Un style direct, un langage simple et concis pour résumer les soucis d'une stratégie de communication «agressive». Le n° 513 de la revue militaire El Djeïch d'avril 2006 se distingue par sa forme et son contenu à la fois. Attractive et spécialisée, la revue El Djeïch d'aujourd'hui n'a rien à voir avec ce qu'elle faisait auparavant. Volumineuse (74 pages), elle offre des lectures sur les questions militaires et stratégiques de l'heure (ex-d'article : Redéploiement des forces US. Dans quel but stratégique?) sans s'éloigner des principaux axes de travail actuels de l'ANP. Le ton emballé dans un style accessible, plutôt journalistique que militaire, une thématique intéressante et une pagination attrayante. En page 2 de la revue, d'ailleurs, on donne le ton: la revue va pénétrer le marché des médias et propose déjà des offres d'abonnement aux personnes physiques ou morales, institutions de l'Etat, organismes diplomatiques et civils. Mais le centre d'intérêt de la revue El Djeïch reste toujours ses éditoriaux. Le dernier, en lieu et place des longues rhétoriques militaires, utilise un langage simple, au style direct, et résume en deux phrases les soucis actuels de l'armée: «Prenant toute la mesure de ces mutations, et tout en assumant pleinement les missions constitutionnelles qui sont les siennes, l'ANP a ouvert plusieurs chantiers dont la finalité consiste à adapter le dispositif de défense aux exigences de l'heure, à promouvoir des mécanismes rationnels de gestion de ses ressources humaines et matérielles, à consolider son appareil de formation et à développer une politique de communication, interne et externe, en mesure de permettre au citoyen de prendre connaissance des progrès que connaît son armée, et partant, de réunir les conditions indispensables à l'émancipation d'une culture de défense dans notre pays.» Un des sujets qui fait l'actualité de l'ANP, à savoir le nouveau statut des personnels militaires, prend la plus large part du numéro d'El Djeïch; un entretien sur trois pages, permet au général Ali Ghediri, le directeur des personnels du ministère de la Défense nationale, d'aller au fond des choses. Il explique notamment que ce statut «émane d'une demande insistante des militaires qui, légitimement, n'ont de cesse d'aspirer à être régis par un statut plus en rapport avec l'évolution de l'ANP». Le général Ghediri précise aussi que «tout texte de cette portée, pour être efficient, doit pouvoir répondre non seulement aux problèmes du moment, mais aussi offrir la possibilité de se projeter dans l'avenir pour accompagner l'évolution de l'armée». Le statut devant être la balise de l'armée lorsque celle-ci parachèvera son processus de professionnalisation et de spécialisation, «il devra constituer ou représenter à la fois un outil de gestion et une matrice normative à partir de laquelle toute recommandation devant régir l'armée doit y prendre sa source». Le statut général des personnels militaires, promulgué par l'ordonnance n°06-02 du 28 février 2006 et publié en Journal Officiel est annexé en 16 pages à la revue. Hiérarchie militaire, recrutement, limites d'âge dans le grade, droits, obligations et responsabilités, rémunération , la formation, la position statutaire, l'activité, le détachement, la cessation définitive d'activité des militaires de carrière, le militaire appelé et celui de la réserve sont autant d'axes autour desquels s'articule le nouveau statut, et ce qui passait il y a encore quelques mois comme faisant partie des secrets défense, ou pour le moins, était tenu soigneusement caché des civils, est aujourd'hui exposé, publié, commenté et discuté avec le maximum de visibilité. Pour se mettre à l'abri de toute intercession, l'état-major de l'armée se dote d'un général à la tête de l'information et de la communication. Et c'est le général Metidji qui devra accompagner l'armée dans ce difficile pari de «capter» l'intérêt des civils envers l'institution militaire.