Le potentiel touristique existe, aussi bien naturel que matériel et même à profusion. Des compétences et qualifications humaines inestimables. Bône la Coquette dispose de 42 hôtels, dont 28 non classés, d'une capacité de quelque 3181 lits. Ces structures touristiques sont implantées dans différentes communes de la wilaya d'Annaba, à savoir El Hadjar, Aïn El Berda, Seraïdi, Berahal et le chef-lieu de wilaya. Cet ensemble d'hôtels, il faut le rappeler, jouit d'une bonne réputation aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale, puisque certains d'entre eux ont fait la chronique des années 1970 tel l'hôtel El Mountazah, construit pendant ces années-là, au coeur de la commune de Seraïdi, distante de 13 km du chef-lieu de wilaya, et à une altitude de 800m au-dessus du niveau de la mer. Ce joyau a été la fierté d'Annaba, puisqu'il a attiré des visiteurs de différentes nationalités, notamment les Allemands et les Français, sans pour autant oublier la suite présidentielle dans laquelle séjournait le défunt président Houari Boumediene, lors de ses visites à Annaba. Vient s'ajouter le 2e bijou de Bône, qu'est l'hôtel Plazza international avec ses 5 étoiles. Ce building de 14 étages est situé sur le front de la ville pour surveiller l'entrée à l'autre bout, sous le regard serein de la grande basilique de St Augustin. Se joignent à ces deux géants d'autres structures d'envergure, en l'occurrence l'hôtel d'Orient; El Rym El Djamil, El Mouna et d'autres. Tous ces hôtels sont concentrés au coeur d'Annaba où l'investissement dans le créneau reste faible pour ne pas dire «difficile». Des investissements au forceps Effectivement, l'investissement en matière de construction d'hôtels ou autres structures ayant trait au tourisme, reste une situation délicate, parfois même les réalisations de projets touristiques sont effectuées au forceps. C'est le cas de l'hôtel Sabri, situé en haut de la falaise de Yoch en Front de mer qui est en phase d'achèvement, après plus de 3 ans de souffrance, faute de fonds, puisque le projet est d'une enveloppe d'environ 500 millions de dinars. L'investissement s'est trouvé entre le marteau et l'enclume, entre la révision du projet ou, du moins, ce qui reste à réaliser du projet ou son maintien dans sa totalité. Frapper à toutes les portes fut la seule alternative pour que ce 3e géant puisse voir le jour. Un complexe touristique d'une telle taille fera certainement la fierté de toute la wilaya d'Annaba, voire même toute l'Algérie, puisqu'il regroupe toutes les normes nationales qu'il offrira à sa clientèle. D'une capacité de 684 lits, 2 piscines dont 1 couverte, avec les bienfaits d'un centre de thalassothérapie, d'un théâtre de plein air, des suites ainsi que d'autres prestations d'ordre international. Dans tous ces investissements au forceps, seul l'hôtel Le Majestic a vu le jour en février de l'année en cours avec une capacité de 259 lits pour un ensemble de 91 chambres, un restaurant haut de gamme, un centre commercial, un grand nombre de suites, ainsi que 33 locaux. Le volet de l'investissement à Annaba reste coincé dans une seule formule, ou plutôt il est conjugué à une seule personne «On». On va relancer, on va développer et on va promouvoir le créneau de l'investissement dans le tourisme en assouplissant le dispositif des prêts bancaires et autres. Ce qui nous pousse à dire que l'on apprend que pas moins de 13 hôtels, d'une capacité de 1800 lits, devraient s'ajouter à court et moyen terme à l'ensemble déjà existant. Mais il faut rappeler que le «On» vient de coincer quelque part, puisque 7 des 13 nouveaux projets sont à l'arrêt pour des raisons financières principalement. Outre cette situation désolante, on apprend qu'un projet de construction d'un hôtel sur le front de l'ancienne plage de la Cararoube sera bientôt lancé afin de récupérer le blason perdu de cette côte. Depuis des lustres, Annaba attire des visiteurs, même pendant les temps les plus difficiles, de par la splendeur de sa nature et l'étendue de ses plages, le nombre d'estivants avoisinait les 8 millions. Ces gens affluaient sur un bout de terre de l'Algérie et trouvaient refuge sur les 81 km de littoral qui s'étale de Sidi Salem à la baie ouest à Chetaïbi, en passant par Chapui, Bouna Beach, La grande plage, Aïn Barbar, et les sables d'or et on en passe. Tout ce grand bleu est bercé dans les bras d'une forêt gantée par une chaîne de montagnes formant le mont de l'Edough et Bouguentas, dont le capital forestier est aujourd'hui à 0% d'exploitation. A lui seul, ce dernier pourrait contribuer à l'amorce du tourisme de forêt, qui peut se traduire par plusieurs activités, telles que les randonnées, la chasse et autres. Aujourd'hui, la situation sécuritaire est favorable à la relance de la politique du tourisme à Annaba, ce qui explique la désignation des ZT, afin d'amorcer le processus par le biais de l'investissement. La première zone touristique désignée se situe à Aïn Achir, la deuxième à Oued Bagrat dans la commune de Seraïdi, quant à la troisième, elle est localisée à Chetaïbi. Mais il n'y a rien à l'horizon. En dépit de tous les efforts déployés, le blocage existe malgré la bonne volonté «si elle existe bien entendu». Une volonté à vouloir re-trouver des touristes accueillis par une wilaya où la sécurité doit être de rigueur. Le tourisme dans la région reste l'otage de certains inconvénients dont l'insécurité. L'industrie du tourisme qu'Annaba aspire à relancer doit se baser sur des piliers fondamentaux, à savoir la sécurité des visiteurs qu'ils soient nationaux ou internationaux. Apparemment, Annaba n'est pas prête à assumer cette lourde charge. L'insécurité est la loi de la ville. Et les éléments qui alimentent le phénomène de la recrudescence de la criminalité provoquée surtout par la délinquance juvénile, bousculée par le chômage et la précarité des conditions sociales sous toutes ses formes, prennent chaque jour un peu plus d'ampleur. Un touriste a besoin de circuler dans la ville de jour comme de nuit sans se faire agresser ni délester de ses objets personnels, notamment téléphone-portable, caméscope, argent et bijoux. Ce qui n'est pas le cas à Annaba où le quotidien est fait de vol à la tire, vol avec arme blanche, bombe lacrymogène et mieux encore, avec l'électrochoc, cette nouvelle arme que les malfaiteurs utilisent pour paralyser leur victime. Il ne se passe pas un jour sans que les postes de police n'enregistrent des plaintes pour différentes agressions. Outre la sécurisation des touristes, ces derniers ont besoin de passer un séjour dans des structures répondant aux normes d'hygiène, d'accueil et où les activités culturelles marquant l'identité de la région soient considérées à leur juste valeur. Ce qui permettra aux visiteurs de connaître Annaba sous toutes ses facettes, dans un environnement sain. Prétendre à une industrie touristique, c'est d'abord créer un environnement sain. Malheureusement Bône, autrefois la Coquette, est aujourd'hui un grand dépotoir à ciel ouvert, les ordures ménagères jonchent les trottoirs, les grands axes de la ville, telle la rue Gambetta «le grand souk d'Annaba». Même le littoral n'est pas épargné, les ordures sous toutes leurs formes sont exposées au bord de nos plages et même dans le fond marin. Viennent s'ajouter à ce décor hideux, les façades de quelques immeubles pas encore en ruine et qui sont un cachet typique de l'incivisme des habitants. Ces derniers, qui, en réalité n'ont aucune notion de l'occupation des immeubles, du linge étendu à longueur de journée, des volets non peints, parfois même brisés totalement. En somme, des balcons qui sont des basses-cours pour certains. Une urbanisation brodée par l'anarchie des constructions illicites. Une anarchie provoquée par le laisser-aller des autorités concernées d'une part et par l'incivisme des habitants d'Annaba, dont la médiocrité des comportements et des esprits se reflète sur l'image de la ville, d'autre part. Une ville qui veut convoiter le tourisme avec une armada de points négatifs à combattre. Et chaque année le volet du tourisme revient à chaque saison estivale. Un état des lieux examiné chaque année La saison estivale doit se préparer, comme chaque année, trois mois à l'avance. Un temps record pour le développement du tourisme. Un travail draconien que doivent effectuer les services concernés, et qui font avec les moyens du bord. Ces préparatifs de la saison se résument dans un nombre de rencontres et de réunions avec des hôteliers, des gérants d'agences de voyages et de tourisme, et, bien entendu, des restaurateurs. C'est ce à quoi ce résument les préparatifs de la saison estivale. De quel tourisme pourrait-on parler, si l'on se limite à des réunions et des recommandations? Pendant que le grand boulevard de Rizzi Amor attend une réelle prise en charge afin de retrouver son image de l'époque où des milliers de promeneurs venaient admirer le coucher du soleil à l'horizon du grand bleu. Malheureusement, la situation ne change point. Et l'état des lieux examiné l'année dernière ressemblera à celui de l'année prochaine. Pendant ce temps, le moteur de la machine du tourisme à Annaba reste rouillé, et son décollage n'est pas pour demain.