C'est là un des problèmes soulevés par le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, lors de la rencontre avec son homologue français, Philippe Douste-Blazy. L'association France-Algérie a «déploré» hier, dans un communiqué diffusé à Paris, le report sine die du traité d'amitié que les deux pays riverains de la Méditerranée devaient conclure avant la fin de l'année écoulée. «France-Algérie déplore vivement l'ajournement du traité d'amitié et de coopération entre l'Algérie et la France annoncé lors de la visite de Philippe Douste-Blazy à Alger les 10 et 11 avril», est-il écrit dans le communiqué qui souligne, par ailleurs que «le devoir de mémoire est essentiel pour une refondation durable et sincère des relations franco-algériennes mais ne doit ni l'entraver ni la retarder». France-Algérie, présidée jusqu'à une date récente par l'ancien ministre des Départements et territoires d'Outre-mer, Bernard Stasi, et qui compte dans son comité d'honneur les anciens Premiers ministres de droite Alain Juppé et de gauche Lionel Jospin, demande, en outre, aux autorités françaises de «réviser les conditions d'instruction et de délivrance des visas» aux ressortissants algériens désireux de se rendre en France. C'est là un des problèmes soulevés par le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, lors de la rencontre avec son homologue français, Philippe Douste-Blazy. Cette réaction d'une association créée en 1963 et présidée, alors, par Edmond Michelet qui fut ministre de la Justice, durant la guerre de Libération nationale, puis ministre de la Culture et successeur d'André Malraux, se veut une tentative d'oeuvrer au renforcement, sinon à l'affermissement des relations entre les deux peuples et les deux Etats. Sa vocation naturelle la conduit tout naturellement à intervenir pour tenter, dans la mesure de ses moyens, d'aplanir les difficultés apparues dans les relations entre les deux Etats. Intervenant au forum de l'Entv, samedi dernier, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, avait adopté un ton mesuré pour souligner que «les relations entre Alger et Paris traversent une période plutôt favorable» et que, s'agissant du traité d'amitié, il y a encore du travail à accomplir. «Cela fait plus d'une année que nous disons que le niveau que l'on veut atteindre est un niveau qui exige l'assainissement du passé»,a encore déclaré Ahmed Ouyahia qui constate que «la loi du 23 février a montré que le fossé était très grand». C'est en mettant l'accent sur les conditions d'octroi des visas, contraignantes envers nos ressortissants alors que ceux de nos voisins marocains et tunisiens sont diligentés en quelque trente-six heures, que le chef du gouvernement a conclu que les conditions de la signature d'un traité ne sont pas pour l'instant assurées. Cela ne doit pas faire oublier que, dans l'histoire contemporaine de la France, il s'agit du second pacte à conclure avec un pays tiers, le premier étant l'Allemagne avec laquelle Paris partage également une histoire sombre et tumultueuse. La force et l'importance d'un tel traité résident dans sa dimension de sincérité et de volontarisme qui dépasse les objectifs strictement économiques pour appréhender l'ensemble des liens historiques, politiques et culturels à même de cimenter une véritable amitié entre les peuples concernés. La signature d'un traité d'amitié entre les peuples algérien et français relevait, a priori, de la gageure. Les contentieux multiples, les rancoeurs tues et manifestes, si prégnantes encore, les rendez-vous manqués, si nombreux et si frustrants, ont sans cesse accompagné les «retrouvailles» entre deux peuples que tout rapproche mais que...tout sépare en même temps. Il ne faut ni désespérer de l'avenir ni hypothéquer les prochaines échéances car, en somme, la volonté existe au niveau des deux Etats et c'est ce qui compte le plus. Pas à pas, il est encore possible, ainsi que l'a souligné Mohamed Bedjaoui lors de la conférence de presse commune avec son homologue Philippe Douste-Blazy, de travailler sans perdre patience, avec sincérité et dans l'intérêt réciproque bien compris des deux peuples qui scelleront, en connaissance de cause, un pacte purgé de toutes les souvenances néfastes dont la loi du 23 février a été un remake lamentable. Il ne faut donc pas douter un instant que les forces vives qui ont pesé de tout leur poids, dans l'Hexagone et aux Antilles, pour contribuer au déclassement de l'article 4 de la loi du 23 février peuvent aussi jouer un rôle positif dans le sens d'un assainissement sincère et pérenne des relations entre les deux peuples, notamment sur la base d'une acception du devoir de mémoire, dans toute sa dimension de vérité quant aux crimes inqualifiables de la domination coloniale dont l'inconscient algérien porte, pour longtemps encore, les séquelles les plus dommageables.