Le court métrage Jean Fares de Lyes Salem illustrera cette vision du festival placé sous le thème Dialogue et diversité culturelle.. C'est devant un parterre trié sur le volet, entre les différents représentants des délégations européennes installées en Algérie et simples et amateurs cinéphiles, qu'a été projeté lundi dernier à la salle Ibn Zeydoun, le film belge Quand la mer monte ...de Yolande Moreau et Gilles Porte. Un superbe long métrage très intimiste qui a reçu les Césars 2005 du meilleur premier film et de la meilleure actrice. Beau film pour clôturer cette première édition du Festival du monde du film francophone. Un évènement salué par le président de la délégation de la Wallonie- Bruxelles Charles Houard. «Nous avons réussi le pari d'avoir fait cette première expérience en réunissant durant ces 11 jours 24 films bien suivis grâce à vous et cela est de bon augure pour la prochaine édition» a-t-il souligné en introduction, indiquant par la suite la volonté des organisateurs du festival à conforter leurs empreintes thématiques, à savoir Dialogue et diversité culturelle par le choix d'un film surprise qui sera diffusé en préambule de cette soirée. Il s'agit du court métrage Jean Fares (2004) de l'Algérien Lyes Salem, présenté sur initiative de l'ambassade du Canada. Un film qui soulève un des aspects du racisme, qui peut exister en France. Un thème traité sous le prisme de l'humour par le sujet de la naissance et la paternité. Le film qui suivra mêlera, quant à lui, rires et larmes en racontant une histoire à la fois d'humour et d'amour. Irène 45 ans , mariée, un enfant, comédienne est en tournée avec «Sale Affaire», un one-woman show, près de la frontière franco-belge. Sur scène, elle joue le rôle d'un personnage qui vient de tuer son amant et qui rêve toujours d'un grand amour. Elle choisit alors parmi les spectateurs celui qui l'accompagnera pour combler le vide: ce sera alors le poussin. Lors d'une représentation, son choix se porte sur Dries, un homme d'une trentaine d'années, vendeur de légumes sur les marchés, et porteur de géants lors de fêtes de village. Il devient «le poussin» d'Irène sur scène tout au long de la tournée et dans la vie, l'espace de quelques jours, le temps d'une grande histoire d'amour... qui rappelle étrangement celle du spectacle de Sale affaire. Irène laisse tomber finalement Dries. Symboliquement, elle tue cet amour insensé et retourne auprès de son mari Michel. Introspectif quand la mer monte, c'est un film très touchant qui parle d'amour avec pudeur entre deux jeunes gens vrais et naturels et où les regards s'échangent plus que la parole. C'est l'histoire d'amour décalée de deux êtres solitaires. Yolande Moreau est formidable dans la peau de cette éternelle Fifi Brindacier qui rêve toujours de chevalier et prince charmant. Celui-là est superbement campé par Wim Willaert, la trentaine, éternel enfant, au regard un peu perdu. Tendresse et amertume se confondent dans ce film et se rencontrent sur le fil du rasoir. Légèreté et gravité se conjuguent. Ce qui nous fait rappeler, en plus de la dégaine d'Irène, ce refrain: «C'est une belle journée, je vais me coucher/ Une si belle journée/ Qui s'achève/Donne l'envie d'aimer/Mais je vais me coucher/Mordre l'éternité/A dents pleines...»Les connaisseurs la reconnaîtront!