Tous les acteurs essentiels de l'activité touristique ainsi que celles qui gravitent autour, sont frappés d'interdiction d'exercer durant les 10 derniers mois de l'année. Autant dire toute l'année. Hôtels, restaurants, bars, transport terrestre inter- wilayas, transport aérien international et domestique . Les conséquences sont énormes. Apocalyptiques pour certains. Seul un bilan complet pourra nous éclairer sur l'ampleur du désastre. Jamais, de mémoire d'homme, une crise de toute nature qu'elle soit n'a engendré autant de ravages. Ni pandémie, ni troubles sociaux ou désordres naturels n'ont duré aussi longtemps, ni provoqué autant de désolation et de désespoir. Bien malin celui qui peut connaître déjà le nombre d'agences de tourisme et de voyages qui ont déjà baissé leurs rideaux ou prédire le nombre de celles qui ne tarderont pas à le faire. Seules celles qui ont, depuis longtemps, travaillé sur des créneaux immédiatement rentables ou des produits massivement demandés par la clientèle pourront tenir encore. Mais pour combien de temps. Nombreuses celles qui pensent déjà à se reconvertir. Les hôtels publics ont été parmi ceux qui ont été les plus touchés et qui subiront lourdement les retombées de cette pandémie. Après avoir contracté de lourds crédits, plus d'une centaine de milliards de dinars pour les besoins des opérations de modernisation, bon nombre d'entre elles ont été contraintes de fermer, toujours pour les besoins de ces opérations de modernisation tout en assurant l'intégralité des salaires, après avoir subi les retombées négatives , en terme de taux d'occupation, provoquées par les protestations populaires du Hirak pendant une année, et la crise économique mondiale liée à la baisse drastique des prix du pétrole, voilà qu'elles vont devoir assurer la totalité des rémunérations tout en étant tenus à la fermeture de leurs portes. Les établissements hôteliers privés ne sont pas mieux lotis, impactés qu'ils sont autant par la crise économique et, surtout, par les effets des mesures prises par les pouvoirs publics pour contenir l'avancée de la pandémie dans le pays. Le transport aérien assuré par la compagnie Air Algérie n'est pas en reste. Avec l'ensemble de sa flotte clouée au sol pendant près d'une année, il est difficile d'envisager une embellie de sitôt. Les pertes sont estimées à près de 300 millions de dollars US. Privée même des vols domestiques, la compagnie nationale aura du mal à sortir de la crise, assurer ses équilibres et verra son avenir gravement compromis. Son absence de la scène des voyages accentuera le désarroi des voyagistes. Et ce n'est pas fini. Il va falloir patienter. L'embellie n'est pas pour demain. Dans son dernier baromètre, l'Organisation mondiale du tourisme assure que la reprise du tourisme international n'interviendrait pas avant le troisième trimestre 2021 pour seulement 80% de l'activité. Le rebond pour le reste n'est envisageable que pour l'année 2022. Les mesures de confinement et les restrictions aux déplacements nationaux et internationaux induites, les fermetures des établissements d'hébergement, de restauration et de voyages, la persistance de la pandémie et de sa contagiosité en sont les causes les plus évidentes. L'absence de protocoles sanitaires harmonisés et de mesures coordonnées entre les Etats a contribué à compliquer les mouvements internationaux des personnes. De même que les appréhensions quant à de nouvelles vagues n'encourageront pas les déplacements pour les prochains mois. Mais pas que ça. Les mesures énumérées et qui visent à contenir la pandémie ont, par ailleurs, largement entamé le pouvoir d'achat des consommateurs du voyages. Cela ne fera pas du tourisme leur première préoccupation. En attendant cette reprise, synonyme d'embellie, les entreprises hôtelières et touristiques, publiques ou privées continuent de pâtir des effets de la pandémie tout en espérant la mise en œuvre des mesures concrètes de soutien tant promises pour des crédits d'exploitation et des allégements fiscaux et parafiscaux.