Le Niger a été encore endeuillé, samedi, par une nouvelle et double attaque terroriste qui a fait plus de 70 civils tués. Les assaillants ont visé deux villages, celui de Tchomo-Bangu où ils ont assassiné 49 villageois et blessé 17 autres tandis qu'à Zaroumdareye, une trentaine d'autres villageois périssaient au cours d'un raid contre leur localité. Pays d'Afrique de l'Ouest, extrêmement pauvre, le Niger est, depuis de nombreuses années, la proie des attaques terroristes menées par des groupes affiliés à Al Qaïda et à Daesh. En 2019, ces incursions aux abords des frontières Ouest et Sud-Est avaient fait plusieurs centaines de morts. A Tchomo-Bangu, en 2017, quatre soldats américains des forces spéciales et cinq militaires nigériens avaient été tués dans une embuscade qui fut revendiquée par le groupe Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Ces deux attaques sont intervenues au moment où le pays accueillait les résultats du 1er tour de la Présidentielle, mettant largement en tête, avec 39,33% des voix, le candidat du parti au pouvoir, Mohamed Bazoum, ancien ministre de l'Intérieur. Durant la campagne électorale, celui-ci avait beaucoup insisté sur sa volonté de renforcer la lutte contre les groupes terroristes. Comme le Mali et le Burkina Faso voisins, le Niger fait partie du G5 Sahel mais peine à juguler les multiples actions des groupes terroristes qui se sont lourdement et durablement implantés dans toute la région. Et c'est dans la zone de Tillabéri, située dans la région des «trois frontières», communément appelée Gourma-Liptako, que les groupes extrémistes ne cessent de provoquer des tragédies, comme en mai dernier, lorsque une vingtaine de personnes, dont des enfants, avaient été tués dans deux villages de l'Anzourou. En outre, le groupe terroriste Boko Haram parvient, depuis deux ans, à agir dans la région de Diffa, non loin du Nigeria. C'est ainsi que le 12 décembre dernier, il a tué 34 villageois et blessé une centaine d'autres, à Toumour. C'est dire si le vainqueur de l'élection présidentielle, vraisemblablement candidat du parti au pouvoir, Mohamed Bazoum va devoir mobiliser d'autres ressources pour faire face à une situation des plus dramatiques. Passé au deuxième tour avec une confortable avance, il lui faut, au préalable, trouver des alliances s'il veut l'emporter face à son concurrent, l'ex-président Mahamane Ousmane. Bras droit de Mahamadou Issoufou, le président sortant qui a choisi de ne pas se représenter, Bazoum, 61 ans, ancien ministre, espérait sortir vainqueur, dès le premier tour. Il lui faut, désormais, tisser des alliances avec certains de ses adversaires parmi les 29 participants au scrutin dont il est dit qu'il portera la marque de la première transition démocratique dans un Niger longtemps en proie aux coups d'Etat. Son concurrent Mahamane Ousmane avait anticipé le fait, signant un pacte avec plusieurs postulants, dont Ibrahim Yacouba, selon lequel celui qui parviendrait en tête bénéficierait de leur soutien. Pourtant, Yacouba n'a pas hésité à mettre en doute, sur Twitter, la transparence du scrutin: «La Céni, écrit-il, a publié des taux de participation de 97,8%, voire même 99,9%, dans des zones où cela est inimaginable. Pire, des milliers de voix ont été fabriquées sans qu'il y ait eu la moindre opération de vote.» Il n'en demeure pas moins que toutes les forces politiques du pays sont appelées à une union sacrée pour pouvoir faire face, au plus vite, à la montée en puissance continuelle des groupes terroristes qui sapent l'autorité de l'Etat et portent un coup extrême à son économie, déjà chancelante.