En l'espace d'une semaine, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV) s'est fondée sur quatre communiqués pour dresser des avertissements et annoncer l'arrêt d'émission. Jamais l'autorité n'a été aussi agressive sur le terrain d'autant plus que dans un paysage audiovisuel composé d'une vingtaine de chaînes algériennes privées, seulement six chaînes possèdent la fameuse autorisation. C'est le cas d'Echourouk TV, Ennahar TV, El Djazairia One, Ennahar TV, El Hayet TV et El Bilad TV. Le reste des chaînes est considéré aux yeux de la loi comme illégal, voire même comme off-shore. Ainsi, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) a rendu public, jeudi dernier, un communiqué, dans lequel, elle annonce la suspension définitive de l'émission sociale «Ma wara'e el Joudrane» (Derrière les murs), diffusée par la chaîne Ennahar TV, «pour plusieurs dépassements professionnels et moraux». L'émission très controversée avait reçu plusieurs avertissements, avant d'être suspendue définitivement. La veille, l'Arav a annoncé aussi la suspension de l'émission de «Li fat mat» d'Echourouk TV pour des «dérives professionnelles et éthiques» lors du numéro traitant de l'histoire de deux filles et leur père diffusée le 6 janvier. Le mercredi, 27 janvier, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) avait adressé une sérieuse mis en garde, à certaines nouvelles chaînes télévisées diffusant desprogrammes sans l'autorisation du ministère de la Communication, rappelant le droit que se réserve la tutelle d'ester en justice tout contrevenant aux dispositions de la loi relative à l'activité audiovisuelle. L'avertissement visait, notamment les nouvelles chaînes qui n'avaient pas d'autorisation comme N1 et surtout Lina TV, qui a diffusé d'importantes émissions, dont une avait créé la polémique sur le dossier épineux de la normalisation avec Israël. Le 25 janvier, le ministère de la Communication et l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) ont cosigné un communiqué dans lequel ils menacent d'engager des poursuites judiciaires à l'encontre des chaînes de télévision privées et d'autres supports médiatiques tels que les réseaux sociaux, qui portent atteinte à la vie privée des enfants et les exploitent. Et le 14 janvier, l'Arav avait convoqué le directeur de la chaîne «El Hayat TV» suite à une plainte déposée par l'entreprise publique «Verital» concernant la diffusion d'informations mettant en doute l'intégrité des experts de l'entreprise, suite à la diffusion de l'émission «Crisis». Ainsi, l'Arav a été durant le mois de janvier, qui n'est pas terminé, très agressive envers les chaînes de télévision, notamment les plus regardées. Malgré cette activité intense de l'Arav, l'Autorité de régulation a laissé passer plusieurs dépassements: le piratage des films algériens, des films étrangers, des matchs de football ou encore la diffusion excessive de publicité alors que la loi audiovisuelle limite le temps de la diffusion des pubs. Le département de l'Arav dirigé par Mohamed Louber, reste néanmoins très discret en matière de communication. Pas de conférence de presse du président de l'Arav, (sa seule sortie médiatique était sur Canal Algérie). L'Arav, qui a déménagé il y a quelques jours dans ses nouveaux locaux du côté du Ravin de la femme sauvage, cohabite avec le ministère de la Communication. Les deux institutions chargées de l'audiovisuel, partagent la même mission de surveillance et de contrôle des dépassements et des chaînes de télévision privées et même publiques. L'Arav s'est attelée en novembre dernier à élaborer un protocole d'action avec les médias audiovisuels pour définir les normes des couvertures médiatiques des affaires d'enlèvement. La protection des enfants, de la famille et surtout de la société sont les principales missions de l'Arav, même s'il y a également les dépassements politiques et parfois même verbaux. Reste que le contenu audiovisuel algérien a besoin d'une analyse pointue, établie par des professionnels de l'image et de la sémantique et d'établir ensuite une lecture juridique. À ce niveau, l'Arav n'est pas encore armée pour une mission de surveillance plus large, puisque sur les neufs membres installés du temps de Bouteflika, il ne reste que six membres, dont quatre sont actifs sur le terrain. À cela s'ajoute le manque d'un monitoring des principaux programmes des chaînes. L'Arav au final, ne réagit qu'après polémique sur les réseaux sociaux ou plainte d'une personne attaquée dans un programme. Reste qu'au final, l'Arav demeure avec son équipe minimale, très dissuasive et tient à faire le ménage dans un paysage audiovisuel algérien très anarchique et parfois même dangereux pour la société.