Le projet du tramway risque de poser d'inextricables problèmes. Le président de la République Abdelaziz Bouteflika effectuera sa 8e visite demain à la ville des Ponts. Elle coïncidera avec la célébration de «Yaoum El Ilm» et s'étalera jusqu'au 17 avril. La visite du premier magistrat du pays sera une opportunité de trancher une bonne fois pour toutes le tracé du projet de tramway de Constantine qui passe par la prison d'El Koudiat, actuellement siège de la Gendarmerie nationale, mais qui fut un lieu de torture pour les moudjahidine durant la guerre de Libération nationale. Ce projet, qui suscite une vive polémique, constitue pour ses opposants un véritable «crime contre l'histoire» et une atteinte à la mémoire des ancêtres. En effet, à quelques heures de l'arrivée du président de la République, la tension est montée d'un cran entre les partisans et les opposants à ce projet. Ces derniers sont représentés par des personnalités historiques qui jugent l'initiative scandaleuse. Démolir des symboles aussi importants, ne relève théoriquement que d'une décision du ministère de la Justice et du ministère de la Défense dont le chef de l'Etat est lui-même ministre et chef suprême des armées. Les partisans quant à eux, ont fait circuler une pétition très opportune en faveur de ce projet et pensent obtenir l'accord du président. Démolir la mémoire «sous prétexte d'un réaménagement de la ville de Constantine n'est qu'une énième manipulation de la mémoire des glorieux martyrs de la Révolution, tel que Mustapha Ben Boulaïd qui fut détenu dans cette prison par l'armée coloniale et qui est encore le témoin incontestable des terribles souffrances endurées par le peuple algérien», estiment les contradicteurs dudit projet. Si le président de la République, qui a été saisi pour ce projet, se prononce, lors de sa visite, les opposants espèrent que cela ne sera pas au détriment d'un symbole historique, classé patrimoine national depuis 1992. Il faut signaler que d'anciens citoyens de Constantine s'étonnent qu'aucune référence n'ait été faite au tracé de l'ancien tramway, et argumentent, non sans raison, que le tracé envisagé, pour le nouveau tramway de la vieille cité, risque de poser d'inextricables problèmes en termes de circulation et de nuisances. En plus de ce projet, il reste à envisager, outre l'inauguration officielle de l'usine de fabrication d'insuline par le chef de l'Etat, un soutien financier pour d'autres projets, car en plus du tramway, les élus comptent obtenir l'accord du président pour la réalisation d'un téléphérique, d'une ville universitaire, d'un huitième pont, un hôpital «mères-enfants». Les Constantinois qui vivent depuis le début du mois d'avril au rythme inhabituel des travaux de ravalement des façades d'immeubles aux couleurs parfois «clownesques» dans toutes les communes, dénotant déjà l'itinéraire présidentiel et d'embellissement de la ville qui s'effectuent à des heures tardives à une cadence effrénée, ont surtout besoin d'être écoutés, eux qui ont du mal à cacher leur misère et leurs problèmes dus au chômage, à l'exclusion et à la bureaucratie que les autorités cherchent à dissimuler.