Le camping doit être une priorité dans les activités touristiques à promouvoir en Algérie. C'est ce qu'a indiqué M. Djamel Ramdani, directeur régional du Touring voyage Algérie (TVA), en marge d'une rencontre internationale sur le développement du tourisme domestique en Algérie. Il est temps, aujourd'hui, que ce type de tourisme soit hissé parmi les priorités des activités touristiques à développer à l'avenir», a déclaré le responsable, qui a regretté que les orientations sur le tourisme en Algérie « n'évoquent pas le développement du camping, ni même le tourisme de plein air ou l'hôtellerie de plein air ». Selon lui, le parc hôtelier est catalogué en trois types à savoir, urbain, balnéaire, climatique et saharien, mais point d'hôtellerie de plein air. Ce qui lui fait dire que peu d'importance est accordée à ce segment particulier du tourisme algérien. Pourtant, sous d'autres cieux, le tourisme en plein air, communément appelé camping, est considéré comme le moteur de la croissance et du développement de la filière ; et la France en est le meilleur des exemples. Là-bas, le camping est le 1er mode d'hébergement touristique marchand. Avec ses 935.000 emplacements et 3 millions de lits, l'Hexagone a accueilli en 2009 quelques 8 millions de campeurs, dont 2 millions d'étrangers. Le secteur emploi, lui seul, a plusieurs milliers de travailleurs permanents. Il faut dire que le niveau moyen de qualité des terrains français dépasse largement celui des autres pays européens. D'où l'engouement qu'ils suscitent. Chez nous, les statistiques fiables sur le parc hôtelier dit de plein air (campings, villages de toile et centres de vacances familiaux, taux de fréquentation, offre/demande), sont inexistantes. Ce qui n'arrange en rien les choses. Néanmoins, la demande est bel bien là. Les innombrables caravanes d'étudiants qui se suivent chaque fin d'année sur les routes du désert, ou les multiples campings balnéaires sauvages que nos jeunes improvisent, non sans mal, pour profiter de leurs vacances en sont la preuve la plus probante. Les familles, elles, attendent une offre plus appropriée, et de meilleure qualité. Pour y arriver, M. Ramdani recommande pour sa part de renforcer le parc existant et encourager les exploitants de terrains de camping régulièrement installés et, particulièrement, ceux qui investissent dans l'amélioration de la qualité. L'octroi de crédits, à taux bonifié ainsi que la création de nouvelles zones touristiques intégrées, représenteraient selon lui, des solutions appropriées pour l'émergence de ce type de tourisme. Le développement du camping, une nécessité Dans son intervention au cours de la même rencontre, le directeur exécutif de l'Organisation mondiale du tourisme, M. Frédéric Perret, n'a pas manqué de confirmer que le tourisme domestique concurrence le tourisme international et connaît un essor «de plus en plus grandissant», représentant ainsi la première destination dans le monde. Citant le cas de l'Algérie, il a estimé que c'est un pays qui dispose de toutes les potentialités pour développer son tourisme domestique, grâce à «ses plages méditerranéennes, son fascinant Djurdjura, ses trésors humains, culturels et historiques».Il a, cependant, fait remarquer que le tourisme domestique demeure «exigeant» et les offres doivent être «larges et diversifiées» dans la mesure où le client se trouve dans son propre pays. De son côté, le président de l'Organisation internationale du tourisme social (OITS), M. Jean-Marc Mignon, a précisé que le tourisme domestique s'appuie davantage sur les investissements du secteur privé. Il a expliqué que, contrairement au tourisme international, le tourisme domestique résiste aux différente événements et crises du fait qu'il s'agit d'un produit local. A titre d'illustration, M. Mignon a évoqué l'expérience de l'Espagne qui a lancé dans les années 1980 une opération consistant en une action publique de soutien au tourisme domestique, à travers des produits destinés, notamment, aux retraités (tourisme thermal), mais aussi aux jeunes et enfants, comme le camping et les auberges de jeunes, prolongeant ainsi la saison touristique. Selon le président de l'OITS, en Espagne l'Etat contribue à cette opération avec une enveloppe de 50 millions d'euros annuellement. Sur un euro versé, l'Etat gagne 1,7 euro, ce qui permet de préserver les 12.000 emplois dans ce secteur et d'éviter de verser des allocations - chômage, a ajouté M. Mignon. Pour sa part, le délégué national de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), M. Abderrahmane Benkhalfa, a qualifié le tourisme en Algérie de «secteur émergent», annonçant qu'il invitera les responsables de banques et des établissements financiers à prendre part à la rencontre nationale des investisseurs dans le tourisme, prévue à Alger en janvier 2011.