Une véritable panique s'est emparée des riverains, craignant une violente explosion. Arrivés promptement, les sapeurs-pompiers ont éteint rapidement les flammes, qui ont réduit à néant ce bus de transport de voyageurs, reliant le terminus Porte Sarrasine et la localité Dar Djbel. Au-delà du sinistre lui-même qui peut arriver à n'importe quel véhicule et n'importe où, il est important d'aborder l'état du réseau de transport en commun dans la wilaya de Béjaïa en général et au chef-lieu en particulier. Un réseau qui se trouve dans un état de vétusté avancé. En effet, d'anciens bus qui datent des années 1990, circulent toujours. Leur aspect intérieur qu'extérieur, laisse à désirer. Quant au moteur, les fumées qui se dégagent de leurs tuyaux d'échappement illustrent à elles seules leur dégradation avancée. Les usagers que nous avons rencontrés, hier, juste après l'incident, dénoncent les piètres services rendus par ces vieux bus. Outre la vétusté du parc de transport en commun, les dizaines de moyens de transport qui circulent toujours n'offrent aucun confort aux usagers. «Les transporteurs ne procèdent pas au nettoiement de leurs bus. La saleté et la poussière à l'intérieur pénalisent les bébés et les personnes âgées», raconte cet enseignant qui dit avoir souvent pris ce bus pour se rendre à son travail, expliquant «l'urgence de reformer ce moyen de locomotion encore en circulation». Avec la crise sanitaire, certains usagers ont remarqué, certes, une certaine amélioration dans l'hygiène intérieure des bus, mais auparavant les transporteurs sans scrupules se souciaient peu de la qualité du service allant jusqu'à entasser les usagers comme des sardines. Ils prenaient rarement le soin de nettoyer l'intérieur des bus. Quant à l'extérieur, rares sont ceux qui procèdent au lavage. «Ils ne pensent qu'à l'argent», nous indique Salah, un fonctionnaire habitant à la cité Nacéria. Pis encore, ces vieux bus tombent souvent en panne. Le moteur s'essouffle sur les montées vers les quartiers périphériques de la ville, dégageant une fumée dense étouffante. «La fois dernière on nous a fait descendre d'un vieux bus, en pleine rue, pour une panne de moteur. Le receveur a refusé de rembourser le prix du ticket», ajoute un notre interlocuteur qui utilise quotidiennement la ligne Ihhaddaden. Selon une source de la direction des transports de Béjaïa, le parc de bus dans la wilaya est vétuste. ´´L'âge moyen des bus, dans toute la wilaya, est de 12 ans. Par ailleurs, l'âge moyen de ceux qui circulent au chef-lieu est de 14 ans´´, ajoutera notre source. Les usagers, qui espèrent la modernisation du parc roulant, continuent de prendre leur mal en patience. L'incident d'hier devrait donner à réfléchir pour une mesure idoine. De par son importance et son impact, la mobilité urbaine dans la ville constitue un sujet d'actualité d'une grande importance. Vu l'état lamentable des véhicules, notamment au centre-ville, il est plus qu'impératif de saisir cette opportunité qu'engager une réflexion sur une démarche dont l'ébauche a été donnée en lançant l'entreprise publique urbaine (Etub). À l'époque on pensait déjà à une volonté de rénover totalement le système du transport dans la ville avec d'abord de nouveaux bus, un nouveau plan de circulation, qui éliminerait les bouchons qui se forment à chaque arrêt et la pollution qui nuit à la santé publique. Hélas, on est resté au point de départ et les vieux bus ont continué à rouler. Jusqu'à quand?