Tout en déplorant l'ajournement du traité d'amitié algéro-français, l'association France-Algérie dont le comité d'honneur compte deux anciens Chefs de gouvernement français, en l'occurrence Alain Juppé et Lionel Jospin, a demandé aux autorités françaises de “réviser” les conditions d'instruction et de délivrance des visas aux ressortissants algériens. Dans un communiqué rendu public hier, cette association, créée en 1963, au lendemain de l'Indépendance, a estimé que “le devoir de mémoire est essentiel pour une refondation durable et sincère des relations franco-algériennes, mais ne doit ni l'entraver ni la retarder”. Il faut savoir que cette organisation a des contacts au plus haut niveau de l'Etat algérien et ses responsables ont été reçus, il y a deux ans, par le président Bouteflika, et en juin dernier, par le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. L'association souligne que des difficultés subsistent entre les deux pays en vue d'aller plus loin dans leurs relations bilatérales. Elle cite en exemple le vote par le Parlement français de la loi du 23 février qui avait mentionné et glorifié le rôle positif de la colonisation française outre-mer, notamment en Afrique du Nord. Son abrogation par le président Jacques Chirac et la visite récemment du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, en vue de relancer le projet de signature d'un traité d'amitié n'ont pu assainir le contentieux existants entre les deux pays. En fait, au-delà du poids de l'histoire qui continue à peser au sein des institutions françaises dans leur perception des relations avec notre pays, il n'en reste pas moins que d'autres questions aussi importantes les unes que les autres entravent sérieusement la relance sur des bases saines de la coopération algéro-française. À commencer par le dossier des visas jusqu'au problème du Sahara Occidental, l'Algérie reproche à la France son mépris et son parti pris. En France, l'échec de Douste-Blazy dans la relance du projet du traité d'amitié est assimilé à la faillite de la politique du président Jacques Chirac à l'égard de l'Algérie. Il faudra en tout cas attendre l'issue des élections de 2007 pour voir avec exactitude l'avenir des relations bilatérales. Mais d'ores et déjà, les entreprises françaises tentent de récupérer le terrain perdu avec la concurrence que se livrent les groupes asiatiques et américains sur le marché Algérien. S. T.