La réduction de la facture des importations figure parmi les challenges que le gouvernement doit relever. Il pourra compter sur un allié de taille inattendu, dont il se serait volontiers passé pour y parvenir. Les mesures prises pour faire face à la propagation du Covid-19: la fermeture des frontières, la mise à l'arrêt des transports aérien, maritime et terrestre jouent en effet en faveur de cette hypothèse. C'est dans ce contexte, aux allures paradoxales, que l'enveloppe financière consacrée aux achats à l'étranger est attendue à la baisse. Le commerce extérieur des marchandises a enregistré, au cours du premier trimestre de l'année 2020, un volume global des importations de 9,12 milliards de dollars, soit un recul de 19,52% par rapport aux résultats de la même période de l'année précédente, indiquent les chiffres de la direction générale des douanes. Une tendance qui doit logiquement se poursuivre. Cela sera d'autant plus appréciable sachant que pour satisfaire les besoins de sa population, le pays a eu recours à des importations tous azimuts par le passé, surtout lorsque l'argent coulait à flots. Cela s'est traduit par une facture salée et historiquement élevée, qui oscillera autour des 60 milliards de dollars en 2014. Celle des produits alimentaires s'était élevée, pour sa part, à 9,5 milliards de dollars. Du jamais-vu depuis 1962. L'année 2014 a aussi pour particularité d'avoir signé le début de l'effondrement des prix du pétrole, qui avaient permis au pays de se doter d'un matelas financier de près de 200 milliards de dollars, d'un fonds de régulation des recettes de quelque 70 milliards de dollars, avant de poser la problématique de la baisse de la facture des importations qui, incontestablement, siphonne les caisses du Trésor. Un mouvement qui s'est amorcé depuis que les pouvoirs publics ont décidé de booster la production nationale. Elle est passée de 56 milliards de dollars en 2015, à 46,7 milliards de dollars en 2016, pour se situer à 41,93 milliards de dollars, en 2019. Le président de la République, qui a décidé d'y mettre le holà, a donné des instructions à l'effet de réduire cette saignée. Le cas du fret maritime est édifiant à ce propos. L'Algérie débourse 4 milliards de dollars par an pour assurer le transport de ses marchandises par voie maritime. Quatre milliards de dollars qui profitent aux armateurs étrangers, soit 97% des parts de marché détenues par des compagnies ne battant pas pavillon national. Une perte sèche à l'heure où le baril de pétrole, qui assure plus de 95% des recettes en devises du pays, se situe tout juste au-dessus des 52 dollars. Une opération d'envergure, historique, pour préserver les réserves de change. Elle consiste à «récupérer l'argent disponible dans le marché informel et inté-grer ce dernier dans le circuit officiel, de récupérer également dans les réserves d'or du pays, les fonds gelés depuis des décennies au niveau des douanes et des saisies au niveau des ports et des aéroports, pour les intégrer aux réserves nationales, avait indiqué le communiqué de la présidence de la République, qui avait sanctionné le Conseil des ministres du 12 juillet. En ce qui concerne l'argent de l'informel, évalué à quelque 40% de la masse monétaire globale du pays, il représenterait un filon qui constituerait une salutaire bouffée d'oxygène pour l'économie nationale, en ces temps de crise financière d'une ampleur dévastatrice. La finance islamique constituerait un moyen de le capter. Les pouvoirs publics ont mis en route un processus en ce sens. Une initiative saluée par des experts qui l'ont qualifiée d'«efficace». Des mesures qui permettront à l'Algérie d'économiser, d'ici la fin de l'année en cours, près de 20 milliards de dollars, a estimé le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune. L'heure des comptes a sonné.