Les manifestations du11 décembre 1960 ont bénéficié d'un travail d'Histoire sur fond de la «bataille» des Mémoires qui vient d'être lancée récemment.C'est dans Le Monde diplomatique que lesdites manifestations ont été revisitées par un jeune sociologue français, Mathieu Rigouste en l'occurrence. L'approche qui a été traitée est très objective et critique à l'égard de l'ordre colonial, elle a même entamé les recherches poussées pour comprendre et déceler les raisons et le message qui se cachent derrière ces manifestations qui ont été occultées par l'administration coloniale de l'époque. À ce propos, le sociologue Mathieu Rigouste a rappelé qu'«il y a soixante ans, à la surprise générale, et alors que Paris prétendait avoir définitivement écrasé l'Armée de Libération nationale (ALN), les colonisés surgirent par milliers au coeur des villes pour exiger l'indépendance. Ces protestations suscitèrent une répression féroce, que l'Etat français a, depuis, dissimulée. Mais elles réussirent à bouleverser l'ordre colonial et permirent d'arracher l'indépendance et illustrèrent l'engagement décisif des classes populaires au coeur de la lutte de libération algérienne», a-t-il précisé. Le sociologue a souligné dans son travail que les manifestations du 11 décembre 1960 sont la preuve tangible que la révolution avait un caractère populaire. C'est cette nature qui caractérisait les manifestations qui ont poussé Mathieu Rigouste à dire qu'«un projet nommé «Algérie algérienne» qui sera, néanmoins, «contrarié par les manifestations, souvent insurrectionnelles, qui se multiplient sur le parcours du général, mais aussi dans le reste du pays, pendant près de trois semaines», et d'ajouter «la décision de ce dernier de «se résoudre à négocier» avec le Front de Libération nationale (FLN).La tournée du président français, est-il également rappelé, avait coïncidé avec l'examen par l'Assemblée générale des Nations unies de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le 14 décembre 1960, puis avec la discussion, dans la même enceinte, sur la «Question algérienne», le 19 décembre», a-t-il mentionné. Le sociologue français a soulevé la question de la désinformation et le mensonge que l'administration française se plaisait à faire recours pour minorer et dissimuler la réalité de la révolution et le combat libérateur du peuple algérien pour son indépendance et le recouvrement de sa souveraineté nationale. Dans ce sens, Mathieu Rigouste est revenu à l'ambiance qui caractérisait les manifestations du 11 décembre 1960 et la déferlante populaire qui s'est exprimée devant l'opinion et les médias en indiquant que «L'insurrection a lieu devant les journalistes du monde entier et trouve un écho direct à New York. Il n'est plus possible pour l'Etat français de prétendre être soutenu par la majorité des Algériens face à des terroristes minoritaires», fait-il observer, rappelant l'adoption de la déclaration ainsi que de la résolution reconnaissant le «droit de libre détermination comme base pour la solution du problème algérien», et d'ajouter «Si l'Etat français avait reconnu officiellement 112 morts à Alger entre le 9 et le 16 décembre, les victimes sont des civils non armés et qu'après enquête, au moins 260 personnes tuées par la police, l'armée et les civils français ont été recensées, durant les confrontations du 9 décembre 1960 à Aïn Témouchent et celles du 6 janvier 1961 à Tiaret», a-t-il martelé. Cette révélation des plus importantes du point de vue historique, remet au goût du jour le contexte de l'époque et le mensonge de l'administration coloniale et sa presse qui faisaient tout pour dénaturer la démarche et le message des manifestations du 11 décembre 1960 et la réalité de ses conséquences en morts et blessés. Le sociologue et historien Mathieu Rigouste a rappelé que les manifestations ont permis au FLN de respirer et le faire sortir de l'étau de l'armée coloniale. Il précise en la matière que «desserrement de la pression militaire sur les maquis et leur reconstitution ainsi que la capacité du FLN à se réorganiser, dans la mesure où, le Front est soutenu par les classes populaires ayant massivement pris en main la lutte pour l'indépendance du pays et que le projet de putsch de l'extrême-droite coloniale et militaire est, ainsi, lui aussi, mis à terre», a-t-il conclu.