L'huile d'olive de Kabylie a entamé son bonhomme de chemin vers le développement depuis ces quelques dernières années. Un essor qui passe inéluctablement par l'intégration des marchés internationaux, selon les techniciens des services de l'agriculture sur le terrain pour accompagner les producteurs. Cependant, jusqu'à présent, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Pour beaucoup d'experts et connaisseurs du domaine, la culture de ce produit du terroir ne pourra pas se développer avant de trancher la lancinante question de savoir s‘il faut une production de masse destinée aux marchés internationaux ou un produit bio à commercialiser sur les rayons des produits du terroir. Selon Youcef Idris, concernant l'huile d'olive de Kabylie, les marchés internationaux sont marqués par une rude concurrence. A observer les difficultés rencontrées par les productions tunisienne et marocaine qui butent sur les mesures de quotas de l'Union européenne, l'on déduit aisément qu'il faut chercher d'autres débouchés. Le jeune émigré, qui est négociant de profession, connaît bien les rouages des marchés. Chose pour laquelle il préconise d'opter pour une culture bio basée sur le caractère traditionnel de la culture d'huile d'olive de Kabylie. Et c'est ce côté traditionnel qu'il faudra vendre, conclut-il. De son coté, Samir Gani, directeur du magazine L'Olivier réfute les thèses de la FAO qui reproche à l'huile d'olive algérienne son caractère traditionnel. Ce dernier affirme dans un entretien dans la presse que «dire que l'attachement au savoir-faire traditionnel et au goût de référence pour une huile d'olive de mauvaise qualité sont les obstacles pour l'introduction de l'innovation est, d'une part, un préjugé accusant l'Algérien d'être contre le changement et, d'autre part, ce sont des arguments qui démontrent une limite à trouver des solutions concrètes». Bien au contraire, ajoute-t-il, «il faudra poursuivre la préservation des pratiques traditionnelles à condition de respecter les normes établies par les scientifiques. Les «pratiques traditionnelles, on peut toujours les garder et même les protéger, à condition de respecter les mesures d'hygiène et assurer au consommateur un produit final sain dans les normes établies et reconnues par nos scientifiques et autres laboratoires d'analyses». Un choix qui conviendrait à l'huile d'olive de Kabylie qui continue résolument d'être cultivée par les familles dans un esprit purement traditionnel. Jusqu'à présent, tous les efforts butent sur ce caractère car en fait l'olivier, dans la région, n'est pas vu comme une source d'argent, mais comme un attachement aux ancêtres. La société, au niveau local, perçoit cet arbre plus du point de vue affectif qu'économique. Une spécificité qui rend difficile tout effort d'adapter les méthodes de récoltes et trituration aux normes appliquées dans les pays où l'olivier est seulement une source d'argent. Enfin, il est à noter que les méthodes de vente et de commercialisation sont diverses et différentes. Les produits du terroir possèdent leurs propres circuits et peuvent s'avérer plus rentables que les ventes des produits issus des cultures de masse.