Après son appel, le 8 décembre dernier, aux Algériens à se «tenir prêts» à faire face à la menace que «font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région», est venue la sévère mise en garde d'avant-hier: Toute intention «de porter atteinte à la sécurité» et à «l'intégrité et la souveraineté» du pays est illusoire, a appuyé l'éditorial de la revue El Djeïch dans son dernier numéro soulignant que le peuple algérien est «fermement convaincu» que son armée demeurera un bouclier qui protège le pays. «Le peuple algérien, dans tout le pays et à travers le monde, est pleinement conscient comme il est fermement convaincu que son armée demeurera un bouclier solide et une force de dissuasion contre toute menace», écrit la revue El Djeïch... Ainsi, ajoute la même publication, «toute intention de porter atteinte à la sécurité, à l'intégrité et à la souveraineté de notre chère patrie l'Algérie est illusoire, bien plus, un mirage». Cette mise en garde de l'état-major de l'armée intervient au moment où l'Algérie se trouve brusquement irradiée par les feux de l'actualité internationale. Des personnalités politiques, des délégations économiques et militaires se succèdent à Alger. Avant-hier, le secrétaire d'Etat américain adjoint pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, David Schenker, accompagné de hauts responsables de l'US Air Force, était à Alger pour une visite axée sur la situation au Maghreb, dans le cadre d'une tournée régionale. Cette visite intervient après celle du chef d'état-major mauritanien en attendant l'arrivée du chef des armées français qui accompagnera le Premier ministre Jean Castex. L'Algérie a une expérience dans la lutte antiterroriste, elle joue, de ce fait, un rôle central au Sahel et en Afrique du Nord. C'est ce qui explique cet intérêt que lui portent les puissances occidentales agissantes dans la région. La case d'Alger est incontrôlable dans toute démarche de reconfiguration régionale. Un réel séisme s'est produit en Afrique du Nord, notamment depuis la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental par les Etats-Unis. La normalisation des relations entre le Maroc et Israël a été un autre bouleversement dans les équilibres régionaux et une accélération de l'histoire en Afrique du Nord. Pour l'Algérie, c'est un indicateur de plus des périls, d'instabilité et des guerres qui entourent l'Algérie. Dans la foulée, le voisin de l'Ouest accentue la pression par un insupportable matraquage médiatique. Cela fait des mois que la machine à dénigrer marocaine tourne à plein régime. Discours martial et ton solennel, les réseaux sociaux sont déchaînés, les médias officiels démontés et la classe politique enragée. Dans le delirium royal, tout est bon pour casser de l'Algérien, ses institutions et son armée. Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour relever que le contenu des messages véhiculés par ces médias obéit à une ligne directrice biberonnée au Makhzen. Un jour, le général Oufkir, ministre de la Défense du roi Hassan II, s'est accroché avec Ben Barka l'un des principaux opposants socialistes au roi. On raconte que Oufkir aurait montré au leader de l'opposition une photo de Mohammed V sortant d'une mosquée à cheval, avec derrière lui, une foule se battant pour ramasser les crottins de sa monture... en lui disant: «C'est ça le Maroc! Que faut-il dire de plus...».