Un peu comme Bakou à l'époque de la grande saga pétrolière de la fin du XIXe siècle, cette région et les trois wilayas qui l'entourent, les populations de cette région agropastorale fondent beaucoup d'espoirs sur le développement durable de la plaine de Oued Touil. Et ce, sur le double plan de la mise en valeur des terres et de la réhabilitation du pastoralisme. «Si on y mettait les moyens, nous ont confié des gens de la région, la plaine de Oued Touil deviendra notre Mitidja à nous». C'est vrai que lorsqu'on vous énumère les vertus potentielles de cette plaine, on se sent quelque part soulagé quant à l'avenir de notre suffisance alimentaire. Bien inspiré, M.Ali Benflis, Chef du gouvernement, a atterri, hier matin, à Aïn Oussera, pour être justement le plus près possible de Ksar Chellala, une ville dont on dit qu'elle représente le type même de l'agglomération vivant dans un isolement quasi total. Arrivé aux alentours de 9 heures, parmi plusieurs autres points à visiter de son programme, le Premier ministre devait accorder relativement plus de temps à un centre enfûteur de bouteilles de propane qui permettra à la ville de Ksar Chellala, désormais, de mieux se chauffer en hiver. A peine arrivé, il avait symboliquement raccordé Ksar Chellala au réseau national d'électricité. Ne dit-on pas qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire? L'agriculture, le pastoralisme ont également été passés en revue dans le cadre d'un dialogue «triangulaire» entre un Benflis écoutant, avant d'intervenir, un responsable du secteur agricole local et un fellah privé, ces deux derniers étant dans la plupart des cas antagonistes, on devine bien pourquoi. Après vingt bonnes minutes d'un plaidoyer contradictoire, Benflis tranche en assurant au citoyen-agriculteur qu'il aura bientôt une réponse dûment étayée des principes qu'il était venu défendre. Pour ce qui est de l'élevage, que ce soit du point de vue du spécialiste que de l'éleveur potentiel, les gens insistent en rappelant qu'il est indispensable que les pouvoirs publics s'y intéressent et décident, enfin, de s'engager pour le sauver du naufrage définitif. Pourquoi? Parce qu'il est vrai que les éleveurs, qui n'ont pas vu venir la crise au début de la dernière décennie, n'ont pas hésité à déserter la région pour aller dans le Nord où, selon les arrangements obtenus auprès des possesseurs de pâturage, ils y ont laissé paître leurs troupeaux. Une manière de procéder que rejettent les éleveurs traditionnels lesquels, malgré les aléas, n'en ont pas moins continué à vivre quasi intégralement grâce et par le pastoralisme. Aussi, considèrent-ils, à présent, et compte tenu des promesses que sous-entend la mise en oeuvre des moyens éventuels en vue de transformer en «Mitidja» la plaine de l'Oued Touil, que le secteur du pastoralisme devrait être complètement reconstruit. Autant sur le plan agricole que pastoral, le salut de la région ne serait possible que si l'on y mettait les moyens. Quant aux études indispensables à la mise en oeuvre d'un plan de développement convenable à la région et afin que les deux secteurs reprennent leur place au sommet des activités économiques de la région, les études ne manquent pas. Et de nous en citer au moins quatre disponibles, dont l'une d'elles, exécutée par des scientifiques russes, recoupe parfaitement les préoccupations que sous-tend le plan de développement durable qu'impliqueraient, à terme, les exigences de l'activité agropastorale dans la plaine de Oued Touil, dont l'envergure atteindrait 250.000 hectares de bonnes terres dès que sera mise en oeuvre la première phase de mise en valeur. Développement durable, environnement, libération des énergies, renouement avec une croissance progressivement égale pour tous (les femmes et les hommes), Ali Benflis a sûrement compris qu'il était impératif pour l'Algérie de faire travailler tous ses enfants, hommes et femmes. Primo, pour favoriser la création et l'extension d'une culture typiquement algérienne. Deusio, pour renforcer la démocratie qui, sans la participation active et pluridimensionnelle des femmes, ne dépasserait jamais l'image d'une chimère...