséquences sur leur mental. C'est d'ailleurs, ce qui augmente le taux de décrochage scolaire après une fermeture prolongée. Sur le plan économique et social, avec la fermeture des écoles et en l'absence d'autres solutions, les parents qui travaillent n'ont que deux options: laisser leurs enfants seuls à la maison, ce qui pourrait entraîner des comportements à risque, ou opter pour s'absenter pour les garder au détriment de l'emploi et la productivité. Enfin, il y a la grande question de la gestion du flux des élèves. En 2019-2020, l'année scolaire a été sauvée in extremis avec la validation de deux semestres seulement. Pour cette rentrée, si les écoles sont fermées à nouveau à l'entame des cours, le spectre de l'année blanche ne sera plus à écarter. Que faire dans ce cas-là? Car, il ne s'agira pas d'une classe, ou d'un palier, mais d'une dizaine de millions d'enfants! L'Algérie aura-t-elle les capacités d'accueillir les nouveaux arrivés à l'école alors que les anciens n'auraient pas accédé à la classe supérieure? Pas si évident que cela. Certes, la santé des citoyens prime avant tout autre chose, mais l'absence de l'éducation pourrait avoir des effets insurmontables en plus d'avoir aussi une conséquence sur le bien-être et la santé. C'est là un dilemme qu'il faudra délicatement gérer jusqu'à ce que le virus soit vaincu. Il est vrai que depuis la réouverture des écoles scolaires, des centaines de contaminations ont été enregistrées, près d'un millier de cas selon l'association des parents d'élèves, ce qui a amené à la fermeture de plusieurs établissements à travers le pays, mais aussi à raviver la peur des parents qui appellent à refermer les écoles. Est-ce pour autant la solution? Le virus est là depuis une année déjà et risque de rester longtemps. Il ne s'agit donc pas d'opter pour la politique de l'autruche, mais d'apprendre à vivre avec. Il y a lieu de préciser que la perturbation du système éducatif n'est pas propre à l'Algérie, mais au monde entier avec près de 1,6 milliard d'enfants dans plus de 190 pays qui ont été concernés.